Maigre-matinée

par C’est Nabum
jeudi 30 mai 2024

 

À l'envers des autres.

 

Alors que nombre d'entre vous se prélassent dans cette fameuse grasse-matinée qui explique que sur la grande toile nous n'avons droit qu'aux clichés de coucher du soleil, lors de vos escapades estivales, je suis sur le pont depuis que l'astre solaire m'a tiré de dessous ma couette. Adepte de la maigre matinée, j'aimerais vous secouer un peu afin que vous profitiez vous aussi de la magnificence des petits matins au bord de l'eau.

Comment vous le faire comprendre pour que vous daignez vous secouer un peu afin de m'accompagner à ce spectacle à nul autre pareil que chantent ceux qui ont la plume matinale :

 

Elle n'est jamais si belle

Qu'en notre soleil levant

Lorsque la brume l'éveille

Aux petits matins naissants

 

Autrefois, ces instants délicieux se rapportaient à des activités qui relevaient elles aussi des labeurs matutinaux. Il y avait l'heure du laitier ou bien du livreur de journaux tandis que les éboueurs circulaient dans des rues qui se réveillaient progressivement. Le boulanger était à son four depuis bien longtemps déjà tandis qu'il était possible de venir frapper à sa porte pour être servi avant l'ouverture de la boutique.

Le café du coin vous tendait son bar pour ce qui pouvait encore être appelé « un petit noir » que certains entendaient métisser en lui adjoignant du calva ou bien du rhum. Se lever tôt était alors une pratique commune tandis que mon père mettait en branle la cardeuse sur la place du village sans déclencher les foudres d'une justice qui s'en prend désormais au chant du coq.

On prétend encore que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. À voir le peu de monde sur le pont à l'heure des matines, il est à douter des temps futurs. Se coucher tard est devenu la règle, le mode de vie d'une population qui a suivi sottement le report toujours plus tardif des émissions TV de la première partie de soirée. Il est vrai que les publicités réclament la part du lion pour vous anesthésier avec des sornettes.

Le petit matin est un moment unique qui vous fait toucher du doigt et du cœur combien vous seriez en symbiose avec la nature si vous daigniez abandonner couettes et « cossardise » pour vous mettre en harmonie avec la nature qui elle n'a pas réclamé le passage à l'heure d'été pour se détourner des petits matins naissants.

Il est vrai qu'il convient de faire tourner l'économie. Les terrasses des cafés aiment prolonger les fins de journées en repoussant toujours plus loin le coucher du soleil. Celui-ci doit se plier à votre désir de loisir tandis que les éleveurs n'ont qu'à se faire une raison : ils ne vivent pas au même rythme que tous ces urbains si peu patelins…

C'est ainsi que l'on peut justement en conclure que ceux qui se lèvent fort tôt, qui pratiquent la maigre-matinée sont sans doute les exclus de la galette. Ils constituent majoritairement la vaste cohorte des petits salaires, des métiers délaissés ou bien dénigrés tandis que les dormeurs du petit matin sont les bénéficiaires égoïstes de leur labeur. On peut sans contexte affirmer que le matin : « Qui dort, radine ! ».

Secouez-vous un peu les puces, coupez vos écrans (après avoir lu cette chronique) et allez vous promener au chant des oiseaux tandis que la brume se détache de la rivière. Vous en serez comblés.

 

Au lever du soleil

Arnaud Jonquet


 

Pas un seul nuage, pas même un léger voile
Ne ternissait les cieux d’un bleu profond et pur ;
Nous méditions, assis, sous la voûte d’azur
En guettant les lueurs qui précèdent l’étoile.

L’air, empli du ramage des oiseaux dans les bois,
Berçait les frondaisons d’une brise encore fraîche ;
Soudain les rayons d’or, fusant comme des flèches,
Scintillent à travers les feuillages qui flamboient.

Puis l’astre dans le ciel, majestueux, s’élève,
Dominant l’univers tel un roi tout puissant,
Chassant de son diadème aux feux éblouissants
Les ombres de la nuit, ses doutes et ses rêves.

Accueillant l’offrande des souverains rayons,
Nos âmes inondées par la béatitude,
Et nos cœurs débordants d’infinie gratitude
S’absorbent en une céleste communion.

Puis il nous vient alors cette impression profonde,
Bercés par la nature en son cadre harmonieux,
Que nous sommes ici, sous l’œil même de Dieu,
A notre vraie place, tout au centre du monde.

 


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