2009-2012, enjeux, clivages et perspectives

par François Bunner
jeudi 18 juin 2009

Comment nous sortir de l’impasse des européennes ? Faire de la politique aujourd’hui, comme répondre au message principal des élections européennes de 2009, c’est répondre à l’abstention de masse des européennes, et pour cela, avant de pouvoir envisager de proposer telle ou telle politique, nous devons d’abord re-situer l’enjeu majeur de notre temps, puis en déduire les lignes de clivages entre les familles de pensée en présence et enfin mettre en perspective les prochaines étapes de notre travail.

L’enjeu

La question centrale de notre époque est celle de la globalisation. Certains la souhaitent ou la considèrent incontournable, nous considérons que nous devons l’affronter.

Se répandant sur la terre entière, elle a pour conséquence de détruire les Etats et les politiques de régulation de la finance et de l’économie, les politiques industrielles, les dispositifs de sécurité sociales et les politiques de répartition des revenus du travail qui furent mis en place après la guerre. Elle réduit aussi les citoyens en "consommateurs-producteurs-flexibles-qui-se-divertissent" en développant avec fureur la consommation et la production qui détruisent la culture, ainsi que les ressources naturelles et notre environnement.

Longtemps triomphante, la globalisation est désormais en crise. Face à cette crise financière, devenue économique et sociale, l’Union européenne qui était présentée comme LA seule solution, s’est révélée, pour ceux qui l’ignoraient encore, impuissante et contre-productive, et ce sont les Etats qui ont été au charbon. Nous devons impérativement faire comprendre à nos concitoyens que nous devons abandonner les rêves d’Union et de politiques communes, pour préférer l’indépendance, la démocratie et les coopérations.

Les clivages

Cette crise de la globalisation est avant tout une crise de notre politique, où l’on voit les partis politiques traditionnels (conservateurs, sociaux-démocrates, écologistes, "gauches radicales"...) rabâcher les mêmes recettes périmées, les mêmes promesses, malgré les échecs gravés dans leurs bilans et malgré les plus de 60% d’abstention.

Plus que jamais le nouveau clivage de la politique actuelle se situe entre :

- ceux qui se sont faits les gestionnaires de la globalisation, soutiennent les politiques supranationales et partagent ou se soumettent aux consensus de Washington et de Bruxelles ;

- ceux qui sont résolus à résister à ces fléaux en : re-régulant l’économie, la finance et les monnaies, réactualisant les politiques de l’Etat social nées du programme du Conseil National de la Résistance, refondant un ordre international reposant sur l’indépendance (qui est la condition de la démocratie) et la coopération.

Les questions européennes permettent quant à elles de compléter ce clivage en distinguant les partisans de "cette Europe", de "l’autre Europe", de "quitter immédiatement" l’Union et enfin de "l’indépendance coopération" (voyez la présentation de ce clivage dans « Soins palliatifs pour campagne électorale en déshérence ».

Les perspectives d’actions

Nous devrons aussi continuer de réécrire des programmes, des argumentations, des explications pour les améliorer, en extraire leur substantifique moelle et les rendre plus compréhensibles par nos concitoyens. N’en déplaisent à certains, malgré l’ostracisme dont nous sommes frappés, si nos idées étaient plus facilement audibles, nous ne serions pas aussi marginalisés que nous le sommes actuellement.

Puis, grâce à un débat spécifique, il faudra mettre de la clarté dans nos rangs : républicains, gaullistes, voire souverainistes. Tous les mouvements regrettent notre dispersion, nombreux sont ceux qui souhaitent ou appellent à l’union... tout en revendiquant la première place. Cependant, aucune organisation n’ayant les états de services s’imposant aux autres, c’est un fait, chaque sensibilité reste entre-soi et se croit la plus belle dans le miroir où elle se mire. Nous avons besoin d’organiser de grands débats parmi nous, pour savoir si la "république", le "gaullisme" ou la "souveraineté", et dans quelles mesures, sont des doctrines ou des conditions non seulement nécessaires mais aussi suffisantes de notre politique et de notre rassemblement.

Cette clarification accomplie, qui contribuera à nous rendre plus compréhensibles auprès de nos concitoyens, nous pourrons nous en prendre aux arguments des partisans de "l’autre Europe" qui par leurs promesses séduisent nos concitoyens et continuent de les enfermer dans les illusions des dernières décennies. Puis nous pourrons affronter l’UMPPS ou le PSUMP, parti unique de la résignation, qui domine encore les débats.

Pour nous faire entendre dans cet environnement où nos idées sont littéralement endiguées par les ressources coordonnées et surtout les mentalités de l’actuel système médiatico-politique, nous devrons passer par les médias alternatifs et même créer de nouveaux canaux pour acheminer au plus grand nombre de citoyens possibles nos idées, nos argumentations et des informations utiles dans des formats idoines que les technologies actuelles rendent accessibles.

Enfin, dans les batailles politiques qui viennent, tout ne dépendra pas du premier rang des citoyens, ce qui est une raison de plus de faire en sorte que pour ce qui dépend de nous, nous ayons fait le maximum.

En attendant, ce que les citoyens ne ferons pas pour eux-mêmes, personne ne le fera à leur place, sachant que nous n’avons plus le droit de gâcher autant de temps et d’occasions que par le passé.
 

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