Remède ensoleillé

par C’est Nabum
jeudi 27 mars 2025

 

Parc Berthe Morisot

 

Une petite fille a été confiée à ses grands-parents. Il convient de la garder au chaud, l'enfant est souffreteuse au point d'avoir été renvoyée de l'école. Elle arrive en ce territoire qui semble tout remettre en ordre par la magie d'une relation qui sort du cadre de la cellule familiale. La consigne est claire, elle ne doit pas bouger, recommandation qui ne passe guère la barrière des transgressions du grand-père.

À sa décharge, l'ambiance chaleureuse de la demeure fait déjà des miracles. L'enfant se porte mieux et nulle trace de fièvre ne vient interdire l'escapade d'autant qu'un soleil éclatant fait monter le mercure et pousse à la sortie. Si Râ était encore honoré, on qualifierait immédiatement le phénomène de miracle. Hélas, nul clergé ne viendra valider la guérison spectaculaire…

Le printemps pointe son nez avec quelques jours d'avance. La pluie est déjà un lointain souvenir tandis que les bourgeons ne demandent qu'à éclore ou à se muer en fleurs. Tout invite à l'escapade, ce que ne peut s'interdire un ancêtre qui n'a jamais su obéir. Les oiseaux montrent le chemin et les invitent à se rendre dans un merveilleux parc aux multiples sollicitations.

Une classe d'une école maternelle voisine a saisi le renouveau pour s'égailler du côté du théâtre de verdure. Leurs joyeux piaillements distillent un air de vacances en ce début de semaine. D'autres enfants, évadés eux aussi de leurs obligations scolaires profitent des aires de jeux. Une petite fille du même âge est accompagnée par une grand-mère qui n'a pas la langue dans sa poche.

Les deux enfants, se lient immédiatement. Elles partagent les mêmes jeux, entrent immédiatement en connivence. La grand-mère saisit l'occasion de bavarder avec une comparse, n'ayant plus à assurer une surveillance vigilante. La complicité des deux gamines pousse le grand-père à profiter d'une table pour sortir son calepin et glisser quelques phrases. La paix règne en toute sécurité sur ce parc d'une remarquable conception.

Un appel téléphonique invite la vieille dame à rejoindre prestement les parents de la petite québécoise. La dame dit avec une immense fierté que sa petite-fille est déjà bilingue. C'est à regret que l'enfant quitte celle qui restera une amie éphémère. Les enfants ont cette merveilleuse faculté de tisser des liens en quelques minutes. Les adultes deviennent bien trop vite orphelins de ce prodige. C'est bien dommage. C'est ce qui explique sans doute, que ceux qui sont présents conversent avec leur prothèse sociale.

La grande malade du matin rentre pleine d'énergie et d'entrain pour retrouver des parents qui s'étonnent de la métamorphose. Le soleil y est pour beaucoup tout comme ce Parc Berthe Morisot qui a transformé un vague terrain en friche en un espace qui invite à la méditation, aux plaisirs ludiques, à la lecture et à la conversation. Une véritable réussite qu'il convient de souligner ici.

Demain sera un autre jour avec une nouvelle activité pour justifier la mise au vert de la désormais convalescente. Les venelles du quartier sont une autre invite d'autant plus qu'y trône un somptueux jardin, une débauche végétale dans un désordre soigneusement organisé. Un bassin en est le point de ralliement pour les gens du voisinage qui poussent aisément la grille quand le maître des lieux est présent.

La petite-fille en passant devant le jardinier extraordinaire le félicite pour son travail. Il l'invite à visiter ce trésor de verdure puis l'invite à assister au repas des poissons rouges. Un nouvel instant miraculeux qui repousse plus encore des maux qui ne sont plus qu'un mauvais souvenir. Ainsi va la vie quand on a la chance de profiter de ces poumons de verdure et d’aïeuls disponibles. L'école recevra une enfant remise sur pieds par des potions plus magiques que médicales.

Tableaux de Berthe Morisot


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