Montjoie Saint Denis
par C’est Nabum
mercredi 7 mai 2025
Difficile de tomber plus "Bât"
Un cri de ralliement qui est passé de mode.
« Montjoie ! Saint Denis ! » avait jusqu'alors été le cri d'armes proféré au cœur de l'action par les armées du roi de France surtout chez les Capétiens. Que Charles VII fût le cinquième Valois explique sans doute la révolution que va connaître la reconstitution historique des fêtes johanniques.
Mais revenons à ce terme de guerre qui connut la célèbre bataille de Bouvines : une victoire capitale pour le renforcement de la royauté sur la féodalité le dimanche 27 juillet 1214. Nous sommes deux cent quinze ans avant la date qui nous préoccupe en Orléans sans pour autant se départir de la grande tradition belliqueuse du pouvoir.
Le terme de « Montjoie » est une forme verbale pour représenter la « bannière de l'armée royale », tout en faisant référence à Saint Denis, le saint patron des rois de France qui achève leur parcours terrestre dans la basilique éponyme à l'exception notable de Philippe 1er dont la dépouille fut reléguée à Saint-Benoît pour une belle histoire d'amour et de mariage désapprouvée par le Pape.
Pour nos moutons enragés qui aiment à guerroyer armés de pied en cap, il convient pour influencer défavorablement l'adversaire de crier haut et fort au moment de se lancer à l'assaut. La guerre est alors vue comme une distraction à risque certes mais qui réunit essentiellement des jeunes gens de très bonne famille, fort en gueule et à la bravoure légendaire.
C'est sans doute ce dernier point qui va provoquer la chute de celui-ci en Orléans quand le bon peuple se sent concerné par la bataille de délivrance de sa bonne cité. Il est plus question pour eux de hurler « Montjoie ! Saint Denis ! » puisqu'un Saint-Denis figure dans le Val à deux pas de là et que, comble de la trahison, les méchants bourguignons proféraient quant à eux, un terrible « Montjoie ! Saint André ! ».
Pour parachever cette descente aux enfers de ce slogan guerrier, les maudits Anglois, fort de leur morgue habituelle se prévalaient d’un « Montjoie ! Notre-Dame Saint-Georges ! » qui destituait définitivement ce Montjoie de malheur. Il fallait trouver autre chose qui fit de plus référence à ces tourelles prises par l'ennemi pour barrer la route du Sud au cours d'un conciliabule, une forme élaborée de « brainstorming » comme le disaient fort ironiquement les occupants, de remue-méninges comme aiment à le dire les Solognots.
Les tourelles, véritable fortin, château défensif imposant pour protéger la cité étaient désormais aux mains de ceux qui comptaient sur la solidité de leurs murailles pour repousser tous les assauts et ainsi maintenir Orléans en état permanent de siège jusqu'au renoncement de Charles VII au trône de France. Un cri de guerre comme « Mes Tourelles ! Sus à l'ennemi ! » eut pu satisfaire tout le monde s'il n'était pas si malaisé à hurler.
C'est ainsi que Mon Fort eut la préférence des assaillants à la condition de trouver une chute acceptable au cri de ralliement. Par contre, des voix s'élevèrent contre l'abandon de ce Montjoie qui tenait particulièrement à cœur à un Bonimenteur présent lors de ce grand conciliabule. Cette expression remontait à Clovis qui avait eu tant d'importance en Orléans près d'un millénaire plus tôt. Montjoie évoquerait une bataille victorieuse du roi Franc contre les sarrasins du côté de la forêt de Marly au pied d'un donjon portant ce nom. Mais il n'était plus temps de se mettre martel en tête, il convenait de trancher.
Le 7 mai 1429 c'est donc au cri de « Montfort ! par Saint Nelson ! » que fut menée l'attaque. Nelson ayant été un prêtre catholique refusant de prêter serment à l'église anglicane un siècle plus tard et qui fut pendu à Londres le 3 février 1578. Mais pour la chronologie et l'exactitude des sources, en ce domaine, personne ici n'est guère regardant dès qu'il s'agit de mettre un invité à l'honneur et de célébrer notre bonne Jeanne.
En mon for intérieur, ça me révulse tout comme l'oriflamme de Gilles de Rais dans la cathédrale …