Macron bafoue la démocratie. Avec la complicité de Mélenchon

par Fergus
mercredi 28 août 2024

Mélenchon et Macron (Archives AFP)

Les choses sont désormais claires pour Lucie Castets : Macron, plus que jamais dans le déni du vote des Français, lui a clairement et définitivement fermé la porte de Matignon. Et c’est Jean-Luc Mélenchon – la surprise n’est totale que pour les porteurs d’œillères – qui a fourni au chef de l’état l’arme fatale...

Dans les pays voisins du nôtre (tous des démocraties parlementaires), le rôle du chef de l’état est d’en appeler au parti ou à la coalition arrivé(e) en tête lors des élections législatives pour former un gouvernement. Y compris lorsque le camp gagnant ne dispose pas de la majorité des élus à l’assemblée (ce qui, en Italie, a été le cas de Georgia Meloni dont le parti est arrivé en tête avec 24 % des suffrages). Ce n’est qu’en cas d’échec à trouver des alliés que le chef de l’état peut se tourner vers un autre parti ou une autre coalition afin de lui confier la responsabilité de former un gouvernement alternatif.

Rien de tel en France : Macron, plus jupitérien que jamais dans sa conception, ô combien personnelle, du pouvoir, estime abusivement que son statut de président de la Ve République le place au-dessus de ces règles démocratiques pourtant conformes à la morale politique élémentaire. Dès lors, il balaie sans vergogne les pratiques en vigueur partout ailleurs dans l’Union Européenne pour tordre le cou à l’esprit de la Constitution en vue de se donner une chance de disposer d’un gouvernement conforme à ses attentes, et cela au mépris du résultat des législatives anticipées qu’il a lui-même provoquées.

Macron bafoue la démocratie, c’est une évidence. Au vu des résultats du scrutin législatif des 30 juin et 7 juillet, il lui appartenait, sans tergiverser, de nommer au poste de Premier ministre la personnalité désignée par la force politique arrivée en tête : le Nouveau Front Populaire. À charge pour Castets de former une équipe gouvernementale capable d’affronter ses opposants et de conduire les affaires de la nation au mieux des intérêts du peuple français. Ce n’est que dans le cas d’une motion de censure renversant ce gouvernement que le président aurait pu prétendre reprendre la main.

Sans surprise, Macron a résolument fermé la porte lundi après-midi à une nomination de Castets à Matignon, soutenu en cela par l’ensemble des caciques du centre, de la droite et de l’extrême-droite, tous ligués par un pacte tacite de rejet d’une gouvernance du NFP. Divine surprise pour eux, l’argument fatal leur a été fourni par Mélenchon lui-même. Certes, le gourou de LFI a fait mine de faire une concession en proposant qu’il n’y ait pas d’Insoumis dans le gouvernement Castets, mais pour aussitôt asséner que celui-ci n’en conduirait pas moins le projet du NFP sans que celui-ci puisse être amendé.

C’était évidemment inacceptable pour les adversaires du NFP dans la conjoncture actuelle. D’où leur rejet unanime qui a permis à Macron d’écarter définitivement la candidature de Castets à Matignon. Tout cela sur la base de propos mensongers et manipulateurs de Mélenchon. Car Castets avait, à plusieurs reprises, bel et bien admis dans différents médias que sur la base des 28 % du NFP aux législatives il lui serait impossible de gouverner sans recherche de compromis, ce qui ouvrait la porte à des alliances de circonstance sur différents textes de loi.

Mélenchon – qui en réalité n’a qu’un objectif : sa candidature à la présidentielle de 2027 – ne l’a pas entendu de cette oreille. Une nouvelle fois, il a joué la partie solo en prenant de court ses alliés (en réalité des supplétifs qu’il domine de sa condescendance). Et c’est ainsi que Mélenchon a aidé Macron à torpiller Castets !


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