« Emploi indigne, dans des conditions misérables »
Dans les secteurs primaires et secondaires, le travail est très souvent de galère, très souvent peu payé.
Mais les concepts de misère et surtout d’indignité sont très complexes à cerner.
Pour dire cette complexité, mais de manière très courte tant j’ai souvent l’impression qu’en faisant long je fais peur à beaucoup, je soulignerais seulement qu’il suffit qu’un écrivain raconte ou expose le travail d’un galérien pour que, s’il tombe dessus, ce travailleur se sente au firmament de la dignité et qu’il ne ressente donc plus -s’il la ressentait- sa misère.
Emploi indigne, conditions misérables, est-ce que le pêcheur cubain solitaire ressent cela ?
Eventuellement.
Mais le jour où il découvre « Le vieil homme et la mer » il se sent anobli par la reconnaissance, par le regard de l’écrivain (pour peu qu’il ait conscience de l’impact du livre).
Et là, Gabriel vient d’offrir aux galériens -quoique d’une autre époque- quelque chose de comparable mais en formule forumique.
Le regard d’un écrivain, d’un photographe sur notre condition, surtout si elle est difficile, le regard d’une infirmière sur nos blessures, c’est très proche du regard maternel, du regard de dieu.