Tapie et Sarkozy, les copains d’abord

par Babar
jeudi 23 avril 2009

Bernard Tapie et Nicolas Sarkozy se connaissent depuis 1983. C’est grâce à cette longue amitié qu’une fois arrivé au pouvoir le président de la république a permis à l’homme d’affaires de gagner l’interminable procès qui l’opposait au Crédit Lyonnais. Cette histoire, les journalistes Denis Demonpion et Laurent Léger la racontent en détail dans leur livre, « Tapie-Sarkozy, les clés du scandale » (Pygmalion éditeur).

Quelle différence y a-t-il entre 390 millions d’euros et 11 euros ? Aucune. C’est la même somme. La première est allée dans la poche de Bernard Tapie. Pour l’atteindre il suffit de multiplier la seconde par autant de foyers fiscaux français. Pensez-y lorsque vous déclarerez bientôt vos impôts. Pensez aussi que cette somme n’aurait jamais été dépensée si Nicolas Sarkozy n’était pas président de la république.

C’est la thèse centrale de « Tapie-Sarkozy, les clés du scandale », remarquable ouvrage que viennent de publier les journalistes Denis Demonpion (Le Point) et Laurent Léger (actuellement journaliste indépendant, ex de Bakchich.info). Ce dernier est aujourd’hui l’invité des Rendez-vous de l’Agora.

390 millions…Cette somme conclue l’interminable démêlé judiciaire qui a opposé pendant 13 ans Bernard Tapie au Crédit Lyonnais ou plutôt au Consortium De Réalisation (l’organisme chargé de récupérer les dettes de la banque), suite aux "soucis" de l’homme d’affaires, alors spécialiste du rachat d’entreprises en difficultés (Adidas, en l’occurence).

Jusqu’en 2004, cette partie était loin d’être gagnée pour l’homme d’affaires, le showman, le patron sportif et l’ancien ministre mitterrandien de la ville, l’homme politique qui n’a jamais roulé que pour lui sous les couleurs d’un opportunisme politique très français, entre radicalisme de gauche et de droite. C’est aussi une des révélations de ce livre. Aucun ministre n’est prêt à lui venir en aide. Pour les socialistes il est génant. Pour les autres…aussi.

Et puis Nicolas Sarkozy devient ministre des finances et l’affaire se débloque. Comme par enchantement.

Bernard Tapie a beau jurer ses grands dieux qu’il ne connaît pas personnellement l’actuel président de la république, Denis Demonpion et Laurent Léger démontrent, force preuves à l’appui, que ce n’est pas le cas. Il y a plus de 25 ans que Tapie et Sarkozy se connaissent, se fréquentent. C’est Jacques Séguéla, décidément ami précieux pour le président de la république, qui les a présentés l’un à l’autre. Ils partagent les mêmes intérêts et les mêmes amis, de Michel Charasse à Patrick Balkany, de Bouygues père et fils à Bernard Kouchner en passant par Borloo.

A ceux qui doutent qu’il existe en France des journalistes d’investigation digne de ce nom, il suffit de conseiller la lecture de cette enquête roborative et tirée au cordeau. Le portrait de Sarkozy y apparaît d’avantage en filigrane que celui de Tapie, plus central. Mais il dessine aussi un appareil, des réseaux parallèles aujourd’hui au sommet de l’état et dont les têtes sont Claude Guéant, Stéphane Richard, Patrick Ouart et surtout François Pérol.

Quand un homme arrivé aux affaires aide un homme d’affaires, cela ne s’appelle plus de l’amitié, mais des intérêts bien compris. Tout cela est parfaitement décrypté et analysé dans ce livre qui commence le 7 juillet 2008, ou plutôt les 4 et 5 juin devant un tribunal arbitral spécialement taillé sur mesure pour Tapie, et n’est sans doute pas terminé. Depuis, en dehors de François Bayrou et de Charles-Amédée de Courson (seul membre de la commission parlementaire au fait du dossier), politiques et médias ne se sont guère insurgés à propos de cette razzia sur l’argent public. Pire, Tapie s’est même payé le luxe (il peut, maintenant) de se moquer d’eux ouvertement au théâtre, en fin d’année, où le service public lui a déroulé un tapis rouge.

Dernière précision : sur les 390 millions accordés à Bernad Tapie, Denis Demonpion et Laurent Léger précisent dans leur livre que, après contributions sociales et remboursements divers, « 120 millions lui resteront acquis, somme dont la moitié n’est même pas imposable puisqu’elle provient de l’indemnisation d’un préjudice moral, non soumis à taxation ».

Laurent Léger, co-auteur avec Denis Demonpion de Tapie-Sarkozy, les clés du scandale, est l’invité des RDV de l’Agora.


Olivier Bailly : La thèse centrale du livre c’est que, contrairement a ce que prétend Bernard Tapie, son amitié avec Nicolas Sarkozy est ancienne.
Laurent Léger : C’est une longue histoire. Ils se sont connus lors d’un repas grâce à Jacques Séguéla en 1983. Ce dernier voulait présenter à Tapie le nouveau maire de Neuilly. A l’époque Tapie est un homme d’affaires très connu qui passe tout le temps à la télévision, qui s’est déjà lancé dans le rachat d’entreprises tout azimut.
 
Il représente la France entrepreneuriale qui avance, qui bouge, il a la tchatche, la frime, il est bling-bling avant l’heure.
 
Séguéla lui présente donc le tout jeune maire de Neuilly. Nicolas Sarkozy à l’époque n’est pas connu, il a 28 ans et il a réussi un coup de force en arrachant Neuilly à Charles Pasqua qui normalement aurait dû se présenter et emporter la mairie à la mort d’Achille Peretti.

Donc c’est un repas un peu spécial puisqu’il s’agit d’un homme d’affaires très célèbre qui rencontre un jeune élu que personne ne connaît. Mais à partir de ce moment-là, leur relation démarre et ne va pas s’arrêter.

OB : Pourquoi Tapie explique-t-il qu’il n’est pas lié à Nicolas Sarkozy ?

LL : Parce qu’il veut se dédouaner du soupçon qui pèse sur le dénouement de son affaire. Cette affaire, rappelons-le, c’est quinze ans de procédures contre le Crédit Lyonnais et le Consortium De Réalisation (CDR) qui représente aujourd’hui les intérêts du Crédit Lyonnais banque publique.
 
Ces quinze ans de procédures vont se régler grâce à l’intervention de Nicolas Sarkozy. C’est indéniable, c’est ce qu’on révèle, c’est ce qu’on montre dans le livre. Pour se dédouaner de ce soupçon l’un et l’autre prennent bien soin de ne jamais apparaître sur des photos, de ne jamais être vus ensemble.
 
 
Tapie publiquement explique qu’il n’est pas spécialement ami de Nicolas Sarkozy ni de ses conseillers. Or, en privé il dit le contraire. On a des témoins dans le livre qui racontent que lorsque Sarkozy arrive au pouvoir Tapie se frotte les mains. Il téléphone à ses copains et leur dit « mon affaire est finie ». Il sait très bien ce qui va se passer.
 
Notre enquête montre que Nicolas Sarkozy est le seul dans un gouvernement ou à la tête de l’état qui a prêté une oreille attentive aux demandes de Bernard Tapie. Tous les autres gouvernements ont toujours refusé de régler l’affaire au mieux pour Tapie. Seul Sarkozy a accepté. On voulait savoir pourquoi, comment, dans quelles conditions.

Depuis qu’il est sorti de prison, en 1997, Tapie passe son temps à vouloir essayer de régler cette affaire auprès des ministres successifs des finances. Donc il va tous les voir, au gré des différents gouvernements.

OB : Et un jour il rencontre Thierry Breton

LL : Avant, il y a Nicolas Sarkozy. Juste avant son arrivée aux finances, il trouve des oreilles qui restent indifférentes à ses demandes ou qui lui prêtent un peu d’attention, mais, comme c’est le cas de Fabius, ça ne va pas très loin. Fabius n’était pas contre le fait d’aider Tapie, mais il savait très bien que Jospin, premier ministre à l’époque, refuserait absolument de lui venir en aide.
 
Le premier ministre à approuver l’idée d’aider Bernard Tapie c’est donc Nicolas Sarkozy en 2004, quand il est à Bercy. A ce moment-là son cabinet exige que l’affaire Tapie soit réglée en accédant tout simplement à sa demande, c’est-à-dire sortir son dossier de la justice - celle qui règle tous les conflits, ceux des citoyens lambda - pour le donner à une justice privée.
 
Parce que là il savait qu’il pouvait tirer son épingle du jeu. Cette mesure très particulière, le seul à la lui accorder sera Nicolas Sarkozy, en 2004. Finalement ça ne se fait pas parce que déjà à cette époque Tapie est trop gourmand, il demande trop d’argent. La transaction va capoter. Thierry Breton va essayer de continuer dans cette voie-là.

OB : Thierry Breton liquide tout de même le CDR, ce qui va faciliter les choses pour Tapie

LL : Il liquide le CDR, mais de toute façon cette liquidation est prévue pour 2014. Toutes les affaires du Crédit Lyonnais arrivent petit à petit à leur terme. Il n’y a que celle de Tapie qui dure exceptionnellement longtemps parce qu’avec tous les recours, toutes les procédures, la justice prend du temps.
 
Mais la justice a le temps ! C’est Tapie qui n’en a pas. Il considère qu’il doit devenir riche aujourd’hui et non pas dans dix ans. L’état va donc accéder à la volonté du citoyen Tapie. Ce qui finalement va coûter 11 euros à chaque foyer fiscal.

OB : Pourquoi faut-il accéder à cette volonté ?

LL : Parce que cela arrange Nicolas Sarkozy. La popularité de Tapie l’arrange. Sa personnalité fascine Nicolas Sarkozy. Le poids politique de Tapie arrange le président de la république. Quand la réforme des institutions est sur le point de ne pas être voté par le congrès (Assemblée et Sénat), pendant l’été 2008, qui va faire en sorte que cette réforme soit adoptée ? Jack Lang et les radicaux de gauche. Ces derniers sont les copains de Tapie. Il les a « vendus » à Nicolas Sarkozy. Dans les prochaines années, au fur et à mesure que des réformes auront du mal à être adoptées, on verra que le rôle des radicaux de gauche sera un rôle d’appoint qui viendra au secours de Nicolas Sarkozy. Et à chaque fois leurs dirigeants seront récompensés. Bernard Tapie, lui, a déjà été récompensé. C’est un ancien responsable des radicaux de gauche, c’est sa famille politique. Jean-Michel Baylet va être récompensé, Jean-François Hory a été récompensé…
 
Ils le seront tous. Donc Bernard Tapie est le lien essentiel avec les radicaux. Il y a aussi ce parcours un peu similaire de Tapie et de Sarkozy. Ils aiment la provocation, le rebrousse-poil, ils aiment frimer, la tchatche, la transgression, tout ce côté qui s’affirme en dépit des convenances et des règles. Nicolas Sarkozy est complètement fasciné par le personnage de Bernard Tapie. Et on peut le comprendre. C’est une personnalité unique, il a été ministre, il est aujourd’hui comédien, il a été chanteur, il a été détenu, chef d’entreprise… Il a plusieurs vies et à chaque fois il a rebondi.

OB : En prison il rencontre l’homme d’affaires André Guelfi, dit Dédé la Sardine. Quel rôle joue-t-il ?
LL : On ne peut pas dire que Guelfi a joué un rôle dans le dénouement du Crédit Lyonnais… En fait, Bernard Tapie a des réseaux qui se mélangent avec d’autres réseaux, très étranges, ceux d’André Guelfi, ceux de Nicolas Sarkozy aussi.

OB : Comme Hortefeux…
LL : Voilà. Il y a des réseaux communs depuis vingt, vingt-cinq ans : les mitterrandiens (Charasse) qui se mêlent aux sarkozystes. Des réseaux qui se fréquentent et qui sont un peu « trans-partis ». Leurs intérêts sont communs. Tapie est presqu’un personnage des Hauts-de-Seine. Dès 83 il installe des sièges de sociétés à Neuilly puis à Levallois, la commune du meilleur copain de Sarkozy, Patrick Balkany. Il est très proche de la famille Bouygues qui va construire énormément dans les Hauts-de-Seine, qui va privatiser TF1 et donner un peu du capital de cette société à Tapie, alors que Nicolas Sarkozy lui-même est l’avocat de Bouygues…Donc tout ça forme des réseaux indissociables.


OB : Est-ce qu’à terme Tapie pourrait devenir un allié encombrant pour Sarkozy ?
LL : Tapie peut tout à fait être un allié encombrant le jour où il décide de ne plus soutenir Nicolas Sarkozy. Ou bien le jour où, par malheur, une nouvelle affaire éclaterait. Mais pour le moment Nicolas Sarkozy n’a que du profit à retirer de cette relation. Il en a déjà profiter politiquement et médiatiquement personne ne lui a vraiment reproché d’avoir donné un immense coup de pouce à Bernard Tapie.
 
La commission des finances qui s’est penchée sur cette affaire en automne dernier n’a soulevé aucun lièvre. Des gens lui ont menti en audition, elle n’a pas cherché à vérifier derrière. Il n’y a pas eu de commission d’enquête. La ministre de l’économie et des finances a raconté n’importe quoi devant la commission. Elle a prétendu que c’est elle qui avait décidé de donner cette affaire en arbitrage, c’est-à-dire ce qu’attendait Tapie, alors que dans notre livre, un des conseillers de Sarkozy affirme le contraire.
 
Cette commission ça a été du bluff, du vent et finalement, médiatiquement, personne n’est venue contrarier la décision de Nicolas Sarkozy.

OB : Il est vrai qu’en dehors de Charles de Courson et de François Bayrou, peu d’hommes politiques ont exprimé leur désaccord
LL : On a juste entendu des politiques de l’UMP défendre Sarkozy et Bercy. Dans l’opposition on n’a entendu personne. Les socialistes sont très gênés à cause de leur ancienne relation avec Bernard Tapie. Là encore on révèle des choses puisqu’aujourd’hui encore dans l’imaginaire des gens Tapie est un homme de gauche, c’est un ancien ministre de Mitterrand donc proche du PS. C’est faux.
 
Avant d’être lancé par Mitterrand il a cherché à être lancé par le RPR. Il va voir Jacques Toubon, alors secrétaire général du parti gaulliste, pour obtenir une circonscription à Marseille. Le RPR dira non, donc cela ne se fera pas, mais Tapie draguait le RPR, Pasqua… Il a dragué beaucoup de gens à droite avant finalement d’être lancé par Mitterrand.

OB : C’est d’abord un opportuniste, non ?
LL : C’est un opportuniste total, mais il a commencé à droite. Son discours sur l’entreprise était vraiment libéral. C’est pour ça qu’il était copain avec tous les libéraux de l’époque comme Madelin, Philippe Vasseur…Cela dit les partis ne l’intéressent pas, ce sont les hommes qui l’intéressent. En cela il se rapproche de Sarkozy qui lui-même a toujours été fasciné par les mitterrandiens. On voit bien que l’ouverture aujourd’hui se fait dans cet esprit-là. Faire entrer dans son gouvernement des gens comme Kouchner ou utiliser des conseillers comme Attali cela montre qu’au-delà des partis il veut essayer de s’attacher les hommes plutôt que les dogmes des bureaux politiques. Et Tapie c’était déjà ça à l’époque de Mitterrand.

OB : Dans cette affaire du Crédit Lyonnais les politiques ont été marginalisés. C’est la grande victoire des conseillers du prince : Guéant, Ouart, Stéphane Richard et surtout Pérol, des hommes de l’ombre.

LL : C’est complètement ça. La représentation politique n’a pas du tout été consulté. On règle une affaire d’état, puisqu’il s’agissait d’une banque publique dont les pertes ont été abyssales, en la confiant à trois juges qu’on choisit soi-même, des juges privés qui vont régler leur affaire à huis-clos et qui rendent une sentence que l’état ne va même pas appliquer.
 
Cette affaire a été rendue effectivement entre une poignée de personnes, à l’Elysée, et effectivement les députés, les français, n’ont pas été consultés sur ce dossier qui va, je le répète, coûter 11 euros par foyer fiscal.
 
Quand l’opposition a exprimé son opposition à l’issue de l’affaire, l’état n’en a pas tenu compte puisqu’il a refusé de faire appel de la décision, de faire des recours devant la juridiction adéquate. Cette affaire c’est du jamais vu.
 
 
Et je trouve incroyable qu’il y a ait eu si peu de réactions dans la classe politique, dans la presse et qu’il ait fallu que nous sortions notre livre pour que les gens s’y intéressent. Près de 400 millions d’euros, c’est une fortune.
 
Je ne veux pas faire de démagogie, mais il faut quand même rappeler que les français se serrent tous un peu la ceinture, c’est difficile et il y en a un, pour avoir charmé le prince, qui a réussi à obtenir un chèque de 400 millions d’euros. Certes, il ne va pas tout garder, il va en rendre une partie à l’état, sous forme d’impôts, de cotisations sociales, mais dans sa poche il va garder au moins 100 millions. 

OB : Bernard Tapie en a-t-il complètement fini avec la justice ?

LL : Il lui reste une procédure pour banqueroute qui doit être examinée cet automne.

OB : Politiquement vous expliquez qu’il a tiré un trait sur sa carrière, sinon sa femme divorce !

LL : Oui, il préfère garder sa femme que de retourner en politique. Mais avec Tapie on ne sait jamais. Il pourrait jouer un rôle de conseiller occulte. C’est peut-être ce qu’il fait déjà avec Sarkozy puisqu’il va le voir très souvent…

OB : Par des portes dérobées
...
LL : ...par des portes dérobées, régulièrement, parce qu’effectivement il ne faut pas qu’on voit Tapie à l’Elysée. Un journaliste de Bakchich l’a vu un jour dans un couloir, à l’Elysée. Peu après ce journaliste l’a appelé et Tapie lui a rétorqué « non, vous avez rêvé, je n’y étais pas ». Il a osé lui répondre ça. Mais cela montre qu’il ne fallait pas qu’on voit Tapie à l’Elysée parce que se réglait discrètement, en douce, toute son affaire du Crédit Lyonnais.

OB : Est-ce une illustration de la république des copains et des coquins ?

LL : C’est la république des copains. On peut le dire. On est dans une époque ou le copinage politique fonctionne à plein. C’est le prince qui distribue les postes, les privilèges, qui permet aux uns et aux autres de se tirer d’affaires, juste par sa volonté et parce qu’il a été fasciné. Tapie a su séduire, fasciner Nicolas Sarkozy suffisamment pour obtenir ce qu’il voulait.

OB : Tapie et Sarkozy n’ont pas voulu répondre à vos questions. Mais ce ne sont pas les seuls.

LL : Oui. Beaucoup de gens ont eu peur. On a cité le témoignage de Jean Veil, qui était l’avocat du Crédit Lyonnais pendant treize ans, personnage connu à Paris, fils de Simone Veil, un avocat de premier plan. Son témoignage n’apportait rien sur le fond de l’affaire elle-même, sur le déroulement de la procédure Tapie contre le Lyonnais, mais il indiquait que le climat était lourd, pesant, malsain, mauvais. Cela montre comment cette affaire s’est déroulée puisqu’il nous dit, et il nous autorise à le reproduire, qu’il a peur de Bernard Tapie. C’est du jamais-vu qu’un avocat de cette envergure se permette une telle appréciation d’un homme public tel que Bernard Tapie.

OB : Pensez-vous que Bernard Tapie fricote avec des réseaux à la limite de la criminalité ?

LL : Tapie connaît énormément de gens, mais c’est difficile d’aller plus loin. On révèle dans le livre qu’en 1996-97, quand il est vraiment dans la panade, il y a une société américaine, US Bridge, dont il n’a jamais rencontré le patron à l’époque, qui lui signe un contrat pour qu’il reçoive un salaire mensuel de 12000 dollars. Société dont les autorités américaines démontrent qu’elle n’est pas loin de la mafia new yorkaise. Hasard ? On l’ignore. On ne sait pas comment Tapie est arrivé jusqu’à elle. C’est un mystère. Mais c’est vrai que Tapie a un entregent phénoménal.

OB : A-t-il u votre livre ?
LL : Oui. Il l’a épluché avec son avocat.

OB : Pas de nouvelles ?
LL : Pour le moment, non.
 

Crédit image :
nationspresse.info

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