11 septembre ou de la complexité du complotiste qui s’ignore

par Disjecta
mercredi 17 décembre 2014

Nos médias officiels, jusqu'au glorieux Monde Diplomatique, sont sous la menace d'un redoutable dysfonctionnement psychologique : la paranoïa. Complotistes qui s'ignorent, aidons-les à assumer pleinement leur nature profonde.

Le complotiste, comme l'antisémite, est partout. Que l'accusation d'antisémitisme puisse ne toucher que celui qui se dresse contre les injonctions communautaristes d'extrême-droite du CRIF et la défense d'un état de nature colonnialiste et confessionnel portant le nom d'Israël et non l'armée de Tsahal massacrant au phosphore blanc les enfants palestiniens de race sémite, c'est déjà assez embêtant. Mais que le journaliste de base français (et tous ses compagnons de cordée stipendiés par la CIA) convaincu - force rémunération - de la vérité du rapport d'enquête officiel sur le 11 septembre, non seulement s'acharne à ignorer le statut profond de torche-cul dudit rapport mais le fait que celui-ci promeuve à toutes ses pages l'exemple type de ce qu'on peut appeler une théorie complotiste, c'est encore plus embêtant, car davantage flagrant (encore qu'une simple consultation de Wikipédia leur permettrait d'apprendre que les palestiniens sont des sémites et que le judaïsme est une confession religieuse au même titre que les catholiques contre les protestants lors de la Saint-Barthélémy - mutatis mutandis évidemment, les catholiques jetant alors les protestants dans la Seine quand aujourd'hui les enfants palestiniens sont brûlés au phosphore blanc, ce qui laisse moins de traces).

Donc la théorie officielle serait une théorie du complot ? Diable, c'est embêtant ça pour nos sagaces journalistes français, persuadés de la grandeur démocratique profonde de leur corporation rachetée par les principaux milliardaires de notre pays et pour qui s'amender et reconnaître ses erreurs est une pratique aussi naturelle et courante que l'ingestion par nos vaches de poudre de cadavres des os de leurs aïeux (mais peut-être l'exemple n'est-il pas exactement juste). Pour résumer la théorie officielle du 11 septembre : Ben Laden, milliardaire qui alla combattre contre le gouvernement communiste afghan avec les sous des USA, s'est pris d'une haine implacable contre ses anciens employeurs, créant Al-CIA ou Al-Qaida (selon le degré de lucidité qu'on possède par rapport à la question), armant de cutters grâce à ses milliards des pirates islamistes fous qui détournèrent des avions et firent tomber trois tours à la vitesse de la chute libre avec deux aéronefs, le tout dirigé depuis des grottes high-tech en Afghanistan. Pour résumer donc. Et une telle théorie ne serait pas une théorie complotiste ? Ou conspirationniste ? Mais alors, comment appeler ça ? Une théorie conjurationniste ? Une théorie coalitionniste ?

Encore, on comprend assez bien - après les révélations de Udo Ulfkotte - que les journalistes de Libé, le Monde, le Nouvel Obs et autres ne soient pas exactement et a priori dignes de la plus grande confiance (leur inclination à défendre toutes les guerres de l'Otan invite forcément à un peu de méfiance). Mais qu'en est-il du Monde Diplomatique, a priori (encore une fois) plus lucide, et qui paraît malgré tout ne pas exactement comprendre que reprocher à quelqu'un d'être complotiste sur le 11 septembre, cela confine à confondre la paille (dans l'oeil de l'autre) et la poutre (qui vous transperce le cerveau entier ce qui, il est vrai, pourrait aussi expliquer certaines choses...).

Reconnaissons du moins cette remarquable définition de la théorie du complot trouvée un jour dans un article du Monde Diplo (et qui selon ledit article caractériserait le "style paranoïaque") : "L'existence d'un complot organisé autour d'un vaste réseau international, procédant de façon insidieuse, doté d'une efficacité surnaturelle et visant à perpétrer des actes diaboliques." Et permettons-nous de conseiller à Serge Halimi (ce serait évidemment sans espoir avec un Laurent Joffrin) de vérifier si ladite définition ne pourrait pas aussi s'appliquer à sa propre conception des attentats du 11 septembre et au respect absolu jusque-là dans les colonnes de son journal de la théorie officielle du 11 septembre, promue dans les conditions remarquables d'indépendance et d'esprit de vérité par la commission présidentielle consentie du bout des lèvres par Bush et sa clique de tortionnaires aux familles des victimes. A moins que, comme le dit l'adage, il n'y ait pire sourd que celui qui ne veut pas entendre (et pire paranoïaque que celui qui, etc.).

 

N.B : Je sais, tout cela est bien connu par les plus lucides d'entre nous, mais une petite mise au point pour les autres à ce sujet ne peut pas faire de mal. Histoire que l'argument "complotiste" sorti à tout bout de champ retourne là où il aurait dû toujours rester : la fosse septique des arguments zéros.


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