31 juillet 2015, 74° : le coeur de Bandar Mahshahr brūle

par hommelibre
mercredi 19 août 2015

Depuis le 31 juillet, la ville iranienne de Bandar Mahshahr est mondialement connue. C’est là que les capteurs auraient enregistré la plus haute température du monde depuis 2003. Elle aurait frôlé le record total avec ses 74° Celsius. Comment peut-on vivre avec une telle chaleur ?

 

La Grande Peur

D’abord parce que seuls les gros titres des médias souffrent de 74°. La vérité est ailleurs. Il faut la chercher un peu plus loin, au-delà de notre petit cerveau pavlovien qui nous dit : 74°, mort, réchauffement climatique. Au-delà de l’image d’ossements blanchis au soleil comme dans les westerns. Si l’on s’arrête au gros titre on meurt d’un coup rien qu’à imaginer ces 74°. On connaît le sentiment de l’écrevisse jetée dans la marmite bouillante. Enfin, on l’imagine. 

Alors prenons le temps de chercher plus loin. Et l’on découvre qu’il ne s’agit que de la température ressentie. Koicèça ? J’en ai déjà parlé il y a peu. C’est un indice utilisé depuis quelques années pour annoncer en fanfare des extrêmes qui n’existent pas. Mais qui néanmoins alimentent la Grande Peur, la peur des catastrophes climatiques engendrées par le réchauffement des températures dans certaines régions de la planète.

En réalité la température relevée au coeur de Bandar Mahshahr le 31 juillet était de 46° Celsius. J’ai connu Marakkech au coeur de l’été. 43°, même 45° un jour, 37° en fin de nuit. C’était irrespirable. Pourtant nous respirions. 74° : chaleur ressentie donc. Pas de record fou. Cette température ressentie (aux USA), ou humidex (au Canada), est calculée pour indiquer la réaction du corps à la température environnante. Mais personne ne peut dire qu’il « ressent » 74°. Nous n’avons pas de référence pour cela.

 

Un petit air de foire

Cet humidex est calculé en fonction de la température et de l’humidité de l’air. Plus l’air est humide moins nous perdons de chaleur par la transpiration. Nous avons un sentiment de chaleur, composé d’un mélange de notre chaleur de base, 37°, et de l’accumulation de la chaleur externe, ici 46°. Comment cela peut-il donner 74° « ressenti » ? Par un calcul abstrait. Pas par le corps. Il existe des calculateurs où l’on entre des chiffres qui indiquent ensuite un résultat. Un peu comme à la foire quand vous tapez sur un ballon. Une flèche vous donne votre indice de force. Mais à part d’être fier quand la flèche va tout en haut, vous ne comprenez rien aux chiffres ni à comment ils sont obtenus.

Il y a deux méthodes de calcul sur le net. Sur cette page on peut obtenir les deux indices. On entre 46° et le point de rosée à 32° (paramètres connus). L’humidex est de 67° et la température ressentie ou indice de chaleur, 73°. A noter que sur le calculateur de Météo France on peut introduire la vitesse du vent (mais pas le point de rosée) On obtient alors un indice de chaleur de 53,5° ! On a donc trois valeurs différentes selon trois calculs différents. Je note que dans le calcul de la chaleur ressentie, le vent, pourtant rafraîchissant, n’est pas inclu dans deux des modes de calcul. Etonnant. On trouvera ici des informations critiques sur l’humidex et des propositions de remplacement de l’indice.

 

Monstre & Cie

Presse et météorologues ont choisi un indice. Le plus effrayant. C’est politique. Cela ne vaut pas grand chose mais cela fait vendre. En réalité la température ressentie, non quantifiable, varie non seulement d’un mode de calcul à l’autre mais aussi d’une personne à l’autre selon son poids, son métabolisme, sa capacité respiratoire, etc. 

Cette notion de chaleur ressentie est un simple monstre virtuel, subjectif. Chacun ressent quand il a trop chaud : il s’arrête, se ventile, prend l’ombre et boit. Pendant ce temps la température extérieure est la même : 46° à Bandar Mahshahr. La chaleur ressentie est au final un indice assez secondaire que l’on n’utilise guère qu’en Amérique du nord lors des grands froids, pour prévoir des habits de nature à supporter le vent et minimiser la déperdition de chaleur réelle due à celui-ci. 

La notion de chaleur ressentie n’est pas une mesure réelle. S’en servir comme effet d’annonce dans la presse ne signifie rien. C’est même abusif. On prend la population pour idiote. On la submerge de stress, on la déstabilise. Pour la rendre obéissante et soumise à l’oligarchie climatico-politique ?

 

Coeur qui brûle

Moquons-nous de ces records. Il y en a d’autres dans le passé, comme l’indique l’image 2, une liste en degrés Farenheit reconnue par l’Organisation Météorologique Mondiale. La plupart des records ont eu lieu avant l’ère du CO2 massif, avant le coup de chaleur récent. Le record absolu, traduit en degrés Celsius, est de 56,7°… en 1923. Sur ce lien d’autres records sont mentionnés : vu les dates de ces records le réchauffement n'y est pour rien. Les archives de l’OMM devraient compenser notre amnésie et notre noyade dans l’instant présent. Moquons-nous de la Grande Peur et des marionnettes qui s’agitent çà et là en croyant à la catastrophe climatique imminente. Le monde avait une histoire avant le 31 juillet à Bandar Mahshahr. Il en aura une après.

Bandar Mahshahr. Au sud de l’Iran. Plantée d’arbres, de mangrove. Le coeur de la ville brûle, brûle de cet air si chaud qu’aucune parcelle du corps ne trouve l’apaisement. Pourtant des gens y vivent depuis des générations. Certains sont au soleil, sur des terrasses, à siroter une eau minérale. D’autres sont dans les maisons. D’autres encore vaquent à leurs occupations ou travaillent. D’autres naissent. D’autres meurent. D’autres s’aiment. C’est leur vie depuis très longtemps.

Le coeur de Bandar Mahshahr est chaud. Il brûle de vie. 

Quel beau nom, Bandar Mahshahr. 

 

A propos du réchauffement : l'effet du CO2 n'est pas confirmé par les observations réelles récentes.

 

Image 1 : relevés Bandar Mahshahr le 31 juillet 2015 ; image 2 : records mondiaux de températures extrêmes selon l'OMM ; images 3 et 4 : Bandar Mahshahr.

 


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