L’Immortelle Polonaise : quand Miguel Najdorf sacrifie tout pour la beauté du jeu

par Franck ABED
jeudi 12 juin 2025

 

 

Parmi les joyaux de l’histoire des échecs, certaines parties traversent les décennies en raison de leur audace, de leur élégance, ou simplement de leur puissance évocatrice. La fameuse Immortelle Polonaise, disputée à Varsovie en 1930, en fait indiscutablement partie.

Une partie de légende

Opposant Miguel Najdorf (aux Noirs) à un joueur souvent identifié comme Glücksberg (ou Gliksberg selon certaines sources), cette partie est entrée dans la légende pour une raison simple : Najdorf y sacrifie ses quatre pièces mineures – deux cavaliers et deux fous – dans une attaque d’une intensité rare, jusqu’à forcer l’abandon de son adversaire.

La partie débute par une défense hollandaise, variante Stonewall. Après quelques coups d’ouverture équilibrés, les Blancs se montrent trop ambitieux et lancent une attaque prématurée sur l’aile-roi. Najdorf, au lieu de reculer ou de défendre passivement, décide de contre-attaquer avec panache. Ce choix donne lieu à une suite de sacrifices spectaculaires :

Le génie du jeu offensif

Cette partie est souvent citée aux côtés de la célèbre Partie Immortelle d’Adolf Anderssen (1851), en raison de son style flamboyant et de la prise de risque maximale de Najdorf. Mais ici, la dimension stratégique est encore plus aboutie : chaque pièce abandonnée sert un objectif précis, chaque sacrifice ouvre une nouvelle brèche dans la défense blanche.

L’attaque des Noirs est menée avec une précision implacable, transformant une position complexe en une machine de guerre. Les Blancs, totalement submergés, n’ont d’autre choix que de capituler.

Un chef-d’œuvre au-delà du résultat

Plus qu’une victoire, l’Immortelle Polonaise est un hommage à la beauté du jeu d’échecs. Elle rappelle que les plus grandes parties ne sont pas toujours les plus techniques ou les plus équilibrées. Ce sont souvent celles où le joueur ose. Celles où l’esprit du jeu dépasse le simple calcul.

Miguel Najdorf, bien avant de devenir une légende des échecs argentins, inscrivait ainsi son nom dans la grande galerie des artistes du jeu d’échecs. Par cette partie inoubliable, il nous laisse un modèle de courage intellectuel, de finesse tactique, et de génie créatif.

 

 


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