2019, Révolte ou révolution électorale ?

par REMY Ronald
mercredi 3 avril 2019

 

Comme nous l’avions écrit fin 2018, le 23 Avril 2019, jour de dépôt des candidatures pour l’élection européenne (jusqu’au vendredi 3 mai) représente la date limite que nous avions laissé à chaque parti pour remettre leurs avis et propositions concrètes de sortie de crise. Un exercice de communication qui ne consiste pas à ressortir leurs vieux programmes dogmatiques éculés qui ont tant desservi le pays. Ils doivent tous accoucher d’un texte propositionnel en réponse à la forte demande populaire exprimée par un « dégagisme » non encore assoupis. Passée cette date, les frustrations populaires pourraient se cristalliser dans la rue ou/et dans les urnes. Les apparatchiks conservateurs de tous partis qui joueraient avec la montre et prendraient les français pour des imbéciles, joueraient clairement avec le feu.

Le Grand Débat National a de facto reconnu et soutenu notre demande de l’indispensable dialogue direct avec les citoyens et de remise à plat de dossiers sujets à polémique. Malgré les violences, les obstructions et les appels au boycott d’un côté, malgré les limites et les censures imposées de l’autre, ce débat général a été néanmoins à la fois une réussite et objectivement fécond.

 

Certains modes décisionnels centralisés, opaques, autarciques, avec évidentes insuffisances de démocratie, de communication, de transparence, de consultation des corps intermédiaires, d’interrogation des institutions démocratiques nationales et locales ont été soulignées (la gestion occulte du discrédité Pacte de Marrakech sur l’immigration n’était, hélas, pas le seul indice de dysfonctionnement de notre Veme République). Les élus locaux qui s’étaient sentis délaissés voire méprisés pendant la période 2017-2018, devenus chevilles ouvrières de cette vaste consultation citoyenne, ont ainsi vu leur utilité et leurs doléances affichées au grand jour.

Pour la première fois, un débat sérieux est envisagé sur nombre de dossiers oubliés jusqu’ici : représentation des usagers dans les Conseils d’Administration des services publics (privatisés ou non), plafond institutionnalisé des prélèvements obligatoires (une sorte de bouclier fiscal élargi aux charges sociales), taxation de l’énorme flux de produits spéculatifs toxiques (appelés « dérivés » et gérés hors bilan par les banques), transparence sur l’énorme budget de 11 milliards d’Euros sur la filière EPR (en 11 ans, sans produire un watt d’électricité !), etc.

 

Cependant, la prolongation du débat national a été ressentie comme une manœuvre dilatoire afin de retarder les prises de décisions gouvernementales (certaines estimées urgentes). Gouverner, c’est effectuer des choix. A force de reports et de procrastinations, l’absence de compte-rendu synthétique officiel et surtout l’absence de décisions du gouvernement empiètent maintenant sur la campagne électorale des européennes. A cette absence du programme gouvernemental « réactualisé » tant attendu pour la France, s’ajoute une caricaturale absence de programme « réactualisé » pour l’Europe ! Lors du lancement officiel de la liste « RENAISSANCE » le 30 Mars, les participants (bien moins nombreux qu’à la présidentielle : 3.000 seulement, en comprenant les bus régionaux, les ministres, sénateurs, députés, élus LaREM et partis « associés », ainsi que les nombreuses forces de sécurité) ont découvert que le programme électoral européen n’était pas prêt. Le programme censé unifier ces partis associés et ce premier lot de 30 candidats de « rassemblement » ne sera pas disponible avant mi-avril ?!..

A cela, s’est ajoutée la déception de découvrir que la tête de liste Nathalie LOISEAU a le charisme électoral d’une huitre. Cette ex Ministre des Affaires Européennes (du 21 Juin 2017 au 27 Mars 2019), ex Directrice de l’ENA (de 2012 à 2017), n’a guère brillé sur plusieurs dossiers européens. Cette fade bureaucrate a été cependant absoute de ces échecs européens successifs, au prétexte que les décisions européennes ne relèvent pas de son autorité mais de l’unanimité des chefs d’Etats. Hors, à la fin de son long et ennuyeux discours (un discours ânonné de répétitifs « merci Alain Juppé, merci Edouard Philippe, merci Richard Ferrand, merci Jean-Yves Le Drian, merci tel candidat, merci telle candidate, etc. », presqu’une trentaine de remerciements soporifiques pour remplir un discours d’un creux abyssal), qu’annonce t’elle ? La mortelle poursuite de la politique erronée antérieure qui a tué l’Europe ! « Madame bigorneau » refuse toute Europe à géométrie variable !

 

A ce moment précis, mon envie d’assoupissement prit fin et mon sang ne fit qu’un tour. Car c’était pour nous un nouvel éclatant refus d’écoute des citoyens français et des peuples d’Europe qui en ont vraiment marre de l’impuissance et de l’incompétence. Son message européen n’est rien moins qu’une déclaration de guerre à toutes les Nations qui ne supportent plus cette impuissance tatillonne stérilisatrice de technocrates européens non élus... comme elle !

►˜ Alors que l’unanimité dans certains votes d’importance est maintenant reconnue comme la cause de crétines inerties européennes dans nombre de dossiers sensibles,

►˜ alors que pour cette raison, l’Europe à géométrie variable existe de facto déjà (Le Conseil de l’Europe : 47 membres. l’Union Européenne : 28 et bientôt 27 membres. L’Euro : 19 membres. Eurosur : 18 membres + la Norvège. Frontex : 19 membres avec la Norvège et l’Islande pourtant non membres de l’UE. Etc.).
˜► alors que nous préconisons depuis longtemps un système d’agences souples et autonomes (avec parfois 8, 18, 28 ou 38 membres) pour sortir des divers blocages (voir articles Agoravox précédents),

˜► alors que certains pays commencent à s’intéresser à ce dispositif qui permet d’entrer ou de sortir d’une collaboration concrète sans connaitre le complexe traumatisme du BREXIT,

█ voilà que cette terne bureaucrate bécassine (évidente erreur de casting électoral pour une soit disant renaissance de l’Europe) préconise le retour à l’étouffante et castratrice unanimité. Cette unanimité qu’elle avait plusieurs fois recherchée en 2017 et 2018 et qui avait déjà volé en éclat, notamment à l’occasion du sulfureux pacte de Marrakech dont elle a été complice avec Jean-Yves Le Drian (ce fameux beau pacte « unitaire » pour une immigration ordonnée et régulière, spectaculairement rejeté notamment par l’Autriche, l’Italie, la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la Serbie, la Slovaquie, la République tchèque, la Suisse, le Danemark, les Pays-Bas, etc.). Ont-ils fumé un joint avant de nommer cette caricature symbolique de l’échec européen et de l’autisme bureaucratique ? 

 

En repoussant la date de parution de la synthèse du Grand débat national,

en tardant à prendre certaines mesures gouvernementales attendues et urgentes,

en hésitant à présenter un programme de gouvernement pour relancer le pays,

en repoussant à la mi avril la rédaction d’un programme pour également relancer l’Europe,

en proposant une liste « Renaissance » avec cette ligne politique européïste conservatrice qui a tué l’Europe,

en rejetant le débat sur nombre de dossiers sensibles (parfois explosifs),

veulent-ils alimenter une nouvelle flambée de révoltes (et à un tout autre niveau) pour 2019 ?

 

Bien qu’étrangement exilé au fin fond d’une zone dégradé du 9-3,

(un dock au métro Front Populaire… ; défense de rire. Aubervilliers a sans doute semblé plus sécuritaire pour LaREM que Paris le samedi)

ce meeting de lancement n’a pas été totalement raté.

1) Les 29 autres candidats, majoritairement novices en politique, m’ont semblé sympathiques, avec une bonne teinture équilibrée, rafraichissante, de jeunesse et d’écologie.

2) Quelques centaines de notre plaquette 4 pages ont pu être distribuées à l’entrée en début de meeting.

3) Une poignée de rencontres faites sur place avec des militants LaREM bien moins dogmatiques que ceux des autres partis et en sincère recherche de solutions (je répète que le travail et la dévotion des marcheurs sont admirables).

4) J’ai été interviewé deux fois dans la salle, à la mi-temps, par deux équipes vidéos différentes. Dans les deux cas (malgré deux questions politiquement orientées), j’ai pu transmettre le même message ayant motivé ma présence, ma mission politique du jour : il faut absolument rendre la copie du Grand Débat National avant ou pendant la campagne des européennes. Le mélange pouvant même en être fécond puisque nombre de dossiers sont à la fois français ET européens. Attendre la fin de l’élection européenne serait catastrophique, tant au niveau électoral que dans la rue. Espérons « qu’en haut lieu » nos messages d’avertissement, verbaux et écrits, seront bien reçus à temps cette fois-ci...

 

En attendant la date butoir du 23 Avril, nous poursuivons notre communication d’alerte (il en devient presque lassant d’avoir toujours raison longtemps à l’avance). Sans oublier nos traditionnels tractages sur les pare-brises parisiens, bien entendu.

NB/ Des cartons de ramettes demeurent disponibles. Notre dernière plaquette 4 pages récapitulant 8 de nos 14 points programmatiques est assez bien accueillie ; peut-être en raison de la frustration du public de ne voir aucun tract programme des grands partis parlementaires…

 

Nous demeurons disponibles pour toute ébauche d’action européenne commune, y compris avec des Gilets jaunes non violents, sous les conditions que nous avions déjà énoncées le 30 novembre 2018 : 

►˜ de l’ordre dans le programme et

►˜ de l’ordre dans les manifs.

Il ne sert à rien de tenter d’unir des extrêmes incapables de se mettre d’accord sur un programme. D’autant que nous, les bouledogues de la Républiques, les damnés de la terre, nous ne souhaitons pas la démission d’Emanuel Macron que nous soutenons (car il respecte ses engagements électoraux et qu’il est peut-être ouvert à d’autres réformes). C’est la démission de son Premier Ministre Edouard Philippe que nous réclamons, car il a aveuglément renié « droit dans ses bottes » (jusqu’à la violente révolte populaire antifiscale) l’engagement de baisse des prélèvements obligatoires.

Les choses doivent être claires dès le départ :

Le programme commun à cette élection européenne doit être globalement exportable en Europe.

Pour nous, il ne sert à rien de tenter de vendre la restauration de l’ISF aux électeurs et à l’Europe alors que la France a été la seule à expérimenter cette désastreuse mesure démagogique (voyez la F.I. pro Maduro qui s’effondre dans les sondages malgré son matraquage médiatique sur ce sujet et sa présence invasive insurrectionnelle dans les Gilets Jaunes). Comment prétendre sérieusement défendre l’industrie française, les emplois, les pauvres, les retraites, etc., si on refuse de taxer la gigantesque masse des produits spéculatifs « dérivés ». Comment sérieusement prétendre instaurer la démocratie citoyenne en refusant par ailleurs la représentation des usagers dans les conseils d’administration des services publics (privatisés ou non), etc, etc. Nous voulons travailler avec des gens sérieux, honnêtes et non violents. Au leader FI et historien de réputation, je réponds « impossible n’est pas français » et « paix aux êtres de bonne volonté ». Le dogmatisme et la violence sont mauvaises conseillères. La France a besoin d’une gauche reprenant ses esprits et capable d’autres choses que ces stériles divisions et répétitives « union de la gâche ».

 

Conclusion :

Nous avions déclaré être prêts à travailler sur un programme électoral commun et nous le sommes encore.

Nos maigres moyens nous en ont hélas imposé la frustrante expérience (y compris avec ces insupportables compromis que la médiocrité politicienne impose depuis des décennies au peuple en souffrance.

 

En raison de l’urgence qu’un atelier programmatique « commun » se mette au travail sérieusement et aboutisse médiatiquement avant le 23 avril,

malgré notre notoire pauvreté,

nous acceptons le « starter » non remboursable de 10.000 Euros pour participer au tour de table sélectif. Une mise au pot demandée à chacun des groupes acceptant de participer au premier tract préélectoral symbolique commun. Un tract de « Gilets bariolés* » probablement catalogués de « barjots » en raison de leurs misérables moyens. Certes c’est une action à risque, mais elle aura au moins le mérite d’offrir une expression de minorités dans un message écrit d’espoir et de propositions complémentaires à celles des partis ayant mal fait leur boulot depuis 30 ans. 

 

Bienvenus au rassemblement républicain de citoyens « d’en haut et d’en bas », de tous partis, dévoués et sérieux, avec ou sans dents, pour distiller quelques idées communes afin de redynamiser la France et l’Europe.

 

 

(NB/ *Des couleurs bariolées censées représenter la variété des minorités politiques pacifiques autres que celles de l’extrémisme, entre l’extrême gauche et l’extrême droite. Aujourd’hui globalement démasqués, ceux-ci ne voudront d’ailleurs pas de notre tract collectif, puisqu’ils ont déjà leurs propres partis en arrière plan et qu’ils feront à nouveau tout pour nous intimider et nous empêcher de diffuser nos propres propositions).

 

Rappel technique :

Cette année, liste de 79 candidats au lieu de 74 (sur 751 sièges pour toute l’Europe, à cause des sièges récupérés sur les britanniques victimes du BREXIT). La déclaration de candidature est déposée au ministère de l'Intérieur, sur papier libre, au bureau des élections et des études politiques (11 rue des Saussaies, 75008 Paris). Le coût du papier, de l’impression des bulletins de vote, affiches, circulaires ainsi que les frais d’affichage sont remboursés aux partis qui ont obtenu au moins 3 % des suffrages exprimés (et non 5% comme certains continuent à répéter intentionnellement ou non). La répartition des sièges est par contre réservée aux listes ayant dépassé 5% des voix (soit 4 élus au minimum).

 

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