2021 : le plus fort déficit commercial de la France ?

par Christophe Bugeau
mercredi 6 octobre 2021

Le déficit commercial de la France s’est élevé en août à 6,9 milliards d’Euro et à 67,9 milliards sur 12 mois glissants, nous continuons donc notre descente aux enfers des importations. Mais qu’elles en sont les causes et qui sont nos principaux fournisseurs avec lesquels ce déficit se creuse ?

Le déficit 2021 risque fort de battre des records et au rythme actuel, de dépasser les 70 milliards d’Euros. Nous serons le plus fort déficit de la zone euro, alors que dans le même temps l’excédent de l’Allemagne dépassera sûrement les 220 milliards d’euros comme chaque année. Les causes sont connues et habituelles : des importations importantes de produits énergétiques (Pétrole et Gaz) et de produits industriels. En face des exportations à la traîne : à l’exception des produits agricoles, et de l’aéronautique (qui a du mal depuis la pandémie de COVID) nous exportons peu du fait de notre désindustrialisation massive.

Les importations d’abord : ces dernières se montent en moyenne mensuelle à environ 47 milliards en juillet soit en tendance à 564 milliards sur l’année (nous étions à 493 en 2020). Le déficit mensuel de l’énergie à lui seul est de 3 milliards d’Euros par mois ce qui nous amènerait à 36 milliards sur l’année (plus qu’en 2020 où nous étions à 25,7 milliards). Ceci est dû à la reprise des transports avec la fin des confinements et à la hausse des prix du pétrole et du gaz. Notre deuxième poste est constitué par les biens industriels : nous importons pour 43,3 milliards en moyenne en juillet, ce qui nous amènerait à 519 milliards pour 2021.

Pour les exportations, nous sommes sur une tendance de 36,6 milliards par mois pour l’industrie, ce qui ferait 439,2 milliards sur 2021 (nous étions à 428 milliards en 2020). Cette faiblesse de nos exportations est désormais structurelle du fait de notre désindustrialisation. Il nous faudrait reconstituer un appareil productif diversifié (ce qui prendrait plusieurs années) pour pouvoir importer moins et exporter plus.

En réalité, ces chiffres doivent être fortement nuancés : notre déficit industriel est bien plus grave qu’il n’y paraît. En effet, nos exportations sont le fait de travailleurs qui sont payés avec les salaires d’un pays développé. Mais nos importations sont le fait de pays à bas salaires pour une bonne partie.

Ainsi, en 2020 les deux pays depuis lesquels nous avons le plus importé sont l’Allemagne (71,7 milliards d’euros) et la Chine (50,5 milliards). Mais le premier de ces pays utilise pour ses exportations des produits intermédiaires fabriqués en Europe de l’Est avec des salaires 2-3 fois inférieurs aux nôtres (donc si ces produits étaient fabriqués en France, il couterait 2-3 fois plus cher mais fournirait aussi du travail à de nombreux ouvriers même en tenant compte d’une plus forte automatisation).

La situation est encore pire avec la Chine : avec un niveau de vie qui est en parité de pouvoir d’achat 2,5 fois inférieur au notre et des salaires ouvriers 4 à 5 fois inférieurs, c’est en réalité comme si nous importions au bas mot l’équivalent de 150-200 milliards d’euros de produits s’ils étaient fabriqués en France (notre PIB était de 2300 milliards d’euros en 2020). Si ces produits avaient été fabriqués en France, ils auraient représentaient l’équivalent à minima de 6% du PIB, soit 1,5 million d’emplois directs ! 

Ceci prouve l’urgence d’une vraie politique industrielles seule à même de limiter notre déficit commercial et de créer de la croissance et de l’emploi.


Lire l'article complet, et les commentaires