Mayotte : l’île de la République oubliée avant la catastrophe
par Antoine Christian LABEL NGONGO
samedi 31 mai 2025
Depuis qu’elle est devenue un département français en 2011, Mayotte fait face à une situation alarmante sur les plans sécuritaire, sanitaire, éducatif et social. Ce territoire ultramarin, bien qu’il soit pleinement intégré à la République française, semble souffrir d’un désengagement progressif de la part des institutions nationales. Ce retrait progressif accentue fortement le sentiment d’abandon ressenti par une grande partie de la population mahoraise.
1/ Sécurité et immigration :
Mayotte est confrontée à une insécurité chronique, en grande partie alimentée par une immigration clandestine persistante en provenance des Comores. Cette immigration, souvent opérée dans des conditions extrêmement dangereuses à bord de kwassas-kwassas, entraîne régulièrement des drames humains. Malgré des annonces officielles de renforts, les forces de l’ordre demeurent en sous-effectif. La présence de bandes violentes est en hausse, provoquant notamment des attaques contre des bus scolaires. Cette insécurité a pour conséquence directe la fermeture fréquente d’établissements scolaires, mettant en péril la scolarité des enfants.
Situation sanitaire :
L’accès aux soins reste très limité sur l’île, qui ne dispose que d’un seul hôpital pour l’ensemble de sa population. Les déserts médicaux sont nombreux, les infrastructures de santé sont souvent vétustes et le manque de personnel soignant est criant. Les habitants doivent également faire face à des épidémies récurrentes, telles que la dengue ou le choléra, dans un contexte où les conditions d’hygiène sont largement dégradées.
2/ Éducation :
Le système éducatif souffre de nombreuses failles. Les classes sont surchargées, le taux d’illettrisme reste élevé et l’absentéisme scolaire est préoccupant. De plus, certains bâtiments scolaires sont dans un état d’insalubrité avancé, et le manque d’enseignants compromet gravement la qualité de l’enseignement.
3/ Économie et chômage :
Le taux de chômage dépasse les 30 %, affectant particulièrement les jeunes. L’économie mahoraise est largement dominée par le secteur informel, ce qui fragilise les bases d’un développement structuré. Par ailleurs, le coût de la vie est très élevé, tandis que le pouvoir d’achat de la population demeure particulièrement faible.
4/ Soutien institutionnel :
On observe un net ralentissement des engagements de l’État à Mayotte, ainsi qu’une diminution des visites ministérielles sur le territoire. Cette situation renforce l’idée, chez les Mahorais, d’une politique à deux vitesses, où les territoires d’outre-mer seraient traités de manière inéquitable par rapport à la métropole.
En conclusion
L’ensemble de ces constats alimente un profond sentiment d’injustice et d’abandon chez les Mahorais. Bien qu’ils soient citoyens français à part entière, beaucoup d’entre eux ont le sentiment d’être relégués au second, voire au troisième plan. Le traitement différencié de Mayotte par rapport aux standards appliqués dans l’Hexagone pose de réelles questions quant à l’unité et à l’égalité républicaines.
Il apparaît aujourd’hui urgent de reconsidérer la place de Mayotte dans la politique nationale. Cette réflexion doit s’appuyer sur les principes fondamentaux de solidarité, d’égalité et d’universalité des droits. Une réponse de l’État, claire, concrète et durable, est vivement attendue par la population mahoraise.