2ème congrès du Réseau Sortir du Nucléaire : les zozos se cachent pour mourir

par alinea
samedi 15 juin 2019

À l’heure où le nucléaire français est au bord du gouffre et pourrait d’une poussée forte et ordonnée y tomber, le Réseau Sortir du Nucléaire, lui si incisif naguère, ne s’approche pas du condamné mais poursuit sa routine administrative enkystée depuis plusieurs années.

Depuis la gauche au pouvoir, des instances résistantes à l’atome se sont progressivement infiltrées dans les instances gouvernementales (les Commissions Locales d’ Information, par exemple) faites pour amadouer le péquin en jouant la transparence ; et cela a fonctionné à merveille.

J’ai un peu enquêté ça et là chez des anciens membres, et comme je m’offusque, moi qui en fus adhérente, je transmets leur parole qui traduit plus qu’un regret, une colère.

 

C’est à Pierrefitte-ès-Bois, une commune rurale du Berry, à la limite du Loiret et du Cher, éloignée de toute métropole, que se réuniront les quelques militants restants du Réseau Sortir du nucléaire. Une commune difficilement atteignable autrement que par la route, loin de tout autoroute, et sans liaison ferroviaire ; c’est un comble pour des écologistes. Ils auraient voulu afficher un entre-soi moribond qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.

Pourtant ils avaient la possibilité de donner à leur 2ème congrès une toute autre dimension. Un paysan bio syndicaliste de la Confédération Paysanne de Saint-Laurent-des-Eaux dans le Loiret, dont une partie des terres étaient lorgnées par la soif de rachat de terres par EDF, se proposait d’accueillir le congrès. A quelques centaines de mètres de la centrale située entre Blois et Orléans, qui subit il y a très exactement 50 ans - un demi-siècle - son 1er accident nucléaire. L’un des deux plus graves accidents nucléaires dont eut à pâtir la France. Un des six plus graves accidents mondiaux.

Contrairement à ce qu’affirme France 3 Centre (Un congrès des anti-nucléaires dans le Loiret), le Réseau Sortir du nucléaire n’est plus « ce rassemblement de près de 900 partenaires, associations, syndicats, partis politiques.. comptant aux alentours de 60 000 adhérents ou sympathisants en France  » dont cette chaîne de télévision l’affuble. C’ était vrai avant 2010, année du putsch au sein de ce Réseau qui mit très gravement à mal le mouvement antinucléaire français. Aujourd’hui c’est tout juste si une cinquantaine d’associations antinucléaires en font encore partie. Toutes les autres agissent dans leur coin ou sévissent sur internet, le réseau qui a remplacé le Réseau. Tout le monde a entendu parler de Fessenheim et de Bure ; un peu moins de Flammanville (c’est comme s’il était inscrit dans le marbre qu’il faille parler des dégâts déjà commis mais oblitérer ceux qui le seront, alors que par définition on peut influer sur l’avenir).

C’est en 2010, dans les lendemains houleux du Sommet de Copenhague de décembre 2009 , qu’une partie des salariés du Réseau entraînèrent le reste de l’équipe dans une bronca suicidaire contre le Conseil d’Administration, qui se solda par le licenciement sans indemnités de son porte-parole emblématique, Stéphane Lhomme. Depuis cet évènement grave, la majeure partie des associations antinucléaires ont quitté le navire, le laissant aux mauvais soins d’un directeur, Philippe Brousse, qui finit par être licencié lui aussi, mais pour faute grave (il enregistrait les réunions téléphoniques du Conseil d’administration à son insu…) en 2018, avec de substantielles indemnités .

Au terme de neuf années de troubles majeurs qui rendirent le Réseau Sortir du nucléaire inefficace et inaudible, demeurent présentes au sein de l’équipe salariée de 13 membres trois anciennes « putschistes » qui continuent à donner le « la » : Sabine Li, Annie Orenga et surtout la Chargée de communication Charlotte Mijeon. Soutenues néanmoins par les quelques anciens et très rares militants coorganisateurs du putsch, dont le physicien nucléaire Jean-Marie Brom.

Voilà où tristement en est le « rassemblement de 900 partenaires ».

Ainsi en est-il aussi de ce second congrès d’un Réseau que le groupe régional Sortir du nucléaire Loire et Vienne tente de maintenir en vie sous perfusion. Mais sans doute au prix de la santé physique et psychique de quelques-uns de ses membres, actifs dans l’actuel Conseil d’administration du Réseau.

 

Que sortira-t-il de ce second congrès ? Sans doute pas grand-chose. Ou peut-être l’acte de décès, sans doute salutaire, du Réseau Sortir du nucléaire.

Il demeurera de toutes façons de nombreuses et actives associations locales interconnectées et l'association nationale et internationale Greenpeace bien connue et si active, dont on ne peut que louer les initiatives d'actions spectaculaires, et le courage de ses activistes.


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