Coline Serreau, la belle verte

par L’équipe AgoraVox
mercredi 7 avril 2010

« Je voulais que ça soit un film très pédagogique, mais où l’on ne s’embête pas ; un film plein d’humour qui donne envie de changer. L’idée était de ne pas faire un film culpabilisant ni dépressif, mais de dresser un constat. On met des vrais mots sur les situations à propos desquelles on nous ment en permanence. Mais on dit aussi qu’à travers le monde des tas de gens ont la même philosophie de vie : ils réparent et ils font ».

Solutions locales pour désordre global sort aujourd’hui, mercredi 7 avril, sur les écrans. Ce documentaire de Coline Serreau, que nous interviewons ci-dessous, est un film qui carbure à l’enthousiasme et à l’optimiste.
 
Il existe aujourd’hui à travers le monde une grande conscience sociale écologique. Il ne s’agit pas d’un mouvement organisé, mais d’initiatives morcelées. Des solutions locales qui ne demandent qu’à croître et à multiplier.

Solutions locales pour désordre global oppose deux constats antagonistes : notre planète est épuisée, mais rien n’est irrémédiable. Seuls, nous, citoyens possédons les clés et le pouvoir, un pouvoir horizontal, pour que nous vivions mieux.

L’agriculture moderne épuise la terre. Et les hommes. Surtout les femmes, d’ailleurs. Et ce n’est pas une boutade. Intensive, guerrière et masculine, elle laboure, viole, ravage la planète. Du Nord au Sud
 
En Inde, quand les paysans ne se suicident pas (il s’agit du plus haut taux de suicides d’agriculteurs dans le monde), ils s’entassent dans les bidonvilles, en périphérie des grandes villes ou encore se louent sur les propres terres qu’ils ont vendues pour rembourser leurs dettes.
 
Autre exemple : l’Île de France. Dans cette agglomération de 12 millions d’habitants, il n’y a plus que 150 maraîchers quand on en comptait 350 il n’y pas si longtemps. On perd entre 30 et 35 000 exploitations par an en France. Comment ferons-nous quand nous aurons besoin de l’agriculture pour subvenir à nos besoins ?


Le pétrole va finir par manquer. La France dépend des camions et des avions qui chaque jour alimentent Rungis. Nous disposons de 3 ou 4 jours d’autonomie. Les politiques ont-ils réfléchi à des solutions  ?

Il s’agit de se retrousser les manches pour mettre en place un modèle de développement qui respecte l’homme et son environnement. La cinéaste a tourné, caméra sur l’épaule, en France, au Maroc, au Brésil, en Inde, en Ukraine. Durée du tournage : un an. Durée du montage : deux ans. 170 heures de rush. De quoi faire 6 films d’une heure et demi chacun.
 
Elle donne la parole à ceux qui agissent  : des représentants du Mouvement des sans terre, le créateur d’une Amap en région parisienne, un agriculteur ukrainien qui cultive bio depuis 30 ans, le fondateur de l’association Kokopelli qui conserve des semences et les distribue partout dans le monde, des chercheurs (voir leur liste complète ci-dessous, après la vidéo). Leurs propos, toujours passionnants, ouvrent la porte des possibles.
 
Coline Serreau les a laissés s’exprimer. Leurs idées, leurs initiatives, pour l’heure parcellaires, se développent. Leur point commun ? Ils ont compris qu’on ne changerait pas la société si l’on ne changeait pas aussi la façon dont nous nous nourrissons. Utopique ?
Liste des principaux intervenants apparaissant dans Solutions locales pour désordre global ( à noter que les interviews de tous les intervenants, y compris ceux qui ne figurent pas dans le montage final, sont rassemblés dans le livre éponyme de Coline Serreau à paraître le 19 avril chez Actes Sud) :

. Vandana Shiva, physicienne et épistémologue, diplômée en philosophie des sciences
. Pierre Rabhi, écrivain et paysan
. Lydia Bourguignon, maitre ès sciences agroalimentaire et Claude Bourguignon, ingénieur agronome (INAPG) et docteur ès sciences microbiologie
. Devinder Sharma, ingénieur agronome, analyste des politiques alimentaires et commerciales, journaliste et écrivain
. Philippe Desbrosses, agriculteur, docteur ès sciences de l’Environnement à Paris VII, directeur du Centre Pilote de la Ferme de Sainte-Marthe et président d’Intelligence Verte (association pour la promotion de la biodiversité)
. Dominique Guillet, président fondateur de Kokopelli, association qui milite pour la sauvegarde de la biodiversité des semences
. Serge Latouche, diplômé en sciences politiques, philosophie et sciences économiques. Il est professeur émérite d’économie à l’Université Paris-Sud 11 (Orsay) et à la faculté de droit, économie et gestion Jean Monnet (Sceaux) de l’Université Paris-Sud 11, considéré comme le spécialiste des rapports économiques et culturels Nord-Sud et de l’épistémologie des sciences sociales
. Joao Pedro Stedile, économiste et activiste social brésilien. Il est membre de la coordination nationale du Mouvement des Sans-Terre (MST), dont il est également l’un des fondateurs
. Ana Primavesi, ingénieur agronome, docteur, professeur en gestion des sols de l’université de Santa Maria (Etat de Rio Grande do Sul)
. Antoniets Semen Sviridonovitch, ancien directeur d’un kholkoze en Ukraine, qui déjà du temps de l’URSS, est passé au bio et a banni les engrais et pesticides chimiques de ses champs.
 
 
Photo : Iannis Pledel
 
Interview réalisée en partenariat avec StreetPress
http://www.streetpress.com/
 
 

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