Le 7 octobre 2023 : l’aboutissement des magouilles terroristes de Sharon et de Netanyahou... (2/2)

par André Lafrenaie
lundi 2 juin 2025

Première partie

Introduction ; 1. Michel Drac / Ronen Bergman ; 1.1. le 7 octobre 2023 ; 2. Charles Enderlin ; 2.1. le 7 octobre 2023 ; Notes

Deuxième partie

Conclusion : a) le Hamas : pur produit d’Israël !... ; b) terrorisme israélien ; c) Israël et le Hamas : deux frères siamois !... ; d) machiavélisme israélien ; Notes

Conclusion

   Les explications de Michel Drac et de Charles Enderlin nous font comprendre que le 7 octobre 2023 est l’aboutissement ultime, la « consécration tragique », de toutes les magouilles terroristes de Sharon et de Netanyahou. Parce que ces derniers ont systématiquement et incroyablement favorisé le Hamas, cette organisation a fini par se renforcer jusqu’à pouvoir produire le 7 octobre 2023.   
   Sharon a retiré en 2005 l’armée et les colonies israéliennes de Gaza non pas pour aller vers la paix mais pour que le Hamas puisse ultérieurement prendre le contrôle de Gaza, ce qui s’est effectivement produit au détriment du Fatah de Mahmoud Abbas qui présidait l’Autorité palestinienne et qui était en faveur de négociations de paix. 
   Netanyahou, redevenu Premier ministre en 2009, a continué dans le même sens que Sharon, en renforçant encore et toujours le Hamas. Il a ainsi laissé passer des milliards de dollars de financement pour cette organisation. 
   Ce renforcement incroyable, systématique et ininterrompu du Hamas depuis 2005 ne pouvait manquer de produire tôt ou tard un événement du genre du 7 octobre 2023. 
   Le Hamas a toujours accepté cette aide secrète, et s’est de fait progressivement renforcé jusqu’à pouvoir produire ce 7 octobre.
   Il a accompagné cette attaque de massacres de civils israéliens en sachant bien qu’Israël ferait en retour des massacres de Gazaouis au centuple ou mille fois pire, ce qui susciterait à l’international une indignation totale et un soutien jamais atteint jusque-là à la cause palestinienne.
   Enderlin rappelle que le Hamas avait, pendant la guerre de Gaza de 2014, refusé à neuf reprises une proposition de cessez-le-feu de la part de Netanyahou (qui ne voulait alors absolument pas de cette guerre et qui voulait absolument que ça se calme), parce qu’il avait justement constaté que les massacres de Palestiniens à Gaza par l’armée israélienne suscitaient dans la communauté internationale une montée du soutien aux Palestiniens et des condamnations envers Israël. 
   À partir de là, Enderlin se dit convaincu que le Hamas a délibérément massacré des civils israéliens le 7 octobre 2023 afin de provoquer une colère terrible des Israéliens et une réaction des plus violentes de l’armée israélienne, résultant en des massacres massifs de Gazaouis qui ne pourraient manquer de scandaliser automatiquement l’opinion internationale et de susciter un soutien des plus élevés aux Palestiniens.   
   La droite israélienne, qui s’est toujours fichée des innombrables condamnations d’Israël par l’ONU, a de fait après le 7 octobre 2023 massacré un nombre incroyable de Palestiniens à Gaza. Avec les morts indirectes, cela peut représenter à ce jour 200 000 victimes gazaouies...

a) le Hamas : pur produit d’Israël !...

   Yasser Arafat, alors qu’il était président de l’Autorité palestinienne, avait constaté que non seulement Israël favorisait le Hamas mais qu’il avait même favorisé la création du Hamas, dans le but que cette organisation s’oppose à l’OLP (Organisation de libération de la Palestine, présidée alors par Arafat et dont le Fatah faisait et fait encore aujourd’hui partie).
   Arafat comprenait ça déjà en 2001, donc bien avant le retrait des colonies et de l’armée israéliennes de Gaza en 2005 et tout ce qui s’en est suivi : 

Celui-ci [Arafat] déclare dans une interview au Corriere della Sera, en décembre 2001, que le gouvernement israélien a favorisé la création du Hamas, par le biais de subventions budgétaires ; le même mois, dans L’Espresso, il précise que l’objectif d’Israël « était de créer une organisation hostile à l’OLP ». (10)   

   Cette idée selon laquelle le Hamas a été favorisé et même créé par Israël a en fait maintes fois été évoquée. 
   Par exemple, un article de l’Humanité du 14 décembre 2001 cité par Wikipédia, signé par Hassane Zerrouky et intitulé « Palestine Hamas, le produit du Mossad », nous informe sur ce point et sur beaucoup d’autres éléments touchés dans le présent texte :  

   […] On ne le dit pas assez, c’est bien Israël qui a, au fond, créé le Hamas, « en pensant, assure Zeev Sternell, historien, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, que c’était intelligent de jouer les islamistes contre l’OLP ».
   Quand au début des années soixante-dix, Ahmed Yassine, de retour du Caire, fonde une association islamique de bienfaisance, Golda Meir, alors premier ministre d’Israël, escompte ainsi dresser un contrepoids au Fatah d’Arafat. « Les associations islamiques et l’université recevaient tous les encouragements du gouvernement militaire » en charge de l’administration de la Cisjordanie et de Gaza, écrivait en octobre 1987, l’hebdomadaire israélien, Koteret Rashit, cité par le Monde du 18 novembre 1987, ajoutant qu’elles « étaient autorisées à faire venir de l’argent de l’étranger ». […] Koteret Rashit ajoutait : « Le gouvernement militaire était convaincu que ces activités affaibliraient l’OLP et les organisations de gauche à Gaza. » […] Et c’est ainsi, grâce au Mossad, que les islamistes ont tissé leur toile, à l’ombre d’une répression impitoyable frappant les militants du Fatah et de la gauche palestinienne.
   […] Et quand débute l’Intifada, en octobre 1987, laquelle a pris au dépourvu les islamistes, ceux-ci décident de prendre le train en marche, créant le 14 décembre 1987, sans être inquiété, le Hamas (Mouvement de la résistance islamique). […]
   Il [Yassine] est en détention quand, en septembre 1993, sont signés les accords d’Oslo. Le Hamas les rejette. […] Il va tout faire pour torpiller les accords. Il sera aidé par Israël qui applique avec beaucoup de réticence les accords de paix, et ce, du vivant même de Rabin. Le Hamas se lance alors dans une campagne d’attentats obéissant à un calendrier politique précis – veille de rencontre entre négociateurs palestiniens et israéliens ou de réunion du Conseil national palestinien qui allait décider de la reconnaissance d’Israël… – permettant ainsi à la droite israélienne de revenir au pouvoir en mai 1996.
   En 1997, contre toute attente, Netanyahu libère Cheikh Ahmed Yassine pour « raison humanitaire », au moment même où de concert avec Bill Clinton, ils exigent tous deux d’Arafat de mettre au pas le Hamas. Une libération qualifiée par Yossi Sarid, député de gauche, de « machiavélisme à la petite semaine ». En fait, Netanyahu savait qu’il pouvait compter, encore une fois, sur les islamistes pour torpiller les accords d’Oslo. Pis, après avoir expulsé Yassine vers la Jordanie, il l’autorise à retourner à Gaza où il est accueilli en héros en octobre 1997.
   Arafat est désemparé. […] En revanche, à l’issue de sa tournée dans ces mêmes pays et en Iran, entre février et avril 1998, Cheikh Yassine récolte plusieurs centaines de millions de dollars, au point que, dit-on, le budget du Hamas est supérieur à celui de l’Autorité palestinienne. […] Et là, également, Israël n’a rien fait pour interdire l’entrée de cette manne financière dans les territoires occupés.   
   Le Hamas a bâti sa force en se nourrissant des échecs successifs du processus de paix, échecs auxquels il a contribué de concert avec Israël qui a multiplié les entraves à l’application des accords d’Oslo. En poursuivant sa politique du pire, le Hamas remplit ainsi la fonction pour laquelle il a été créé : empêcher l’avènement d’un État palestinien. En cela, il est sur la même longueur d’onde qu’Ariel Sharon. (11)

   Ce texte d’Hassane Zerrouky publié par l’Humanité en 2001 nous fait comprendre que toutes les magouilles pour favoriser le Hamas utilisées par Israël dans les années 90, 2000, 2010 et jusqu’au 7 octobre 2023 étaient en fait déjà utilisées par Israël dans les années 70 et 80 !, depuis aussi loin que Golda Meir !, qui a été Première ministre d’Israël de 1969 à 1974... 
   Donc, en incluant l’association islamique de Yassine qui a précédé le Hamas (« Mouvement de résistance islamique ») et qui est à l’origine de sa création en 1987 (12), ça fait carrément un demi-siècle qu’Israël favorise le Hamas !, à savoir du début des années 70 jusqu’au 7 octobre 2023 !... 
   Sans l’aide du gouvernement israélien, qu’il soit de gauche comme avec Meir du Parti travailliste, ou de droite comme avec Sharon, Olmert ou Netanyahou du Likoud, le Hamas n’aurait jamais contrôlé Gaza ni même existé. Ainsi, un État palestinien aurait pu depuis longtemps être créé en Palestine, compte tenu que l’OLP d’Arafat était favorable depuis aussi loin que 1988 à la solution à deux États ; et jamais l’attentat du 7 octobre ne se serait produit.

b) terrorisme israélien

   L’État d’Israël a délibérément produit et incroyablement favorisé le Hamas, et il est ainsi au moins aussi terroriste que lui. Il a obtenu ce qu’il voulait, à savoir aucun État palestinien ; et il s’aligne maintenant de façon radicale sur le nettoyage ethnique de la bande de Gaza et de la Cisjordanie.
   Le monde entier voit aujourd’hui le carnage inhumain causé par Israël à Gaza ; tout comme il constate que les colons juifs en Cisjordanie occupée sont carrément des terroristes assistés de l’armée israélienne, qui volent les terres et les maisons des Palestiniens tout en commettant de violents pogroms contre eux, de façon à les faire fuir tout comme dans les expulsions de la Nakba de 1948.   
   Les attentats du Hamas dans les années 90 qui nuisaient aux négociations de paix après les accords d’Oslo ont permis à Netanyahou de prendre le pouvoir en 1996. Après son retour au pouvoir en 2009, il a poursuivi la politique de Sharon en continuant encore et toujours à renforcer le Hamas terroriste. Aujourd’hui, il prend prétexte de l’attentat du 7 octobre 2023 du Hamas pour procéder à Gaza à une nouvelle Nakba ou même à un génocide des Gazaouis...

c) Israël et le Hamas : deux frères siamois !...

   Un demi-siècle de collusion indirecte illicite a fait qu'Israël et le Hamas sont devenus comme deux frères siamois, chacun comprenant ou devinant parfaitement la réaction de l'autre à tel ou tel événement. 
   Ainsi, le Hamas savait que Netanyahou réagirait à l'attentat du 7 octobre 2023 en massacrant à une échelle industrielle les Palestiniens de Gaza, et c'est exactement ce qu'il souhaitait. C'est précisément dans ce but qu'il avait massacré des civils israéliens le 7 octobre : pour provoquer une riposte israélienne complètement disproportionnée qui scandaliserait à l'extrême l'opinion publique internationale et qui susciterait des condamnations d'Israël et un appui inégalé jusque-là aux Palestiniens. 
   Ainsi, au sujet des Gazaouis massacrés après cet attentat du 7 octobre 2023, Enderlin expliquait à Blast, quelques semaines à peine après le début de ces massacres (interview diffusée le 3 novembre 2023) : « C’est terrible. Cela correspond d’ailleurs probablement à ce que cherchait le Hamas : avoir un grand nombre de victimes civiles gazaouies. Jamais le Hamas n’a tenu compte de sa population civile, jamais, jamais, dans aucun combat. (13) » ; « […] le Hamas a eu la réaction qu’il attendait d’Israël. (14) » ; « […] je ne sais plus quel dirigeant du Hamas hier encore a annoncé qu’ils étaient prêts à répéter les massacres du 7 octobre quels qu’ils soient. (15) »

d) machiavélisme israélien

   Wikipédia et Wikipedia confirment totalement les explications d’Enderlin selon lesquelles Netanyahou a dans le passé délibérément favorisé le Hamas au détriment du Fatah et de l’Autorité palestinienne, dans le but d’empêcher la création d’un État palestinien. 
   On peut citer par exemple l’article « Attaque du Hamas contre Israël d’octobre 2023 » :

   Yahya Sinwar – libéré en 2011 dans le cadre de l’échange de prisonniers avec Gilad Shalit (47) – annonce alors qu’il renonce à la lutte violente (48), et aurait fait parvenir un billet à Benyamin Netanyahou où il aurait écrit en hébreu « Risque calculé » (49). Celui-ci table dès lors sur une stratégie de favorisation du Hamas, non-légitime aux yeux de la communauté internationale, afin d’accentuer les divisions entre le Hamas et Fatah, et empêcher ainsi la création d’un État palestinien ; le gouvernement israélien qu’il mène reconnaît de facto la souveraineté du Hamas sur Gaza, permet aux aides qataries de lui parvenir, et accorde 20 000 permis de travail aux habitants de Gaza (50).
   Les affrontements ultérieurs entre Israël et le Hamas – dont la crise israélo-palestinienne de 2021 […] –, ne modifient pas fondamentalement cette conception, et les représailles israéliennes visent à affaiblir le Hamas plutôt qu’à l’éliminer. (16) 

   L’article « Hamas » de Wikipedia (anglais) est tout aussi catégorique :

   Benjamin Netanyahu avait été le Premier ministre d’Israël pendant la majeure partie des deux décennies précédant la guerre de Gaza [celle qui est en cours depuis le 7 octobre 2023] et a été critiqué pour avoir défendu une politique de renforcement du Hamas à Gaza. (474) (475) (476) (477) Cette politique faisait partie d’une stratégie visant à saboter une solution à deux États en confinant l’Autorité palestinienne à la Cisjordanie et en l’affaiblissant, et à démontrer au public israélien et aux gouvernements occidentaux qu’Israël n’a pas de partenaire pour la paix. (478) (479) (17) ;

Dans un accord controversé, le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu a soutenu les paiements du Qatar au Hamas pendant de nombreuses années, dans l’espoir que cela tranformerait le Hamas en un contrepoids efficace à l’Autorité palestinienne et empêcherait la création d’un État palestinien. (488) (483) (18).

   D’autre part, au sujet de l’évacuation des colonies et de l’armée israéliennes de Gaza, stratégie proposée par Sharon en 2003, adoptée par la Knesset (Parlement israélien) en 2004 et mise en œuvre en 2005, l’article « Israeli disengagement from the Gaza Strip » indique clairement, tout comme l’a expliqué Enderlin, que l’objectif de Sharon n’était pas d’aller vers la paix, mais tout au contraire de ne pas aller vers la paix et la création d’un État palestinien : 

Bernard Avishai [professeur adjoint à l’Université hébraïque de Jérusalem, professeur invité au Darmouth College (New Hampshire, États-Unis), et auteur d’ouvrages sur Israël] affirme que le retrait de Gaza visait à empêcher plutôt qu’à faciliter les négociations de paix : Sharon envisageait simultanément d’annexer Jérusalem, la vallée du Jourdain et les principales colonies comme Ma’ale Adumim et Ariel qu’il avait entre-temps développées, et ainsi d’isoler les Palestiniens de Cisjordanie sur un territoire représentant moins de la moitié de ce qui existait au-delà de la Ligne verte. (21) (19) ;

   L’historien israélien Avi Shlaim […] affirme que le retrait visait à saper les accords d’Oslo en gelant le processus politique et en retardant indéfiniment les discussions sur un État palestinien. […] Shlaim écrit que, bien que Sharon ait déclaré que cette décision contribuait à la paix, il s’agissait d’une décision unilatérale qui servait principalement les intérêts nationaux d’Israël et ne préfigurait pas de nouveaux retraits ni de véritables efforts de paix. (13) (20) ;

   En octobre 2004, le conseiller principal du Premier ministre Ariel Sharon, Dov Weissglass, a expliqué plus en détail la signification de la déclaration de Sharon :

   L’importance du plan de désengagement réside dans le gel du processus de paix. Or, ce gel empêche la création d’un État palestinien et empêche toute discussion sur les réfugiés, les frontières et Jérusalem. De fait, tout ce projet d’État palestinien, avec tout ce qu’il implique, a été définitivement retiré de notre ordre du jour. Et tout cela avec autorité et permission. Avec la bénédiction présidentielle et la ratification des deux chambres du Congrès. C’est exactement ce qui s’est passé. Vous savez, le terme « processus de paix » est un ensemble de concepts et d’engagements. Le processus de paix, c’est la création d’un État palestinien, avec tous les risques sécuritaires que cela comporte. Le processus de paix, c’est l’évacuation des colonies, c’est le retour des réfugiés, c’est la partition de Jérusalem. Et tout cela est désormais gelé… Ce que j’ai convenu avec les Américains, c’est qu’une partie des colonies ne serait pas traitée du tout, et le reste ne le sera pas tant que les Palestiniens ne seront pas devenus des Finlandais. Voilà l’importance de ce que nous avons fait. (23) (21).

   Ces explications de Weissglass ont évidemment « renforcé la position des critiques du plan, selon laquelle Sharon cherche intentionnellement à saboter le processus de paix. (133) (22)  » 
   Les deux principales raisons données par le gouvernement israélien de Sharon pour le désengagement de Gaza étaient « le coût insoutenable des combats persistants et intenses avec le Hamas et d’autres organisations militantes palestiniennes ; et les préoccupations démographiques liées à l’écart entre le taux de natalité israélien et le taux de natalité palestinien, ce dernier étant largement supérieur au premier (23)  ».
   En ce qui concerne la seconde raison :

Sharon a évoqué la justification démographique dans un discours public le 15 août 2005, jour du désengagement, comme suit : « […] Nous ne pouvons pas conserver Gaza indéfiniment. Plus d’un million de Palestiniens y vivent et leur nombre double à chaque génération. » (28) (29) Au même moment, Shimon Peres, alors vice-Premier ministre, déclarait dans une interview : « Nous nous désengageons de Gaza pour des raisons démographiques. » (29) (24) 

   Le Likoud ou la droite israélienne était majoritairement contre le désengagement. Netanyahou s’affichait contre, allant jusqu’à démissionner comme ministre du gouvernement de Sharon.
   Le problème qui se posait au fond aux tenants radicaux du Grand Israël était que c’était impossible d’envisager un jour l’annexion de Gaza, car la population palestinienne gazaouie était si nombreuse et se multipliait si rapidement que cela porterait carrément atteinte au caractère juif de l’État d’Israël.
   Or, on constate aujourd’hui que Netanyahou semble fort vouloir « régler » ce problème en utilisant la même « solution finale » qu’en 1948 : produire une Nakba à partir de massacres...
   Compte tenu qu’Israël ne s’est pas seulement désengagé de Gaza mais qu’il a aussi totalement donné le contrôle de ce territoire au Hamas terroriste, et qu’il a aussi, qu’il s’agisse de Sharon, d’Olmert ou de Netanyahou, toujours systématiquement et sans interruption oeuvré à renforcer cette organisation, on peut se demander si ce que fait aujourd’hui Netanyahou n’était pas déjà, dès le début des années 2000, l’objectif ultime de Sharon dans le désengagement de Gaza et le renforcement systématique du Hamas. Est-ce qu’il envisageait ou planifiait déjà alors que le Hamas, à force d’être constamment favorisé, finirait sûrement un jour par être assez puissant pour produire un événement du genre du 7 octobre 2023, ce qui permettrait alors à Israël de riposter par des massacres de Gazaouis et des expulsions comme dans la Nakba de 1948 ?
   En tout cas, depuis le 7 octobre 2023, Netanyahou a très largement détruit Gaza ; il a massacré un nombre inimaginable de Gazaouis pouvant représenter à ce jour 200 000 victimes avec les morts indirectes, majoritairement des femmes et des enfants ; il a déplacé à répétition l'ensemble de la population ; il a provoqué une famine ; il a très largement anéanti le système de santé ; etc., dans le but évident de produire une nouvelle Nakba à Gaza...

André Lafrenaie
2 juin 2025

Notes

10.  « Yasser Arafat », Wikipédia, fr.wikipedia.org, section « Biographie », sous-section « De 1994 à 2001, le retour en Palestine », sous-sous-section « Relation avec le Hamas ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Yasser_Arafat

11. Hassane Zerrouky, « Palestine Hamas, le produit du Mossad », l’Humanité (Saint-Denis, France), www.humanite.fr, 14 décembre 2001.
https://www.humanite.fr/monde/-/palestine-hamas-le-produit-du-mossad
   Cet article est cité par Wikipédia :
« Hamas », Wikipédia, fr.wikipedia.org, note 94 : « Hamas, le produit du Mossad [archive], L’Humanité, 14 décembre 2001. ». 
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hamas

12.  Voici plus de détails sur l’association islamique qui est à l’origine du Hamas : 

   Le mouvement Hamas a été fondé par l’érudit musulman palestinien Ahmed Yassine en 1987, après le déclenchement de la première Intifada contre l’occupation israélienne. Il est né de son association caritative islamique Mujama al-Islamiya de 1973, affiliée aux Frères musulmans. (28) 

« Hamas », trad. par Google, Wikipedia, en.wikipedia.org, début de l’article, note 28 : « Higgins, Andrew (24 January 2009). "How Israel Helped to Spawn Hamas" [« Comment Israël a contribué à engendrer le Hamas »]. The Wall Street Journal. […]. [l’extrait suivant de cet article, trad. par Google, fait partie de cette note 28 :]

Lorsqu’Israël a rencontré pour la première fois les islamistes à Gaza dans les années 1970 et 1980, "ils semblaient concentrés sur l’étude du Coran, et non sur la confrontation avec Israël. Le gouvernement israélien a officiellement reconnu un précurseur du Hamas, Mujama Al-Islamiya, en enregistrant le groupe comme organisation caritative. Il a permis aux membres de Mujama de créer une université islamique et de construire des mosquées, des clubs et des écoles. Fait crucial, Israël est souvent resté à l’écart lorsque les islamistes et leurs rivaux palestiniens laïcs de gauche se sont affrontés, parfois violemment, pour exercer une influence à Gaza et en Cisjordanie. [Cette phrase a été soulignée par moi.] […].".  

https://en.wikipedia.org/wiki/Hamas
   Notons que cet article du Wall Street Journal du 24 janvier 2009 confirme nombre d’éléments de l’article de l’Humanité du 14 décembre 2001 cité à la note 11.
   La citation qui suit décrit on ne peut mieux le favoritisme envers ce Centre islamique de Yassine et la répression de la gauche palestinienne laïque par Israël, et du même coup la coopération de Yassine avec les autorités israéliennes d’occupation :

   En 1973, sous la direction d’Ahmed Yassine, est créé le al-Mujamma al islam (Centre islamique), qui se consacre à l’islamisation de la société palestinienne. […]
   La création du Centre islamique est approuvée par l’administration militaire israélienne afin d’affaiblir la gauche palestinienne laïque (90). Ahmed Yassine défend alors une ligne de coopération avec les autorités d’occupation (91) tandis que l’opposition aux islamistes dans les territoires palestiniens est réprimée par les autorités israéliennes. Le chef spirituel du mouvement, Ahmed Yassine, était le favori des gouverneurs militaires qui, régulièrement, venaient lui rendre visite (92). Certains officiers israéliens critiquent le soutien de leur hiérarchie au mouvement islamiste mais ils ne sont pas écoutés (93). 

« Hamas », Wikipédia, section « Histoire », sous-section « Années 1970-1980 », note 90 : «  Guillaume Deleurence, « Comment Israël a joué les apprentis sorciers avec le Hamas », sur Politis, 9 octobre 2023. », note 91 : « L’isolement des vétérans de l’islamisme palestinien », Le Monde, 14 août 2022 […] », note 92 : « Quand Israël favorisait le Hamas, par Charles Enderlin », Le Monde.fr, 3 février 2006. », note 93 : « Dominique Vidal, « De l’irrésistible ascension du Hamas », sur Le Monde diplomatique, 1er janvier 2010 […] ». 
   Après avoir ainsi favorisé cette association islamique de Yassine et des Frères musulmans qui a créé le Hamas en 1987, le gouvernement israélien a carrément favorisé le Hamas lui-même : 

Dans les années 1980, ils [les Frères musulmans] sont apparus comme un facteur politique puissant, défiant l’influence de l’OLP, dont ils avaient joué un rôle essentiel dans la création de la faction Fatah. (66) En décembre 1987, les Frères musulmans ont adopté une ligne plus nationaliste et activiste sous le nom de Hamas. (67) Le Hamas a d’abord été discrètement soutenu par Israël comme contrepoids à l’OLP laïque. (68) [Cette phrase a été soulignée par moi.]

« Hamas », trad. par Google, Wikipedia, section « History », note 66 : « Filiu 2012, p. 55. » [section « References », sous-section « Sources », sous-sous-section « Books » : « Filiu, Jean-Pierre (Spring 2012). "The Origins of Hamas : Militant Legacy or Israeli Tool ?". Journal of Palestine Studies. 41 (3) : 54-70. […]. »], note 67 : « Filiu 2012, p. 66. », note 68 : « Khalidi, Raschid (2020). The Hundred Years War on Palestine. Metropolitan Books. p. 223. […]. ».
   Donc, Israël a clairement favorisé l’association islamique de Yassine dès sa création en 1973. Puis, lorsque cette association a créé le Hamas en 1987, Israël a clairement continué son favoritisme envers cette nouvelle organisation.
   Voici une description plus précise de ce favoritisme envers le Hamas, et du même coup de la répression israélienne contre la gauche palestinienne laïque, en l’occurrence le Fatah, jusqu’au retrait de Gaza en 2005 :

De 1994 à 2004
……………………………………………………………………………...
   Selon Anthony Cordesman, analyste au Center for Strategic and International Studies à Washington et ex-conseiller à la sécurité nationale du sénateur John McCain, « Israël a aidé directement le Hamas car les israéliens voulaient l’utiliser comme un contre-pouvoir au Fatah (110) ». Israël a assassiné des leaders du Fatah, forçant la direction de ce mouvement de déplacer sa direction à Beyrouth au Liban, et les a ensuite chassés en Tunisie, laissant ainsi le champ libre au Hamas. La CIA a participé à cet effort, lequel correspondait à sa large approche de soutien et d’armement de groupes fondamentalistes islamiques pour combattre l’Union soviétique en Afghanistan et ailleurs dans le monde, et dans ce cas pour miner le Fatah (111). 

« Hamas », Wikipédia, section « Histoire », sous-section « De 1994 à 2004 », note 110 : « http://www.upi.com/Business_News/Security-Industry/2002/06/18/Analysis-Hamas-history-tied-to-Israel/UPI-82721024445587 United Press International Analysis : Hamas history tied to Israel  », note 111 : « Robert Dreyfuss, Devil’s Game, Henry Holt and Company, New York, 2005, p. 207-213. ».
   On comprend donc aisément que le désengagement de Gaza en 2005 n’était qu’une étape de plus – mais une étape « gigantesque » ! – pour renforcer encore et toujours le Hamas.
   Le simple fait que Sharon ait effectué un retrait « unilatéral » de Gaza, c’est-à-dire sans aucune concertation avec l’Autorité palestinienne, montre parfaitement qu’il voulait que ce retrait ne profite qu’au Hamas ; et c’est exactement ce qui est arrivé : le Hamas a par la suite pris le contrôle total de la bande de Gaza.
   Netanyahou a ensuite pris la « relève » de Sharon (et d’Olmert), continuant systématiquement à renforcer le Hamas jusqu’au... 7 octobre 2023 !

13. Blast, Netanyahou a favorisé le Hamas […], 45:22 à 45:39.

14.  Ibid., 48:41 à 48:43. 

15. Ibid., 46:21 à 46:29. 

16. « Attaque du Hamas contre Israël […] », Wikipédia, section « Contexte », sous-section « Récapitulatif du conflit israélo-gazaoui », note 47 : « Dov Lieber, « We saved the life of Hamas’s Gaza leader, says Israel’s ex-prison chief, dismissing strikers’ complaints », sur The Times of Israel, 11 mai 2017 […]. », note 48 : « Francesca Borri, « Palestina, il leader di Hamas Sinwar : “Non voglio più guerre” » [« Palestine, Sinwar, chef du Hamas : "Je ne veux plus de guerres" »], La Repubblica, 4 octobre 2018 […]. », note 49 : « Shelly Yachimovich, « […] » [« “Risque calculé” : la note en hébreu que Sinwar a écrite à Netanyahou, lors des négociations pour un arrangement »], Ynet, 14 avril 2022 […] », note 50 : « Nétanyahou a-t-il dit que « transférer de l’argent au Hamas » était la bonne stratégie pour « contrecarrer la création d’un État palestinien » ? », Libération, 11 octobre 2023. 

17.  « Hamas », trad. par Google, Wikipedia, section « Foreign relations », sous-section « Israeli policy towards Hamas », note 474 : « "For years, Netanyahu propped up Hamas. Now it’s blown up in our faces.". The Times of Israel. 8 October 2023. […]. », note 475 : « "Israel’s Big New Shift in Hamas Policy". Foreign Policy. 15 June 2021. […]. », note 476 : « "Benjamin Netanyahu failed Israel". Vox. 9 October 2023. […]. », note 477 : « "How Benjamin Netanyahu empowered Hamas… and broke Israel". The Telegraph. 16 October 2023. […]. », note 478 : « "How Netanyahu’s Hamas policy came back to haunt him – and Israel". CBS News. 28 October 2023. […]. », note 479 : « The Jerusalem Post, 12 March 2019 "Netanyahu : Money to Hamas Part of Strategy to Keep Palestinians Divided : ʹNow that we are supervising, we know it’s going to humanitarian causes," the source said, paraphrasing Netanyahu" ». 

18. Ibid., section « Foreign relations », sous-section « Qatar and Turkey », note 488 : « Elbagir, Nima ; Arvanitidis, Barbara ; Platt, Alex ; Razek, Raja ; Ebrahim, Nadeen (11 December 2023). "Qatar sent millions to Gaza for years – with Israel’s backing. Here’s what we know about the controversial deal". CNN. […]. », note 483 : « Koelbl, Susanne (2 November 2023). "NATO Partner and Hamas Host". Der Spiegel. […]. ».

19. « Israeli disengagement from the Gaza Strip », trad. par Google, Wikipedia, en.wikipedia.org, section « Rationale and development of the policy », note 21 : « Bernard Avishai, "Ariel Sharon’s Dark Greatness", The New Yorker January 13, 2014 ».
https://en.wikipedia.org/wiki/Israeli_disengagement_from_the_Gaza_Strip

20.  Ibid., section « Background », note 13 : «  Shlaim, Avi (April 16, 2024). Deluge : Gaza and Israel from Crisis to Cataclysm. OR Books, LLC. pp. Chapter 1. […]. » 

21.  Ibid., section « Rationale and development of the policy », note 23 : « Ari Shavit (2004). "Top PM aide : Gaza plan aims to freeze the peace process". Haaretz. ».

22. Ibid., section « Reception », sous-section « Public opinion », sous-sous-section « Israeli opinions », note 133 : « "W3ar.com". W3ar.com. […]. ». 

23. Ibid., début de l’article.

24.  Ibid., section « Rationale and development of the policy », note 28 : « August 15, 2005, Sharon’s speech on Gaza pullout », note 29 : « Cook 2006, p. 104. » [section « Bibliography » : « Cook, Jonathan (2006). Blood and Religion : The Unmasking of the Jewish and Democratic State. Pluto Press. […]. »].

 


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