2019 : référendum pour l’indépendance de la Californie

par Clark Kent
lundi 14 novembre 2016

Au printemps 2019, les Californiens iront aux urnes pour décider par référendum si la Californie devrait quitter l'union fédérale.

Cette consultation est l’objectif de la « Yes California Independence Campaign » qui soumettra en 2018 aux électeurs de l’état ce projet qui, s’il est adopté, débouchera sur une consultation des citoyens Californiens qui pourront voter pour ou contre l'indépendance de la Californie des États-Unis.

La Californie est la sixième puissance économique du monde, plus puissante sur le plan économique que la France et elle est plus peuplée que la Pologne. Cet état rivalise avec les grands pays, et pas seulement avec les 49 autres états américains que beaucoup de Californiens ont l’impression de « subventionner ». Mais ce n’est pas là le principla objet du référendum : il s'agit du droit à l'autodétermination et de la notion d'association volontaire, deux éléments du droit constitutionnel américain et du droit international.

Il s'agit pour la Californie de prendre sa place dans le monde sur le même pied que les autres nations. Une bonne partie de la population considère qu’être un État des États-Unis ne sert plus l'intérêt supérieur de la Californie. Sur des questions allant de la paix et de la sécurité aux ressources naturelles et à l'environnement, il est devenu évident pour eux que la Californie serait plus cohérente en tant que pays indépendant.

Les Californiens participent par leurs impôts à l’énorme budget militaire américain, et ils sont envoyés, comme les autres citoyens, pour combattre dans des guerres qui contribuent souvent davantage à perpétuer le terrorisme qu’à l'abattre. Ne pas faire partie de cet état fédéral ferait de la Californie une cible moins susceptible de représailles par les ennemis de l’ »empire ».

Lors de l’élection présidentielle du 8 novembre dernier, 61 % des Californiens ont voté pour Hillary Clinton, alors que Trump n’a recueilli dans cet État que 33 % des voix. Le 9 novembre, le sondage sur l’intenton des Californiens à se séparer du reste des États-Unis a été publié sur le compte Twitter officiel de la campagne en faveur du référendum. Près de 16 000 personnes y ont participé, dont 76 % se sont prononcées pour l’indépendance et contre l’accord de partenariat transpacifique.

L'indépendance signifierait que le fruit des impôts seraient conservés en Californie et utilisés sur la base des priorités fixées par les citoyens et non par le gouvernement fédéral. Le but du projet en matière fiscale est de rembourser les dettes actuelles imposées par d’autres et en d’éliminer progressivement l'impôt sur le revenu actuel de l'État.

La diversité des populations est un élément central de la culture californienne et un élément indispensable de son économie. En tant qu'Etat des États-Unis, le système d'immigration a été conçu en grande partie par les 49 autres États il y a trente ans. Ce système d'immigration a depuis négligé les besoins de l'économie californienne et a blessé beaucoup de familles californiennes. L'indépendance signifierait que la Californie serait en mesure de décider quelles politiques d'immigration ont un sens pour sa population, sa culture et son économie.

Certains minerais et autres ressources naturelles comme le charbon, le pétrole et le gaz naturel sont exploités en Californie à des taux inférieurs à la valeur de marché par des sociétés privées avec la l’accord du gouvernement des États-Unis. La plus grosse partie des taxes perçues est retenue par le gouvernement des États-Unis qui paie une partie de ses dettes avec ces redevances. L'indépendance se traduirait par le contrôle par la Californie des 46% détenus par le gouvernement des États-Unis et ses agences. Le contrôle des ressources naturelles permettrait d’être le seul bénéficiaire des redevances perçues.

La Californie est le chef de file mondial en matière d'environnement, mais n’est pas représentative d’un pays qui représente moins de cinq pour cent de la population mondiale tout en consommant un tiers du papier mondial, un quart du pétrole mondial, 27 pour cent de l'aluminium, 23 pour cent du charbon et 19 pour cent du cuivre. L'indépendance signifierait que la Californie serait capable de négocier des traités non seulement pour réduire l'impact humain sur le climat, mais aussi pour contribuer à la durabilité des ressources mondiales.

La Loi sur les soins abordables a été promulguée par le gouvernement des États-Unis pour abaisser le coût des soins de santé et étendre la couverture d'assurance maladie aux non-assurés, mais des millions de Californiens n'ont toujours pas accès à des soins de santé de qualité parce qu'ils ne peuvent pas se le permettre. Pour beaucoup, l'accès aux hôpitaux et à la médecine est une question de vie ou de mort. L'indépendance signifierait le financement de programmes de soins de santé et l’accès aux médicaments pour tous. La Californie veut rejoindre le reste du monde industrialisé pour garantir les soins de santé comme un droit universel pour tous les peuples.

La Californie a quelques-unes des meilleures universités, mais ses écoles sont parmi les pires du pays. Non seulement cela prive les enfants de l'éducation qu'ils méritent, mais cela coûte aux contribuables des milliards de dollars en services sociaux pour prendre en charge les dégâts causés par une mauvaise éducation. L'indépendance signifierait que le pays serait en mesure de financer pleinement l'éducation publique, de reconstruire et de moderniser les écoles publiques, et d’offrir aux enseignants des écoles publiques et les salaires qu'ils méritent.

Les mouvements en cours aux Etats-Unis après l’élection de Trump qui a mis au jour de clivages que l’establishment dissimulait ou feignait d’ignorer ne sont pas la production d’une génération spontanée. Ils sont la manifestation tangible de projets qui vont bien au-delà de simple sentiments de frustration ou de « régionalismes ». Il s’agit tout simplement du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », slogan souvent utilisé dans l’histoire, et encore récemment, pour justifier l’ingérence des Américains dans les parties sensibles du globe. L’ironie de la situation est qu’ils sont aujourd’hui confrontés à cette revendication sur leur propre sol.


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