2009 : l’année de la révolte ?

par Rage
mercredi 11 février 2009

L’année 2009 sera pour la France et les Français sans aucun doute une année « noire ».

Si la crise a été sans aucun doute un catalyseur, cette crise prévisible et annoncée n’explique pas tout. Le pays souffre depuis plusieurs dizaines d’années de défaillances structurelles qui étaient déjà à elles seules sources d’une croissance molle.

La dégradation du contexte international ne peut être le prétexte que l’on appose systématiquement à des maux bien plus profonds qui conduisent l’Etat à mettre sous perfusion les banques et les plus aisés tout en demandant à ceux qui encaissent le choc frontalement de se serrer la ceinture.

Je m’en excuse d’office  : cet article-dossier sera long. J’y expose ma vision des choses, je ne dis en rien qu’elle est exacte ou juste, je souhaite simplement la proposer.

Je tenais à exposer un point de vu relativement complet, d’autant plus complet que la conférence de presse de N.Sarkozy n’a fait que confirmer mes craintes  : non seulement le pays n’a plus de cap, mais plus encore, il applique les recettes d’un modèle (dé)passé le tout en face du silence de mort de journalistes conciliants qui n’osent poser les questions qui fâchent.
 

I. Un système Français à bout de souffle

La France se caractérise dans le monde par un système social poussé. Forte de secteurs de pointes comme la santé, d’un territoire exceptionnel favorisant une rentrée importantes de devises par le tourisme, d’une administration -jadis- structurée et efficace, de terroir exceptionnel (puissance agricole), d’une industrie aéronautique de pointe (etc.) la France dispose d’une série d’atouts indéniables.

Malgré cet état de fait, le pays ne décolle pas, tout du moins, plus.

Pire, non seulement sa croissance est molle, mais depuis plusieurs années son rayonnement s’affaisse, la qualité de vie se détériore et in fine la richesse des habitants stagne, tout du moins pour ceux qui ne font pas parti de la caste des «  privilégiés et nourris  » par le pouvoir.

«  France, orgueilleuse et généreuse, tu n’es bonne qu’avec tes ennemis  » disait Victor Hugo.

Caricaturalement, cette France généreuse d’une gauche distribuant l’argent sans en réaliser le moindre contrôle ou cette France orgueilleuse et arrogante d’une droite invitant à sa table des dictateurs ou amnistiant des hommes du milieu.

Un système très politisé fondé sur un étonnant mélange des genres, entre des résurgences communistes-providence où il faut toujours accepter d’aider le plus faible quitte à ce que celui-ci pénalise toute la classe moyenne et la tire vers le bas, et un libéralisme débridé, sans contrôle ni contre-mesures, appuyé par des aides publiques.

Un système où celui qui ne sera pas dans la case moyenne, sera déterminé comme étant «  à aider  » et pourra parfois en abuser, ou bien usera et abusera de la position de force d’une sphère de profession parfaitement organisée au sommet de la «  pyramide  »

La France a été alternativement gouvernée très à gauche ou très à droite, écartelant la classe moyenne sur l’autel des dispositions en faveur des uns ou des autres aux extrêmes de l’éventail social.

Cette situation abouti après plusieurs décennies à maintenir effectivement un filet «  social  » qui produit parfois de nombreux excès et occasionne des situations illogiques où il vaut mieux profiter du système plutôt que de travailler, mais également à l’opposé du spectre une ponction tout aussi sociale des classes moyennes vers les classes aisées, notamment par un système fiscal profondément injuste et des empilements de dispositions toutes plus favorables aux forts qu’aux «  moyens  ».

«  A défaut que le juste fut fort, on fit en sorte que le fort fut juste  » disait Pascal

La gouvernance française a fait de cet adage une nouvelle devise à apposer en lieu et place du mythe de «  liberté, égalité, fraternité  » battu en brèche tous les jours par des dispositions visant toujours à un peu plus à réduire ces valeurs à «  sécurité, privilèges, individualité  ».

Cette gouvernance, nous avons tous une part de responsabilité dans ce qu’elle est (ce que certains nomment en disant «  nous avons les élus que l’on mérite  ») mais nous ne pouvons lui ôter l’immense part qui lui revient dans la construction dans le temps d’une série d’excès tous plus pernicieux les uns que les autres pour répondre au clientèlisme d’élus en mal de mandats.

Nous avons tous une responsabilité car nous ne pouvons nier le fait que tous, à diverses degrés, nous adorons les avantages mais détestons les privilèges. Nous sommes ainsi, car à force de voir des excès, nous nous réfugions dans ceux dont on peut aussi bénéficier.

Alors, suivant les degrés de privilèges, certains commencent à se taire pour ne pas perdre leur situation. Au fil du temps, le silence devient abnégation, l’abnégation résignation. Certains en viennent à oublier ce qu’ils sont, à suivre ce qui se dit, et à se taire même quand tout est fait à l’inverse de la logique.

Cette situation mine depuis des années les représentations politiques, toutes organisées autour d’une féodalité qui ne dit pas son nom, au sein de partis obsolètes et autoritaires qui n’acceptent dans leur rang que ceux qui pensent et suivent comme leur direction.

Depuis qu’il n’est plus possible de parler, de dialoguer et plus largement de penser autrement que les «  chefs  », plus rien ne se fait en France.

Parallèlement à cet état de fait, les dirigeants eux-mêmes ne changent pas, figeant à la fois verticalement les organisations et les décisions, mais les figeant également dans le temps.

La France est un pays figé parce que son pouvoir est verrouillé de l’intérieur. Le Sénat est une chambre de conciliabules hors de portée du peuple. L’assemblée nationale une chambre d’enregistrement des décisions du gouvernement. Le gouvernement une équipe assujettie à la voix de son maître.

En face, le peuple a peur de s’exprimer, les individus renoncent et se taisent.

Quand un système en vient à être centralisé à ce point, sans délégation de responsabilité et de signature, il ne peut survivre que s’il donne une large place à des contre-pouvoirs, ces derniers devenant alors la respiration «  démocratique  » permettant de faire entendre une musique autre que celle qui est distillée 24h sur 24 à des médias toujours plus présents.
 

II. Une crise de repères et de société

L’histoire Française est pourtant jalonnée de périodes claires démontrant tristement qu’il n’a pas été possible jusqu’alors de réformer le pays sans rentrer dans un conflit majeur.

Au lieu de se poser la question du «  Pourquoi  ?   », les gouvernements successifs se sont tous attelés à la tâche du «  il faut éviter ça  » dans une course sans lendemain, où il faut survivre un mois, un jour, une heure.

La question du pourquoi est pourtant essentielle.

La France n’avance pas naturellement et en vient à devoir descendre dans la rue car son pouvoir est coupé des réalités de la base.

Il suffit de voir une élection pour comprendre  : pour un élu français, le combat est dans l’élection, pas dans le mandat. Pourtant, le véritable combat, c’est le mandat.

Le pays foisonne d’un nombre bien trop importants d’élus, tous disposés à se justifier de leur utilité, mais tous dépendants les uns des autres dans un système déresponsabilisant, complexe et usant dans lequel il n’est point possible d’agir sans avoir la bénédiction de l’échelon supérieur. Le mode même de financement des collectivités est caractéristique  : sans DGF/DGD, point de budget locaux.

Tous dépendent de l’Etat, et à l’Etat tous dépendent des grâces et disgrâces des monarques reignants, de droite comme de gauche. Le système n’est pas régulé à son sommet, il ne s’est pas donné de limites, il ne peut donc montrer l’exemple.

Incapable de limiter les excès de ses propres troupes, de ses propres alter-ego, le pouvoir exécutif s’est installé dans une étrange complaisance avec ses pairs et une étonnante intransigeance avec ses boucs-émissaires  : fusiller la sécurité sociale n’est pas un problème tant qu’il s’agit d’arroser copieusement certaines professions médicales, dénigrer les professeurs n’a pas d’incidence tant que cela bénéficie à l’enseignement privé, fragiliser toute la classe moyenne n’est pas pris en compte tant qu’il s’agit d’acheter la paix sociale en prélevant des moyens, voire des pauvres, vers les très pauvres...

Tous les gouvernements en place, issus des mêmes écoles, des mêmes modes de pensée, des mêmes schémas et méthodes de raisonnement considèrent qu’il est préférable d’éviter les problèmes plutôt que de les affronter. Organisés dans de solides sphères d’influence, les hommes et – rares – femmes de pouvoir s’arrogent avec une suffisance consternante toutes les places stratégiques.

La sphère privée est verrouillée par des conseils d’administration croisés.

La sphère publique est verrouillée par une caste d’énarques et de commis financiers de diverses horizons dont le seul but est d’évincer tout ce qui pourrait leur porter préjudice.

La France ne dispose pas d’un «  Barack Obama  » parce qu’en France on ne fait pas de la politique pour défendre des idées mais pour se tracer une carrière, s’attribuer des postes et jouir des subsides d’un argent public manié sans discernement.

En face de cette situation, un monde qui évolue vite, très vite.

Les difficultés rencontrés par les Français ont fragilisé les cohésions de groupes. L’usage du collectif ayant été détourné à des fins peu enviables, des générations ont appris à se défendre autrement, à se faire leur place par d’autres biais que le mérite, puisque le mérite n’est qu’une illusion que l’on appose pour ne pas reconnaître que tout se passe son le manteau.

 L’école de la république, creuset de la liberté des individus et de leur capacité à comprendre le monde dans lequel ils vivent, est aujourd’hui en déliquescence pour de nombreuses raisons.

 Le monde du travail s’est radicalisé pour devenir une vaste arène où tous les coups sont permis, du pistonnage initial tuant le mérite au nivellement par le bas et à l’exploitation des failles du système (stages sans limite, CDD à foison, CNE/CPE, licenciement abusifs, violence morale...).

 La justice s’est isolée du peuple, par sa complexité, son coût, sa lenteur. Le justiciable ne pouvant l’être que s’il dispose à l’origine d’un minimum de bagage intellectuel et financier pour soutenir son cas, quand bien même celui-ci est éloquent.

 La santé, accessible à tous, devient un luxe pour minorités riches ou bénéficiaires d’une CMU sans plafond. La distorsion des remboursements et autres prix de prestation occasionnant une santé à vitesse variable où ne prime plus l’intérêt global d’avoir une population en bonne santé, mais l’intérêt particulier de l’être quitte à ce que tous les autres soient malades.

La liste pourrait être longue de repères brouillés dans une société où la vie même des couples a évolué. Les enfants naissent dans des familles recomposées, vont à l’école suivre des enseignements en décalage avec l’Internet et le YouTube de la maison, vivent avec une télévision qui les abreuve chaque jour des réussirent des uns ou des autres sans pour autant en indiquer le «  background  ». Le service militaire qui autrefois permettait de projeter une génération à un niveau égal pendant un temps donné n’existe plus (nombreux sont ceux qui d’ailleurs y recherchent d’ailleurs par défaut des repères qu’ils n’ont pas eu dans leur enfance).

La société s’est indéniablement individualisée.

Les individus sont même devenus égoïstes, et même parfois égoïstes en groupe  : certains ne veulent pas partager, quitte à ce que cela pénalise tout le monde en cascade.

On ne leur a pas laissé le choix, c’est un mécanisme défensif.

Personne ne s’est élevé pour proposer autre chose en face. Personne n’a eu la grande idée de relever le fait que quand l’Etat perd, c’est l’ensemble des individus-contribuables qui perdent. Personne n’a eu le courage de préciser que l’intérêt général et l’argent public devraient être mis au dessus de toutes autres dispositions d’ordre opportuniste, clientèliste ou tout simplement idéologique parce qu’il n’y a pas de démocratie réelle si certains ont tous les droits et les autres tous les devoirs.

Notre société a perdu ses repères car elle ne sait plus vers quoi aller, quel but commun se donner, quels buts individuels se fixer.

Pour certains la seule priorité de ce monde est de réaliser un score sur un compte en banque, de remplir le «  Hall of Fame  » des personnalités qui comptent. Combien pensent encore à une autre idée de la vie humaine, tout simplement en travaillant pour un développement humain plus raisonné avec l’environnement, pour une conquête de l’espace ou même pour d’autres utopies comme un monde qui ne laisse plus crever de faim la moitié de ses effectifs  ?

Nous errons comme des âmes en peine dans un système du «  cause toujours  » où il est devenu impossible de proposer l’application de mécanisme vertueux sans avoir à subir un lobby, à affronter un privilégié qui souhaite le rester ou même encore une surdité obtus de personne si suffisantes qu’elles n’en viennent même plus à savoir se remettre en question.
 

III. Une défaillance de vision à long terme

La crise des subprimes aura été pour le monde un formidable avertissement, une quintessence de successions de mécanismes tous plus délirants les uns que les autres mais parfaitement compréhensibles pris un par un  : chacun voulant se faire le plus d’argent possible le plus vite possible sans chercher à comprendre vers quoi tout cela tendait au final.

A l’image d’une armée d’esclaves, nous nous attelons à construire notre propre échafaud  : à court terme cela rapporte, mais à moyen et long terme nous sommes tous sous le couperet.

L’absence de repères occasionne une course aveugle à l’immédiat et au court terme.

La défaillance de notre société, et plus particulièrement du «  modèle français  » provient essentiellement de cette incapacité à se projeter dans l’avenir en tenant le cap de réformes structurelles profondes qui se réalisent sur le terrain, dans le temps et dans l’ajustement au quotidien.

Nous superposons des lois à d’autres lois inappliqués. Nous courons à la réforme sans même en savoir le contenu. Nous nous empressons de brûler ce qui est imparfait sans même savoir ce qu’il nous restera par la suite  : jadis les hommes se battaient pour acquérir des droits, maintenant ils se battent pour les conserver.

Nous entendons les annonces quotidiennes de discours qui bercent mais ne sont pas préparés sur le fond et encore moins dans le temps. Des discours, des mots, mais quoi de neuf sur le fond des choses  ?

Loin de moi l’idée de défendre des positions qui sont intenables, de justifier l’immobilisme dans les acquis sociaux et autres privilèges acquis. Mais cette course à la mise à l’index doit se faire dans l’optique d’une amélioration commune de la qualité de vie et plus encore par la hiérarchisation des priorités, des choix et des ordres.

En clair, on ne peut réformer que si l’on commence par réformer ce qui est le plus flagrant, ce qui se passe en haut, ce qui est le plus dimensionnant. Cela se prépare, se travaille dans la méthode  : cela prend du temps et il faut savoir conduire le changement.

On ne réforme pas l’école en supprimant idéologiquement des postes. On la réforme en changeant ses contenus, ses méthodes d’enseignement, son cadre de travail.

On ne réforme pas le travail en forçant d’une manière ou d’une autre les salariés à se prostituer pour quelques euros supplémentaires, mais en donnant du sens au travail, en améliorant la qualité organisationnelle des entreprises, en répartissant mieux les salaires et plus largement en répartissant sur chaque acteurs les droits et devoirs.

Les patrons ne sont pas tous des «  pourris  », ils ont eux aussi des droits et des devoirs, différents des salariés, mais qui doivent rester connecter avec raison avec la place occupée dans l’organigramme.

La chasse aux sorcières, la mise à l’index, la politique de victimisation et de bouc-émissaire n’ont aucun avenir. On ne change pas la société, on n’offre pas de progrès humain en cherchant les responsables, mais en cherchant comment il a été possible qu’un excès ait pu être commis.

Une fois cette question solutionnée, alors, et seulement alors, il est possible d’édicter des règles avec des sanctions claires.

Poursuivre les banques fautives d’une crise majeur n’a pas de sens  : il faudrait évider tout le système bancaire qui n’a agit que dans une logique moutonnière.

Par contre, savoir que ce sont les banquiers qui ont déconné parce qu’il n’existait pas de règles occasionne l’immédiate conséquence que tout plan de sauvetage aurait dû être étroitement conditionné à des règles strictes.

Parmi ces règles il y aurait du y avoir les termes de régulation, contrôle, baisse des prix pratiqués, sanction des comportements ne respectant pas ces nouvelles règles.

L’état ne peut pas toujours signer des chèques pour compenser ses défaillances régaliennes.

C’est aussi et surtout parce qu’il ne prévoit pas, parce qu’il ne clarifie pas ses lois dans des textes clairs et évolutifs, qu’il s’affaiblit par la corruption passive de ses membres, qu’il devient une proie facile pour des entreprises mondialisées «  hors-sol  » qui peuvent se soustraire à son ordre.

Sans État fort, il n’y a pas de vision à long terme.

Mais que l’on se comprenne bien  : un État fort n’est pas un Etat autoritaire  : c’est un Etat organisé, régalien, juste et impartial qui a pour seules et uniques prérogatives que de projeter son peuple dans un avenir meilleur.
 

IV. Pourquoi le clash est inéluctable

Depuis des dizaines d’années, le pouvoir refuse d’assumer son rôle pour se complaire dans les facilités d’une gestion par accoups et par l’écoute de lobbies fort lucratif pour la situation personnels d’élus qui sont avant tout des individualités.

Le terme de «  réforme  » est galvaudé, utilisé à tord et à travers, la suppression d’un droit étant tapi sous le terme de réforme, celui-ci connoté positivement faisant de tout détracteur un opposant au progrès proclamé par la bien pensée du sommet du pouvoir.

Néanmoins, les reculs successifs portés méthodiquement à certains pans du système et non à d’autres ont créés d’insoutenables décalages, à compter par la dualité du système scolaire – unique au monde à un tel degré - , l’écrasante domination des entreprises géantes de rang mondial qui ne laisse aucune place aux PME pourtant génératrices d’emplois, l’incroyable système fiscal qui exonère les milliardaires mais ponctionnent au taux maximal les classes moyennes....

Ces préoccupations, concrètes, devraient figurer au premier rang des discussions de l’assemblée nationale et occuper une bonne part de l’information des médias.

Il n’en est rien.

(Sur ce point du reste, j’ai partagé pour la première fois une citation du président  : «  si l’on ne conduit pas les réformes nécessaires dans ce pays, les français se révolteront, et ils auront raison de le faire  ». Bingo, c’est exactement ce qui risque de se passer.)

A l’inverse, aujourd’hui tout ce qui pourrait interférer dans le déversoir médiatique à médiocrités est méthodiquement mis à l’écart, muselé, mis sous silence. L’ensemble des contre-pouvoirs est mis à mal avec une froide et sournoise efficacité.

 Les syndicats sont (ont été  ?) divisés, muselés et enfoncés dans leur crise de représentativité qui mériterait pourtant une refonte forte notamment pour redéfinir leur rôle ainsi que renforcer leur représentativité, leur relation avec le pouvoir et plus largement leur capacité à intervenir comme acteurs constructifs et privilégiés de terrain.

 Les médias sont majoritairement sous contrôle, directe par certains biais financiers, indirectes par des ententes entre détenteurs de groupes de presse et financeurs de campagne.

Bien sûr, les effectifs sont libre de leur choix, mais si leur direction n’apprécie point leur point de vu, cela ne durera pas très longtemps.

 L’indépendance et les moyens de la justice sont mis à mal. L’éviction de certains magistrats, la remise en question du juge d’instruction, la prépondérance du parquet, et donc les liens de dépendances avec le pouvoir politique réduise chaque jour un peu plus l’indépendance d’une justice qui souffre déjà intrinsèquement d’un manque de moyen, et surtout d’une prolifération de textes inapplicables/contradictoires qui ralentissent l’instruction des dossiers.

 L’opposition est éclatée et manque de ligne claire et cohérente. La parodie de Reims, l’incapacité de l’extrême gauche à se rassembler, la position en porte à faux du Modem, et toutes les dissonances de l’opposition en font une proie facile pour une majorité regroupée lors de ses sorties, mais tout aussi divisée en interne.

- L’expression populaire, qu’il s’agisse d’expression dans les médias, sur Internet ou bien dans la vie courante est marginalisée. Rares sont les voix qui s’opposent en public alors que nombreuses sont celles à le penser en privé.

Les contre-pouvoirs étant mis à l’écart, seuls les chiffres peuvent parler.

Ces derniers ne mentent pas  : ils virent tous au rouge vif.

Plutôt que de s’atteler à redresser la barre, les gouvernements en place n’ont cessé de chercher à en masquer l’ampleur.

 Depuis plus de 30 ans, le déficit récurrent du budget de l’Etat, de la Sécurité Sociale et plus largement de la sphère publique n’a cessé de se creuser. L’accélération a été telle depuis 2007 que le déficit annuel a réalisé un bond de 50% en 2008 passant à plus de 4,5% du PIB.

 Les chiffres du chômage n’ont jamais réellement franchi à la baisse la barre des 10%, une partie non négligeable des français étant «  sorti des statistiques  » par diverses biais, qu’il s’agisse des stages, des contrats aidés (en floraison notable ces derniers temps) ou même des simples jeu de catégories ANPE.

 La balance commerciale (-55G€ en 2008) a sombré dans les années 2000 du fait d’une extrême exposition aux importations, à la faiblesse de nos exportations (contrairement à l’Allemagne) et de notre secteur industriel, et plus largement à l’effet rustine que constituait l’exportation de «  gros volume financiers comme les Airbus  » et venait combler la faiblesse des exportations de «  détail  ».

Depuis 1998, les Français ont certes pu se réfugier dans l’immobilier, vecteur fort de génération de plus-value ayant permis par le simple jeu de valorisation de générer des richesses tout en affaiblissant les non acquéreurs (creusement nette d’écarts de richesse pendant cette période) et les locataires.

Depuis 2008, le renversement simultané des cours de bourse et de l’immobilier ont donner un coup d’arrêt nette aux 2 derniers moteurs de génération d’argent facile, laissant le pays en face de ses difficultés d’économie réelle.

Certes, une reprise aura sans aucun doute lieu d’ici quelques mois.

Mais en attendant, pendant la période transitoire, le pays voit s’envoler entreprises, emplois et pire encore, savoir-faire, hors de nos frontières.

En perdant notre capacité productive, en laissant le situation se détériorer, nous semons d’ores et déjà les graines pourries d’une reprise qui sera molle.

Le secours, inévitable, des banques aurait du se faire sous conditions et avec un volet fort d’investissement dans les infrastructures et l’affaiblissement temporaire de la fiscalité sur le volet des ménages. Il fallait stimuler aussi et surtout la demande et renforcer l’action régalienne de l’Etat.

Le gouvernement fait exactement l’inverse- sans contre-parties-. Et ce n’est pas nouveau.

Les bras de fer déployés à grands frais, contre les enseignants, les postiers, les cheminots, les magistrats (tous publics) est inversement proportionnel aux cadeaux offerts à la sphère privée, des médecins aux chefs d’entreprises (prolifération des exonérations fiscales), en évitant soigneusement les classes moyennes et populaires.

Creusant la «  fracture sociale devenue canyon  », le gouvernement semble peiner à voir une école à 2 vitesses qui voit les écarts se creuser puis se poursuivre tout au long de la vie.

Le système n’est plus homogène au niveau des lois et de l’équité de justice  : l’individualisation de défense conduit lentement mais sûrement à un délitement du ciment social, jetant clairement les bases d’une révolte profonde à venir tôt ou tard.

Tout le monde n’est pas à plaindre. C’est la proportion de ceux qui n’ont plus rien à perdre et sont écartés des richesses qui s’accroît et s’avère risqué à terme. La résignation devient alors colère. Cette colère devient d’autant plus explosive qu’elle concerne avant tout les jeunes générations, ces dernières voyant leurs espoirs d’avoir une vie meilleure que leurs parents s’affaisser sous les yeux mêmes de ceux qui ne pensaient pas que l’on puisse en arriver là.

Et plus nous perdons du temps à réagir, plus la situation se dégradera pour les générations à venir. Celles-ci étant minoritaires «  démographiquement  » et donc politiquement, elles ne pourront éternellement assurer le service après-vente des retraites, leur propre niveau de vie, et leur marginalisation de la vie politique.
 

V. Que faire  ?

S’il semble difficile de dresser un registre des actions à réaliser, il me semble essentiel de souligner l’importance d’un changement de cap majeur dans la manière de gouverner, de diriger et d’organiser le pays.

1. La première des réformes, structurelle, devrait consister en un profond changement de la représentation politique, qu’il s’agisse de la diversité, de la place des femmes, du nombre d’élus et plus largement des prérogatives, moyens et cadre de fonctionnement dans lesquels ils évoluent.

Le cumul des mandats, les absences aux assemblées, la non représentation des minorités, la faible proportion de femmes, de jeunes, etc... ne peuvent conduire à l’expression de points de vu différents et à la richesse d’une nation.

La superposition d’échelons de décisions, tous interdépendants et aboutissant au doublonnage de postes administratifs et aux financements croisés ne peut être maintenu éternellement.

Parallèlement, la prolifération d’organes para-publics, tels que certaines agences, les conseils économiques et sociaux régionaux (CESR), les hautes autorités pour un oui ou pour un non, deviennent des repères à refoulés du suffrage universel et autres nids de remerciements à collaborateurs. Loin des règles de gestion, ces organismes coûtent chers. Certains sont particulièrement utiles voire vitaux (cour des comptes), d’autres nettement moins (maison de l’emploi, AFIFT)

Par ailleurs, l’expression publique ne peut se réduire à la prolifération de textes de loi se superposant les uns aux autres et devenant avec le temps, contradictoires, complexes et inapplicables. La mise en oeuvre de loi simples, évolutives dans le temps, avec des dispositions claires d’exécution devrait guider des juristes qui aujourd’hui sont plus dans la créativité textuelle que dans le pragmatisme d’applications concrètes et immédiates de dispositions opérationnelles.

2. La seconde des réformes, structurelle elle aussi, devrait consister à une profonde refonte de la fiscalité, toute la fiscalité (cf rapport de la Cour des Comptes). L’objectif étant de rétablir une fiscalité plus claire, plus progressive et surtout efficace pour la vie des citoyens.

Le niveau de prélèvement élevé en France n’est pas gage d’une bonne redistribution sociale. Au contraire même  : certaines dispositions amènent la majorité à cotiser pour les avantages de minorités. L’impôt sur le revenu est un gruyère où les plafonnements d’exonérations sont fictifs.

La TVA s’applique de manière homogène sans prendre en compte la réalité des entreprises.

La fiscalité locale est complexe et illisible, de la constitution de la «  valeur locative  » en passant par les canaux de redistribution aux collectivités.

Les cotisations patronales et salariales ne sont pas suivies de la source à l’arrivée, aboutissant par exemple à des financements syndicaux ou patronaux interposés, notamment par le biais des 1% formation et autres x% thématiques.

La répartition de l’effort fiscal et la redistribution des ressources devrait constituer l’un des fondements de l’action publique, notamment sur le volet du contrôle et de la régulation  : aujourd’hui, c’est l’inverse qui a lieu.

3. La troisième des réformes, organisationnelle et structurante, devrait consister à redonner du sens, du contenu et des règles tant à l’école que dans le monde du travail. Il s’agit ni plus ni moins de remettre du mérite dans le système, non pas pour produire des élites, mais pour diversifier les excellences et conduire des générations de jeunes – et d’anciens via la formation continue – à des savoirs-faire professionnels, qualifiants et valorisables sur le marché.

L’école ne peut plus continuer à fonctionner sur un système dual aboutissant à une organisation du travail hyper-segmenté où le management «  à la française  » se traduit par marche ou crève, sans jamais se poser la question de l’émulation, du gagnant-gagnant ou des perspectives d’évolution  : le pire ce n’est pas d’être au SMIC, c’est de savoir que l’on va y rester.

Ce sens peut également se traduite par une meilleur redistribution des revenus, par la législation et l’encadrement des hautes rémunérations, par l’encadrement des pratiques de prix, qu’il s’agisse du bâtiment ou de la médecine, sans aller dans la rédaction de prix, mais en passant par la transparence obligatoire sur les prestations. Impossible alors de vendre une maison 100K€ alors qu’il y en a pour 5K€ de matériaux le tout en indiquant que ce sont les prestataires qui font du sale travail... Même chose pour des praticiens organisés qui facturent 45€ la consultation sur un secteur sans en justifier la raison. Même chose encore lorsqu’il s’agit des rémunérations  : difficile d’accepter un PDG à 200K€/an quand 95% des salariés évoluent au SMIC...

Redonner du contenu à l’école, c’est aussi redéfinir le contenu et les moyens de la recherche, renforcer les universités, alimenter les cours par des éléments de savoir pratiques, qualifiants, proche des réalités mais aussi prospectifs pour l’avenir.

S’il s’agit dans les premières années d’école (jusqu’en 5ème) de donner aux élèves des savoirs de base communs, il s’agit à l’inverse après la 5ème de permettre de tester des disciplines pour en faire son métier et sa spécialité.

4. La quatrième des réformes, organisationnelle également, pourrait consister à redéfinir le champ d’action de la sphère publique – régalien notamment - pour assurer les infrastructures et les services sans aller s’imbriquer dans la sphère privée. Aujourd’hui l’action publique se mêle avec l’action privée, venant dans nombre de cas parasiter le développement d’entreprises.

Parallèlement il s’agit également de redonner du poids aux PME, en définissant des règles favorisant leur essor et empêchant le phénomène actuel d’entreprises mondialisées qui avalent tout ce qui pousse et laissent sur le terrain que des micro-entreprises. Sans moyennes entreprises, il ne peut y avoir de génération d’emplois.

L’économie française est beaucoup trop centralisée et dépendante de mastodontes sous lesquels rien ne peut pousser.

Enfin il s’agit également de soutenir la création d’activités par la mise en place beaucoup plus large et démocratique de structures «  pépinières  » permettant aux idées de jeunes entrepreneurs de prendre corps par un soutien matériel pendant les premières années. Ceci est particulièrement vrai pour les services et l’ingénierie.

On pourra à l’inverse éviter les «  offrandes  » au privé lorsqu’un investissement public rapporte, comme les autoroutes partiellement vendues à prix cadeaux à quelques entreprises privées (Vinci, Bouygues, Eiffage) qui, non seulement dégagent du bénéfice (1G€/an) mais en plus augmentent les péages  ! L’état devrait être le garant attentif de la valorisation de son patrimoine et de la rentabilité de ses investissements lourds.

5. La cinquième des réformes, prospective et de vision, serait de projeter le pays vers d’autres voies de développement, plus forcément fondé sur le quantitatif PIB, mais vers du qualitatif.

Ce qualitatif, cela peut être l’économie verte, l’économie de la connaissance, la génération de nouveaux services, la recherche, et plus encore la qualité de vie.

Il peut aussi passer par la force de la productivité (temps de travail ou organisation), la solidité des règles équilibrées encadrant le travail, la qualité de vie dans les entreprises, la qualité de l’encadrement et de la préparation des sportifs de haut niveau, et même encore par bon nombres d’autres voies donnant à la France un «  attrait  » par sa qualité globale de vie.

Nous savons qu’il ne sera plus possible de lutter financièrement face à des pays où la main d’oeuvre est moins onéreuses pour des tâches simples. Nous devons donc former les individus à produire quelquechose de plus complexe pour avoir une rémunération adapté au niveau de vie du pays.

L’importance du maintien des savoirs-faire, des brevets et des outils de production sur le sol français est vitale  : l’état doit protéger et soutenir ses activités, d’où l’impérieuse nécessité de définir des règles cassant les licenciements alors que l’entreprise génère des profits.

6. La sixième des réformes, organisationnelle et fonctionnelle, serait de redonner du sens au dialogue tout en limitant le poids du politique à tous les étages.

Un Etat fort n’est pas nécessairement un état où intervient une pléthore d’élus. La force d’un Etat c’est de garantir un panel de droits, de libertés et de justice large à ses citoyens.

La trop grande implication du politique (comme en Chine) induit des comportements biaisés, des grilles de lecture «  double  » qui ne prennent plus forcément en compte du rationnel, mais de l’opportun ou de l’admis. Une trop grande implication du politique conduit à une radicalisation des pensées, blocs contre blocs, entraînant de fait des décisions unilatérales de «  groupe  » et non plus des choix issus d’un dialogue constructif.

En clair, le fait d’avoir tous les ans une élection, à tous niveaux de décision une représentation politique, induit des comportements qui ne sont plus professionnels mais tributaires des convictions de chacun. Certaines entreprises ne pourront jamais voir leur activité être soutenu parce que de connotation «  de gauche  » sur un territoire «  de droite  » et inversement.

C’est exactement la même chose pour les projets, les associations, les permis de construire etc...

Moins d’élus, mais mieux d’élus à des échelons plus pragmatiques, ce serait aussi beaucoup plus de décisions techniques fondées sur des faits.

Plus de dialogue -sans préalables ni décisions prises d’office- et moins de blocages, ce serait aussi de redonner une existence réel à des syndicats marginalisés par des pratiques de management «  par la peur  » qui ne permettent pas à ceux qui en auraient le plus besoin d’avoir des relais de représentation sur leur lieu de travail.

C’est toute la question de la représentativité syndicale et plus encore de la part de syndiqué qui est à poser  : des syndicats plus forts, moins nombreux et beaucoup plus associés à toutes les décisions, seraient un gage de décision efficaces sans utiliser inutilement l’arme de dernier recours  : la grève.

Il suffit de voir la méprise du gouvernement pour des accords pourtant signés entre syndicats et patronat pour comprendre l’un des maux français le plus profond  : l’incapacité à décider avec l’autre.

7. La septième des réformes, culturelle, est sans doute la plus difficile mais aussi la plus importante à mes yeux  : changer le mode de management par la peur à la française.

Il suffit d’écouter les français pour s’en rendre compte  : un mal rampant mine les troupes.

Derrière les belles statistiques se cachent l’étonnante impression de «  bosser comme des chiens  », de «  travailler pour des vampires  » et plus largement de perdre du sens dans le travail.

L’organisation pyramidale des entreprises ou la féodalité de certaines administrations entraînent une surconcentration des pouvoirs de décision en haut, une déresponsabilisation en bas, un jeu de petit chef usant au milieu. Le management à la française n’est pas construit sur la prise d’initiative ou le soutien à l’émulation, mais plutôt sur la peur collective, la promotion à la loyauté du silence et même bien trop souvent la promotion à la médiocrité.

Celui qui sort du moule, qui propose, tente, essaye et peut parfois se louper n’est pas pardonné  : il faut se faire respecter dans les urgences, dans les menaces, dans les provocations. Culturellement nous n’essayons pas de «  conduire des équipes  » mais plutôt de «  survivre le plus longtemps à la tête de celle-ci  », le mode de management ministériel en étant une triste caricature  : «  Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne  ».

Il serait grand temps de passer à autre chose vers un discours plutôt basé sur le  : «  Un ministre ça propose des idées et des solutions à mettre en oeuvre ou bien cela fait un autre travail  ».

Pour prêter à réflexion, mieux vaudrait travailler 30h/semaine dans des conditions de management optimale mobilisant les bonnes compétences au bon moment, plutôt que de reconnaître les «  forcenés  » du travail à 60h/semaine qui passent le plus clair de leur temps à la machine à café et à la boîte mail pour dire aux autres toutes les erreurs qu’ils ont commises ... sans avoir lu la dernière version.

Cela s’appelle l’efficacité, et on a encore clairement de la marge en France.

La liste pourrait s’allonger de dispositions encore plus pragmatique sur des thèmes clairs et dimensionnant comme le logement (25% des budgets des français), la santé (à quand un gouvernement qui ne cède pas face aux médecins et reconnaît les excès (cf rapport de l’IGAS), la justice (que dire d’élus qui fraudent des élections et risquent au pire 1 an avec sursis et 15 000€ d’amende alors que le moindre casseur de bijouterie en prendrait pour 20 ans  ?), l’outre-mer (grève général en Guadeloupe – rappelez vous mai 67 précurseur...- la Guyane l’était il y a 3 mois). D’ailleurs sur ce dernier point, la gronde est telle que ce sont toutes les Antilles qui frôlent la révolte, toujours pour les mêmes raisons  : un pouvoir d’achat en berne, des gens qui s’en mettent plein les poches et des défaillances structurelles ...
 

VI Conclusions  ?

La France a clairement besoins de réformes, les français en sont conscients et le disent.

La question essentielle consiste à définir lesquelles, pour faire quoi et comment  : le contenu est décisif.

L’année 2009 sera sans aucun doute une année très difficile pour de nombreux français, avec une récession à la clef (-2% de croissance selon toute vraisemblance) et une hausse forte du chômage.

Le plan de relance, fictif, n’est qu’une avance de trésorerie complétée par des jeux de prêts. Ne visant que l’offre, il en oublie de soutenir la demande prétextant que cela encouragerait le déficit de la balance commerciale... Cette dernière remarque est totalement déconnectée des liens de cause à effet, puisque c’est la structure même des nos jeux d’import-export (libre échange et économie de marché) qui occasionne ce déficit mécanique.

Ne pas soutenir la consommation sous ce prétexte renvoie à 2 écueils majeurs  :

  1. Si les autres pays de l’UE relancent via l’investissement ET la consommation, alors ces derniers nous font aussi vivre de l’argent qu’ils injectent  : quand on parle d’action coordonnée à l’échelle de l’UE, il semble difficile que la France face jeu à part et bénéficie de l’argent de ses copains...

     

  2. Si la consommation creuse le déficit de la balance commercial  : faut-il incriminer les consommateurs ou bien le fait de s’être trop exposé aux importations  ? Cela revient à dire aux français qu’il ne faut plus les payer dès maintenant sous prétexte qu’ils vont aller acheter des produits étrangers alors qu’on a vendu leur savoir faire et leurs entreprises à leur détriment. Absurde.

     

Focalisé sur la trésorerie et les projets déjà inscrits (cf CPER et jeu de crédits de paiement) ce micro-plan de relance n’en cache pas moins un dérapage budgétaire significatif notamment constitué d’une notable baisse des recettes de l’Etat (paquet fiscal, exonérations multiples et variées) avec une hausse notable de certains «  trous  » budgétaires, le tout avec des budgets thématiques à volume constant dégradés (éducation, justice, recherche, etc...).

Parmi ces trous budgétaires, on citera entre autres la SECU (budget annexe mais quand même), le financement des retraites (dont l’impact de la loi Fillon de 2003 a été épinglé du reste pour son inefficacité et sa capacité à envoyer encore plus vite les actifs en pré-retraite), le poids de la dette et des intérêts de celle-ci.

L’état français vit clairement au dessus de ses moyens.

Il continue néanmoins a poursuivre les erreurs commises depuis plusieurs décennies  :

politique du carnet de chèque, effets d’annonce à grands frais, déficit budgétaire, resserrement fiscal sur la classe moyenne, largesse fiscal pour les extrêmes du spectre.

Il ne prépare en rien l’avenir et amène les français à devoir se «  driver  » eux-mêmes, non seulement pour s’en sortir au jour le jour, mais aussi pour se déterminer un avenir.

Et c’est bien cela dont il s’agit  : l’avenir.

2009 sera une année de crise, certes. Mais cette crise doit servir pour faire mieux après.

Or, nous ne construisons pas aujourd’hui les succès de demain, bien au contraire.

L’absence d’ambition concrète pour les jeunes, pour les banlieues, pour les séniors, bref pour les français qui ont ou auront la charge de construire la «  France d’après  » est un fardeau lourd de sens.

L’absence totale de vision, de déontologie et même plus encore de respect pour les générations à venir compte tenu des dettes et de la situation écologique mondiale est une provocation intenable.

Intellectuellement, les jeunes devront se faire à l’idée que leurs «  vieux  » leur ont construit un monde bancal et inégal, qu’ils pouvaient agir mais qu’ils ont renoncé pour mieux se complaire dans la suffisance, la facilité voire l’égoïsme.

La vie démontre que pour survivre, il faut savoir s’adapter.

Le défi de ce siècle, est à mon sens dans ce mot  : l’adaptation.

Nous avons plusieurs énormes défis à relever, dont le plus important réside dans le fait d’adapter notre mode de développement à un monde fini. Nous pouvons encore un temps fermer les yeux et jouer aux imbéciles, en produisant n’importe quoi n’importe où à n’importe quel prix. Mais cela ne pourra durer éternellement sans occasionner de lourds conflits.

L’avenir appartiendra à ceux qui comprendront qu’il est nécessaire de changer de cap pour respecter cette nouvelle donne, qu’il n’est plus possible de se développer seul dans son château de dorures sans avoir à un moment la responsabilité d’améliorer la vie du voisin, qu’il n’est plus possible de produire des voitures et de consommer du pétrole à foison (modèle des années 60 dépassé) sans se poser la question des limites, qu’il n’est plus possible de tout balancer à la poubelle sans se poser la question de l’état de l’environnement, qu’il n’est plus possible de former des générations d’enfant à des savoirs généralistes dépassés quand la société exigent de la compétence pratique...

Bref il est grand temps de changer de repères et de buts.

Voilà pourquoi B.Obama porte un espoir  : parce qu’il porte en lui la capacité d’amener du nouveau, autre chose, d’autres idées. Je ne dis pas qu’il réussira. Je dis qu’il est le vecteur de cet espoir-là.

C’est tout le défi que nous avons à relever en France dans ce siècle  : avoir enfin un espoir porteur de renouveau. Voilà pourquoi il faudra bien un jour que la «  révolte  » ait lieu pour faire entendre cette petite musique là.


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