3 000 comptes en Suisse pour 3 milliards d’euros
par Imhotep
lundi 31 août 2009
En France, sous Sarkozy, il vaut mieux défiscaliser illégalement en Suisse en moyenne un million d’euros que de voler trois kilos de riz pour nourrir ses enfants qui ont faim.
Ah oui pas de pitié pour la petite délinquance, et encore moins pour la récidive. Vous volez (enfin pas vous car vous êtes honnêtes) donc il (ou elle il n’y a pas de sexisme dans le vol) vole car il est au chômage, en fin de droit et ses enfants ont faim. Pas de pitié c’est la taule. Pas de temps à perdre, comparution immédiate, jugement impératif dans la minute. D’accord il a violé la loi. D’accord il est juste au regard de cette loi qu’il soit puni.
Mais voilà, vous avez fraudé le fisc (enfin pas vous, lui, vous de toutes façons c’est impossible car vous ne gagnez pas assez), il a donc fraudé le fisc. Il ne se goinfre pas assez et son magot il ne veut surtout pas le partager avec les pauvres (et avec ceux qui lui ont permis de le faire ce magot) et avec cet Etat europhage qui ose lui demander au nom de l’ensemble des Français, et de la solidarité (une insulte ce mot-là), quelques impôts. Alors il trouve quelques conseillers très bien payés qui par des canaux louches l’aident à transférer dans un compte bancaire suisse des sommes qu’il soustrait à ses obligations fiscales. Et cette somme est en moyenne de un million d’euro dans cette histoire.
La Suisse a donc décidé de révéler les noms de 3 000 d’entre eux pour 3 milliards d’euros.
Et pourquoi donc dans mon introduction dis-je qu’en Sarkozie il est bon d’être fraudeur au fisc ? Tout cela est très simple. Monsieur Woerth ministre du budget annonce (Le Figaro) : Ces contribuables français possèdent des comptes en Suisse pour un montant de trois milliards d’euros. Ils doivent régulariser leur situation avant le 31 décembre sous peine de poursuites judiciaires prévient Eric Woerth.
Alors vous ne rêvez pas. Petite explication aux USA 4 5000 comptes ont été révélés, tous les détenteurs vont être poursuivis, les fonds confisqués en partie avec les pénalités adéquates. Seuls ceux dont les noms n’ont pas été donnés doivent se dénoncer et ne sont pas sûr d’échapper aux suites judiciaires. On leur dit juste que ce sera moins grave, mais que c’est quand même grave. Mais nous en France que fait-on ? N’oubliez pas on a les noms, les montants. On leur demande de régulariser. Mais Woerth fait encore mieux. Assez cabot à la téloche, sourire en coin, plutôt content de lui à dire vrai, il dit que ce n’est pas du bluff mais ajoute - et pour cela il faut se tenir à la rampe - que ces fraudeurs qui viendront régulariser devraient plutôt investir en France et profiter des avantages fiscaux que notre beau pays pourrait leur procurer. Dans le genre cynique et amoralité on ne fait pas mieux. Il est vrai que le directeur de cabinet de Lagarde, en fait l’ex-directeur de cabinet de Lagarde placé par le Kaiser Sarkoko, est un expert en fraude fiscal. Il a versé en octobre 2007, alors qu’il est depuis mai directeur de cabinet du ministère de l’économie (faire pire on ne peut pas, si peut-être mettre un trafiquant de drogue directeur de cabinet du ministère de l’intérieur, ou un avocat rayé du barreau à la chancellerie) la bagatelle de 660 000 euros pour fraude fiscale avec y compris 5 % pour mauvaise foi. Il s’appelle Richard. Avec une telle caution dans le gouvernement il est sûr que la probité n’est pas la qualité première demandée pour travailler dans cette équipe gouvernementale. Il est vrai aussi que si vous avez déclaré avec 1 jour de retard vous avez droit à 10 % de pénalités, ce qui n’est pas le cas du premier magistrat de notre pays qui en 2008 n’avait toujours pas envoyé sa déclaration (ni par courrier ni par Internet) début août, bien évidemment sans pénalités. C’est ce qu’on appelle la tolérance zéro, même tolérance pour ces fraudeurs.
Voici un petit détail des risques et le gain n’est pas mince pour les fraudeurs avertis par Woerth (Le Matin) : Le secret bancaire helvétique se fissurant de partout, les fraudeurs auraient donc grand intérêt à négocier avec Bercy. « Les pénalités de retard sont alors de 5 à 10% par an au lieu de 40%, prélevées à titre d’impôt sur la somme détournée, et les intérêts de retard plafonnés à 10% pour l’ensemble de la période concernée, au lieu de 4,8% par an », précise Jean-Yves Mercier.
On est dans la mascarade absolue. On a des fraudeurs, on a les noms reste à chercher les preuves. Il n’y a rien à régulariser. Juste à vérifier qu’il y a eu fraude et s’il y a eu fraude on juge, on applique la loi, récupération des impôts non payés, pénalités pour mauvaise foi, pénalités de retard et, en fonction des lois, poursuites pénales. C’est tout simple.
Dans ce monde où notre chef d’Etat joue les gros bras et fait des moulinets contre la voyoucratie, voilà que le gouvernement annonce une amnistie à ces fraudeurs. Il ne s’agit pas d’une de ces nombreuses annonces que les divers gouvernements ont faites promettant aux fraudeurs une certaine mansuétude s’ils se dénonçaient et rapatriaient leur capitaux. Là, on a tout les noms, les numéros de comptes, les montants. Pas besoin de leur collaboration pour rapatrier les capitaux. On sait tout.
C’est un peu comme si on avait eu un casse, tiens à Bruxelles, ou à Cap Nègre, non car là pour juste le vol d’une paire de tong venant d’Uniprix on aurait appelé la marine nationale, les experts Miami, deux hélicoptères et un peloton de gendarmerie, et que l’on sache où se trouvent exactement les bijoux, que ceux ne peuvent plus être déplacés et que tous les casseurs soient connus. Que devrait faire la police ? On attrape les voleurs, on les fait juger et on récupère le larcin que l’on rend à la bijouterie. Mais que fait Woerth ? Il appelle les casseurs, il leur dit : auriez-vous, s’il vous plaît, l’amabilité de ramenez vous-mêmes les bijoux sinon je vais vous gronder. Et si vous les ramenez on gardera notre part mais on vous indiquera où vous prouvez prendre quelques bijoux mais il faudra les garder ici en France. Mais gare à vous petits chenapans, si d’ici le 31 décembre (vous voyez je vous laisse le temps de vous retourner, de dégager vos capitaux qui sont dans d’autres paradis ou d’autres banques suisses pour qu’on ne les trouve pas (je suis prévenant n’est-ce pas ?)) alors là je vais me fâcher aussi rouge que le Guide avec les banquiers, la 7é fois sera la bonne, je vous le garantis !
Il est vrai aussi par ailleurs que la commission Léger préconise (juste comme le souhaite notre Trésorier International, comme c’est étrange. J’ai dit étrange, comme c’est bizarre) la suppression du juge d’instruction avec son rôle confié au procureur dépendant directement du garde des sceaux en même temps que l’ont veut dépénaliser le monde des affaires.
Après ce coup effarant notre Guide peut s’attaquer aux bonus, demander la moralisation du capitalisme. Il faudrait commencer par moraliser le ministère du budget.