2017, sombres perspectives…

par Daniel MARTIN
mardi 16 décembre 2014

Au vu l’état de l’opinion et du résultat des diverses élections partielles, sauf retournement très improbable de la situation, on s’achemine vers un duel LE PEN - SARKOZY au second tour des Présidentielles de 2017, à moins que les « affaires » et la justice ne stoppe ce dernier. Ni HOLLANDE ou une autre candidature PS, ainsi que JUPPE qui ne maîtrise plus l’appareil UMP au main de SARKOZY et dont les chances aux primaires de ce parti sont faibles, encore moins BAYROU ou MELENCHON, ne sont en mesure de s’imposer. Avec l’introduction des primaires, comme nouvel usage pour » sélectionner » une candidature à l’élection Présidentielle, quelle que soit la formule d’élargissement plus ou moins large de l’électorat, tant à Gauche qu’à Droite que va choisir le parti politique le plus important, celui ou celle qui aura en final les « préférences » de l’électorat concerné, sera généralement « l’apparatchik » qui maîtrise le mieux le parti dominant dans lequel il a su tresser les liens utiles, tant à l’intérieur, qu’à l’extérieur, en particulier avec les lobbys, de la finance et des affaires, ainsi que des médias les plus influents. Mais l’importance des liens tissés à l’extérieur est surtout vrai pour les deux principaux partis, dont sera issu le, ou la futur(e) Président(e). Pour les autres, c’est essentiellement à l’intérieur du parti le plus important, en cas de coalition, que la partie se joue entre les concurrents. Il est toutefois possible que la machine s’enraye et qu’une candidature en marge de ce scénario bouleverse les données, c’est ce qui peut se passer avec celle de Marine (ou plutôt pour l’état civil : Marion, Anne Perrine) LE PEN, bien que cette candidature ne compromette guère les puissants intérêts des « Croissantistes » de la Finance et du CAC 40…

Mais pourquoi une candidature LE PEN ne gênerait-elle pas les lobbies de la Finance et du CAC 40 qu’elle ne cesse de dénoncer ? 

A l’instar de François HOLLANDE qui dans son discours du Bourget en 2012, pendant la campagne électorale des Présidentielles, affirmait vouloir en découdre « avec ce monstre sans visage qu’est la Finance Mondiale » mais une fois élu se rendait à la City de Londres temple de la Finance pour les rassurer, Madame LE PEN a beau déclamer « contre la Finance et la mondialisation », elle n'aurait pas plus de pouvoir que MELENCHON, SARKOZY ou Hollande, dès lors qu’elle se garde bien de remettre en cause le puissant pouvoir des Banques et des marchés Financiers, et malgré sa proposition de « grand service public Bancaire » cela ne les dérange guère. Sachons le une fois pour toutes : Aujourd’hui en Europe, ce sont les banques et les marchés Financiers qui gouvernent et non les politiques.

Les marchés financiers et les banques ont pris le gouvernail de l’économie. La Bourse et les agences de notation privées dictent les politiques aux états qui ont capitulé. Ce n’est pas seulement le gouvernail de l’économie, mais le pouvoir politique et la direction des affaires internationales, avec des guerres d’assujettissement à leur domination, que les dirigeants des Banques ont pris, soit directement par la mise en place de gouvernements « techniques », ou de leurs représentants aux postes Ministériels à leur solde.

Déposséder les Banques de leur pouvoir et de leur doit d’émission de la monnaie, c’est possible et souhaitable, car cela fera baisser le désendettement. Mais ce ne sera pas pour autant synonyme de croissance, désormais impossible et doit se faire dans un cadre Européen cohérent et non comme le suggère Mme. LE PEN en dehors de ce cadre.

Voila ce que j’écrivais il y a déjà quelques temps

La BCE est totalement indépendante, c’est une aberration, car ni elle même, ni les banques centrales nationales de l’Euro-système, ni les membres de leurs instances de décision ne peuvent solliciter ou accepter d’instructions d’un autre organisme. Les institutions de l’Union européenne et les gouvernements des États membres sont également tenus de respecter ce principe. Il y a urgence à abroger ces dispositions et à prendre les mesures suivantes :

- 1- Les Etats de la zone Euro doivent reprendre le pouvoir économique par une participation majoritaire, ou dans certains cas des minorités de blocage, dans le capital des principales banques privées Européennes, ou procéder à des nationalisations locales coordonnées dans le cadre d’un schéma de cohérence Européen. C’EST POSSIBLE, l’Espagne avec un Gouvernement Libéral et avec l’aide de fonds Européens a d’ailleurs nationalisé en 2012 et 2013 des Banques. Voir revue Challenge du 08 Février 2013 qui titrait : « L’Espagne va Nationaliser une nouvelle Banque ».

- 2- Sous réserve de la mise en place d’une autorité Européenne de contrôle pour éviter la dérive de la planche à billet (mission qui peut être confiée à la BCE), les Etats doivent également reprendre leur souveraineté monétaire, c’est dire le droit d’émission de la monnaie et le retour à la spécialisation bancaire (interdire aux banques de dépôt de spéculer par des opérations boursières, pour les opérations boursières il y a des banques d’affaires. A cet effet la réforme MOSCOVICI était loin d’être satisfaisante puisqu’elle ne sépare pas réellement sur le plan juridique les banques de dépôt et les banques d’affaires)

- 3- Autoriser les Etats Européens à emprunter directement auprès de la B.C.E. et des banques centrales des Etats, ce qui suppose une révision du traité de Lisbonne et l’abrogation de son article 123, ratifié suite à un déni de démocratie, lequel stipule : « il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres (...), d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales (...) ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite »

Est-il normal que des Etats (comme la France) empruntent plusieurs centaines de Milliards d’euros à des taux d'intérêt à 2 %, parfois plus, à des banques privées qui ont emprunté à 0,15% auprès de la banque centrale Européenne (BCE) ?...

Pour sortir de cette situation, et permettre au Gouvernement Français d’agir pour imposer ces mesures au niveau Européen, au nom du principe de subsidiarité, il faudrait d’abord inscrire ce principe dans la Constitution, par le rajout d’un nouvel alinéa à l’article 1, ainsi libellé :

« En vertu de ses principes de libre détermination, la République, par son gouvernement a obligation de contrôler et réguler l’économie en reprenant son autorité sur la banque de France, les banques publiques, ainsi que son droit d’émission de la monnaie en veillant à ce que le volume monétaire disponible corresponde aux ressources consommables, conformément aux dispositions définies par la loi ».

Les remèdes de Marine LE PEN, pire que le mal, elle n’intègre, ni les problème de surpopulation, ni les limites des ressources naturelles, au premier rang desquelles les énergies fossiles 

Modifier ainsi la Constitution qu’un référendum validerait sans problème, sauf que Madame LE PEN n’a nullement envisagé cette hypothèse et nous amuse avec un faux nez de la sortie de l’euro ou de l’UE, dont les Banquiers et le Financiers se moquent royalement dès lors que elle ne compromet pas leur puissant pouvoir. Même si elle a largement revu les bases posées par son père. Fini le FN ultralibéral, favorable à moins d'Etat et moins d'impôts, Marine LE PEN ne garde que le souverainisme et la préférence nationale. Désormais, elle plaide pour le retour du « colbertisme ». A son programme : un impôt sur le revenu plus juste, la nationalisation des entreprises des secteurs stratégiques, un grand secteur public bancaire, Sauf qu’un secteur bancaire public ou privé ne change rien si son pouvoir et le droit d’émission de la monnaie échappe à l’état. Voilà le nouveau FN : interventionniste, protectionniste, national, social et même redistributeur ! A condition de ne pas être un immigré... Sauf que pour réduire le coût du travail et être compétitif à l'étranger, cela veut dire aussi que « Tout ce qui est produit hors de France augmentera mécaniquement de 20% à 25% », sinon beaucoup plus, en particulier le baril de pétrole qui ne restera pas éternellement à 60 dollars le baril pour affaiblir l’économie Russe, car les dictatures Arabo Pétrolières aux ordres des USA seront contraintes de faire face à leurs gros besoins de consommation... Par ailleurs « La baisse du franc fera peut-être le bonheur du CAC 40 et des grands exportateurs, mais elle ruinera les PME qui vivent en consommant des biens importés », rappelle Olivier PASTRE, professeur à l'université Paris- VIII et coauteur de « On nous ment » (Fayard). Enfin, une dévaluation s'accompagne généralement d'un gel des salaires (tous les plans d'ajustement du FMI le prévoient)...

Le FN se garde bien de le claironner, et promet au contraire de rétablir la bonne vieille « échelle mobile des salaires », c'est-à-dire leur indexation sur les prix, en vigueur avant 1983. Mais si le coût du travail augmente, l'effet positif de la dévaluation sur la capacité à exporter ne saura durer. « Cela finira forcément par une baisse encore plus forte des salaires », prévient Véronique DESCACQ, secrétaire nationale de la CFDT. Avec des manifestations considérables et sévèrement réprimées, avec des restrictions drastiques du droit de grève et des syndicats mis au pas par la force… Pour le plus grand plaisir des Banquier et Financiers Européens…

Le dernier faux nez du FN avec l’écologie

Le FN fait du « greenwashing », c'est-à-dire de l’éco blanchiment, lequel consiste, par exemple, pour une entreprise à orienter ses actions marketing et sa communication vers un positionnement écologique. C’est le fait souvent, de grandes multinationales, dont les activités polluent excessivement et qui pour détourner l’attention, dépensent dans la communication pour « blanchir » ou plutôt verdir leur image.

Après les enseignants, les étudiants et les jeunes actifs, le Front National investit un nouveau domaine, pour le moins inattendu : l’écologie. Encore un faux-nez pour le FN : Marine Le PEN et Florian PHILIPPOT ont lancé un collectif baptisé « Nouvelle écologie », le Mercredi 10 Décembre 2014 à Paris.  « Il ne faut pas créer un nouveau totalitarisme, il faut sortir de l’écologie punitive », clame, en guise de définition, lors de sa présentation, le président du collectif, Philippe MURER, économiste un temps proche de Jacques SAPIR et auteur d’un court essai sur la transition énergétique aux éditions Mille et Une Nuits. Localement, cette association devra aider le FN à verdir son discours et tenter d’attirer des associations environnementalistes.

Pourquoi dire que c’est un faux nez et non une réelle volonté écologique ?

Un exemple, en Mars 2012 Marine LE PEN interrogée par le magasine « TERRAECO » on pouvait noter la superficialité de son engagement écolo avec les extraits de cet entretien :

Une fiscalité écologique ? « Non, il faut arrêter la fiscalité à tout prix. Les gens n'en peuvent plus.

Pas de taxe carbone non plus  ? Rien. Je pense que la seule façon de baisser les émissions de gaz à effet de serre, c'est de revenir à un modèle rationaliste, d'arrêter la course au libre-échange ».

Que fait-on avec le nucléaire ? « Il n'y a aucune autre alternative crédible au nucléaire ».

Les énergies renouvelables ? « Les éoliennes, c'est immonde. C'est laid, c'est cher, ça ne sert à rien, arrêtons là ».

Selon vous, les changements climatiques n'existent pas ? « Je ne suis pas sûre que l'activité humaine soit l'origine principale de ce phénomène ».

Vous remettez en cause les conclusions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ? « Ce ne sont pas les travaux du GIEC qui peuvent établir avec certitude que l'homme est la cause du changement climatique. Mon père m'expliquait quand j'étais petite que le Sahara gagnait déjà un kilomètre par an ».

Vous allez recruter Claude Allègre ? « Pourquoi pas ! Le GIEC, ce sont les prêtres et les évêques du changement climatique ».

Parlons agriculture ? « Le bio est une dictature, avec des histoires de gros sous enrobées dans des bons sentiments ».

Il est évident que le modèle « rationaliste » de la Présidente du FN se résume globalement au modèle libéral.... Marine LE PEN est pour le nucléaire, sans penser le moins du monde à ses inconvénients et il ne lui viendrait pas à l’esprit que l’arrêt d’un réacteur Nucléaire peut et doit être compensé par des énergies de substitution non fossiles et une baisse de la consommation d’électricité équivalente. Elle n’envisage surtout pas que pour maintenir notre niveau de vie actuel il faut réduire le nombre de consommateurs, sinon il faut réduire leur niveau de consommation. Elle pense que la science va nous sauver tout en ne faisant pas confiance aux scientifiques du GIEC, elle préfère les analyses de son père !!! Lequel attaque ardemment les objecteurs de croissance : « Une autre idéologie, née en 1972 avec les thèses du Club de Rome, préconise pour sauver la planète de la surpopulation et de la surproduction, l'arrêt de la croissance. Elle considère que l'humanité constituant une espèce dangereuse pour l'environnement, il faut en réduire les activités et la population…Les plus modérés suggèrent juste un ralentissement de la croissance, les plus radicaux militent pour un retour à un âge d'or. Cette idéologie, d'apparence bucolique, est en réalité plus criminelle que celles qui ont ensanglanté le siècle dernier…Ce n'est pas en freinant la croissance économique de nos nations que nous protègerons notre environnement ». Et que dire lorsque le bio est pour Marine la recherche du profit et non de la santé de la terre, elle ne s'interroge pas du tout sur l'agriculture intensive dont le profit est le seul moteur.

Même si un "penseur" du FN, Alain de BENOIST, a écrit un bouquin en faveur de la décroissance et consacre dans sa revue « Eléments » (trimestriel) un texte à ELLUL, ou dénonce la ferme des 1 000 vaches et la nécessité d'abattre le capitalisme. Mais les électeurs du FN en masse, ne lisent jamais la revue intello d' Alain de BENOIST, et en ont que faire de l'écologie… Pas plus que Marine LE PEN qui reste dans la logique politique de son père et doit plaire à son électorat, en leur démontrant qu'elle pense comme eux...


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