Pierre Lescure chante le rock

par L’équipe AgoraVox
mercredi 30 juin 2010

Bien avant de swinguer, les Français ont su écrire. Dans les années 60, à l’heure où la Grande-Bretagne découvre le blues et invente la pop music, où les Américains éblouissent le monde avec Dylan, les Doors, Hendrix, Grateful Dead, les Français, eux, écoutent les yé-yés...
 
Pourtant les Français, qui aiment discuter, prennent le rock au sérieux. Depuis longtemps c’est un vrai sujet de conversation et de débat dans les gazettes. Rock n’folk naît en 1966, Actuel en 1968 et, la même année, l’animateur Michel Lancelot fédère la jeunesse autour de son émission Campus (Europe 1) où, de retour des Etats-Unis, il parle de contre-culture sur fond de rock.
 
Après arriveront Best et les Inrocks et Libé ouvrira ses colonnes au rock tandis qu’en 1981 - dix après Pop2 - il aura de nouveau sa place à la télévision avec Les Enfants du rock, émission créée par Pierre Lescure que nous avons rencontré pour Les RDV de l’Agora.
 
Journaliste à Rmc et Rtl dans les années 60 (il nous livre d’ailleurs ici un beau souvenir à propos des Beatles), puis sur Europe 1, bercé par la musique dès son enfance grâce à une famille qui ne cultive pas l’esprit de chapelle, Pierre Lescure baigne dans la musique depuis son enfance. Il n’a jamais cessé d’en parler avec passion. Aujourd’hui Il préface Rock critics (498 pages, éditions Don Quichotte), livre (présenté par Denis Roulleau) qui retrace l’épopée des critiques rocks français des années 60 à l’aube des années 2000.
 
Rock critics est une anthologie jubilatoire de textes parus dans la presse pendant cette période où le rock français, du moins jusqu’aux années 70, jouent les figurants. Symboliquement, la déchéance de Gainsbarre narrée par Nick Kent clôt le volume...
 
Never mind. On lira avec plaisir (et l’ampli à fond) d’inoubliables interviews de Mick Jagger par Bruno Blum, de Brian Wilson (Beach boys) par Michka Assayas, on décryptera la grammaire d’AC/DC grâce à Arnaud Viviant et l’on se promènera en compagnie de Serge Kaganski dans un Asbury park fantôme, sur les traces de Bruce Springsteen. On retournera à San Franciso avec le regretté Jean-Pierre Lentin, sur les traces du Grateful dead et l’on côtoiera Jimi Hendrix avec Alain Dister (autre grand pionnier disparu).
 
Par définition, une anthologie est lacunaire. On ne trouve rien ici sur Pink Floyd, les Doors, Dylan, Led Zep, mais Michael Jackson, Zappa, Hendrix ou les Stones (avec des articles de Paringaux et de Garnier) doublonnent. 
 
On lit les articles des dispensables Bayon ou Thierry Ardisson, mais rien de Yves Adrien, Marjorie Alessandrini, Jacky Berroyer, François Ducray, Hervé Muller...ni de Philippe Manoeuvre ! Les absents ont toujours tort ? 
 
On peut lire ce livre sans être un spécialiste du rock. On en sort comme d’un grand concert. Avec enthousiasme. Avec la patate ! Et surtout avec éblouissement car bien souvent la qualité littéraire est au rendez-vous. Les auteurs de ces textes, grands reporters du rock n’roll circus, nous transmettent leur passion. Ils nous emmènent backstage, en coulisse, et ne se contentent pas d’en rester aux apparences.
 
Les RDV de l’Agora avec Pierre Lescure
 
En quoi la critique rock française diffère-t-elle de la critique rock anglo-saxonne ? Pourquoi Philippe Manoeuvre est-il absent de ce recueil (et pourquoi Thierry Ardisson y est présent) ?

Pierre Lescure se souvient de ses rencontres avec Phil Spector, les Beatles et Mick Jagger... 
Texte et interview : Olivier Bailly - Vidéo et photos : Iannis Pledel

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