MySpace, mes potes, mon identité
par Francis Pisani
vendredi 14 avril 2006
MySpace fascine et fait peur à la fois. Très prisé par les adolescents américains, c’est le second site le plus visité du monde (après Yahoo, avant Google et MSN), un rêve pour les milieux d’affaire. Il doit son succès à la liberté avec laquelle les jeunes s’expriment ; et c’est ça qui fait peur ? A d’autres.
C’est un peu comme SkyBlog, en très différent, et en beaucoup plus grand... si j’ose dire.
Les jeunes Américains tendent à s’identifier très tôt avec MySpace. Fixé au départ à 18 ans, l’âge limite est passé à 16 ans, puis à 14.
La technologie n’a rien d’exceptionnel. C’est ce qu’on en fait qui est différent, et la liberté avec laquelle on peut s’en servir qui attire.
La première chose que fait une adolescente en arrivant sur MySpace, c’est de créer un "profil" dont elle se sert pour faire part à la communauté de ses goûts, de ses envies, des musiciens qu’elle adore, des livres qu’elle a lus, des autres usagers de MySpace qu’elle connaît (avec des liens renvoyant à leurs pages). Clips, vidéos, musique et photos rendent le tout sympa, ou cool pour être plus précis.
"Les profils sont des corps digitaux (numériques), des étalages publics d’identité," écrit Danah Boyd (danah.org), anthropologue et doctorante à l’Université de Berkeley, qui se spécialise dans la recherche sur les communautés de jeunes on-line.
"Une des questions les plus importantes pour les adolescents est de projeter une image cool", m’a-t-elle expliqué par téléphone. "MySpace leur permet de mettre en mots leur propre identité grâce à ces pages incroyables et, ce faisant, ça leur donne l’opportunité de se mettre en images et d’obtenir des réactions." Ils se dessinent virtuellement par petites touches, et ajustent, en fonction des réactions de leurs copains.
Il en résulte le plus souvent une atmosphère spéciale, qu’on ne peut sentir qu’en visitant les pages en question, avec leurs collages, sur fond le plus souvent sombre, de photos, clips, vidéos, images et textes pas toujours faciles à lire. ¨Ça ressemble à une chambre d’ado", suggère Danah Boyd, une forme plus traditionnelle de production (ou de recherche) d’identité.
A suivre ?