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Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 2 juillet 2013 18:04

À Bibou1324,

Votre question est très intéressante et bien sûr pertinente.

Vous avez raison sur le fait qu’une république laïque ne doit pas prendre en compte des références religieuses, mais il se trouve justement (c’était d’ailleurs le principe très voltairien de la morale des Lumières) que la morale républicaine rejoint les morales religieuses (il y a plusieurs religions) dans beaucoup de règles du vivre ensemble, et le « tu ne tueras point », « tu ne voleras pas ton voisin », « tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain » etc. se retrouvent autant dans les livres sacrés que dans le code civil. Ce n’est pas une question pour réglementer les moeurs, c’est simplement pour protéger l’épouse, le propriétaire d’un bien, la vie d’un homme etc. Mais cela n’est qu’une parenthèse.

La raison principale, c’est que vous considérez la volonté (car je garde juste l’hypothèse où le consentement est donné, dans le cas contraire, cela s’apparenterait à un histoire récente) comme une position définitive, inchangeable, immuable. Combien de dépressifs ont réussi à s’en sortir et auraient regretté s’être suicidés le cas échéant ? Certains hélas ont réussi et ne sont plus là pour regretter.

Bref, c’est être fataliste, considérer qu’il n’y a plus rien à faire, que lorsque la météo est pourrie, il n’y aura plus jamais espoir de soleil.

Pourtant, les pensées, les impressions, les humeurs peuvent changer radicalement, évoluer, progresser, régresser (selon ses propres critères) etc. Bref, tout n’est pas figé, c’est le principe de la vie.

Enfin, vous apportez un excellent contre-argument pour se prémunir de ces « morts provoquées » : justement, des personnes comme vous, pour ce que vous semblez montrer, pensent que la mort de certains feraient le bien commun (et vous ajoutez : pas forcément d’un point de vue économique, élément qui pourrait cyniquement se concevoir surtout en temps de crise). En gros, poussons Mémé dans sa tombe, l’héritage arrivera plus vite et surtout, on ne perdra plus son temps les dimanches à aller la visiter ?

Eh bien, justement, la loi, l’État, est là pour protéger les plus faibles, les plus vulnérables, et en somme, c’est à peu près le principal message qu’a apporté hier le comité d’éthique, ce qui est tout à son honneur. Un jour, je ne vous le souhaite pas, vous-mêmes serez peut-être cette personne vulnérable, et ça peut venir très vite, un simple accident dont vous ne serez pas responsable.

Je vous ai donné par ailleurs des exemples à l’étranger où l’on se moque des limites que la loi a apportées, à partir du moment où l’on donne la possibilité de tuer ou de mourir, il n’y a plus de limites, toutes seront franchies et déjà de nombreux excès ont été relevés (comme des frères orphelins schizophrènes qui ont été « euthanasiés » parce qu’on savait plus quoi en faire après la mort de leur dernier parent survivant). Ce n’est pas ma société.

Quant aux sondages, les questions sont simplificatrices (du genre voulez-vous arrêter de souffrir ?) et des études d’opinion montrent que la loi Leonetti n’est pas connue (même des médecins) alors qu’elle résout déjà 99,0% des cas. Le rapport Sicard comme l’avis du CCNE propose de résoudre 99,9% avec ce droit à la sédation.

Cordialement.


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