Dans cette brève nouvelle, ce n’est pas flagrant, mais dans d’autres, telle La chute de la maison d’Usher, Poe me possède toujours par une très belle ruse.
Il commence à me parler de lui, genre « Je rendais à visite à mon ami, la la itou.. »
Peinard, confiant, je suis pas à pas l’honnête homme qui me guide.
Et à cet observateur, il n’arrive pas grand chose d’extraordinaire. Il ne joue pas le Tartarin, il n’affabule pas. Il ne fait qu’observer. Alors je continue de le suivre en confiance d’autant que je ne suis pas au contact direct de la chose, lui étant devant moi, je ne risque rien.
Mais il pourrait alors délirer.
Nnnonnnn, pas ça !
Aucune chance.
Il se montre toujours lucide. Il observe toute chose avec une grande méticulosité, d’une manière scientifique.
Il pose thèse, puis antithèse, « Ah ban c’est p’tet ça. ... Et puis non puisque....Donc c’est autre chose...Attends mon coco, je vais vérifier...Et de l’autre côté c’est comment... » .
Il vérifie tout. Il contrôle toutes les illusions d’optique. Il ne se laisse influencer par rien. Il ne peut pas halluciner. Son âme semble toujours la plus objective.
Que ce soit par le biais de lui-même ou de son Chevalier Dupin, il place entre la chose fantastique et moi un personnage réaliste, rigoureux, sérieux, comme Sherlock Holmes le sera à son tour.
Il ne cesse de faire le détective à ma place et de manière plus scrupuleuse que moi. Je lui fais donc complètement confiance et...in fine... je me retrouve archi roulé dans la farine.
D’autre part, il a le chic pour rendre les objets vivants.
Poe m’a tuer