Mettre la charrue avant les bœufs
par C’est Nabum
jeudi 5 juin 2025
Faire salle comble ou combler le vide ?
Qui de l'œuf et la poule doit débuter pour que les cochons soient bien gardés ? La quadrature du Cercle s'impose à nous surtout lorsqu'il est question de Basket en Orléans, d'autant que l'équipe éponyme s'est construite sur les cendres des clubs périphériques pour satisfaire l'ego d'un édile prompt à rester plus de trois secondes dans la raquette.
Le désir de confondre son plaisir personnel, son penchant pour un sport au demeurant fort agréable et la rigueur budgétaire qu'impose une crise économique majeure sont semble-t-il incompatibles avec une bonne gestion des finances publiques. Mettre par trop souvent la main au panier pour satisfaire à cette passion, n'est pas en la matière Politique sage et parcimonieuse.
Ajoutons à cela le gigantisme d'une salle construite pour accompagner la progression de l'enfant chéri des sports orléanais et nous tombons dans le piège habituel que la sagesse populaire met en évidence avec l'expression : « Mettre la charrue avant les bœufs ! ». L'Aréna : salle de 10 000 places pour une agglomération de moins de 300 000 contribuables, taillables et corvéables à merci est un écrin au-dessus de nos moyens.
D'une part parce qu'en confiant sa gestion à un organisme privé selon les codes d'un dogmatisme libéral de bon aloi, l'exploitation de l'équipement est toujours déficitaire pour la ville et que d'autre part, il convient de forcer le trait pour remplir une jauge totalement disproportionnée. Les moyens classiques sont connus ; ils passent par une communication décalée : le taux de remplissage en guise de succès, avant la victoire sur le parquet, et par des stratégies de distribution des places à gogo.
La main au panier est en marche sans pour autant que le score en soit validé, puisqu’en dépit d'une saison prometteuse selon les critères décalés de nos responsables : le taux de remplissage étant le principal élément de communication, la réussite sportive ne fut pas au rendez-vous. Les lois du sport et de la propagande ne sont pas toujours en adéquation.
J'espère que l'année prochaine, pour cesser de jeter l'argent par les fenêtres, il faudra commencer par construire une équipe pour espérer une victoire finale avant de se préoccuper de leurrer le public avec la folie supposée d'un public conditionné pour venir en masse. C'est le schéma inverse qui fonctionne en réalité. Le public ne devrait répondre au rendez-vous que si et seulement si le spectacle est présent sur le terrain et non dans la salle.
Hélas, affirmer pareille évidence c'est immédiatement se ranger sur le banc de touche de cette communauté humaine qui doit se comporter comme les moutons de Panurge sans jamais émettre la moindre remarque au chef du troupeau, peu enclin à la contradiction. Je prends le risque de le courroucer sur un sujet plus que sensible, puisque véritablement épidermique chez lui. Je devine que de tels propos vont l'énerver, comme l'exaspère le fiasco sportif de sa très chère équipe.
Toutes les autres associations culturelles et sportives vont certainement apprécier le résultat final d'autant qu'elles ont dû faire de gros sacrifices pour un tel fiasco. L'enjeu ne valait pas la chandelle puisque le sport professionnel ne sera jamais de nature à élever le peuple mais simplement à le distraire à la manière des jeux du cirque.
Il y a là un véritable choix de société qui écrase toutes les autres conceptions du bien public. Payer des joueurs pour anesthésier la population et construire totalement artificiellement une référence sportive pour se ranger dans la cohorte des grandes cités, créer une vitrine illusoire qui surnage dans un désert culturel est également une finalité assumée. La salle se spécialisant également dans les spectacles de haut vol, ceux-là même qui font en sorte de ne jamais solliciter la réflexion et l'intelligence d'un public définitivement conquis par les jeux du Cirque. « Ave Sergius, morituri te salutant ! »