320 pages plus tard, la cote présidentielle remonte… au Figaro, chez Bernard Henry Lévy et chez les « bobos »

par René Pichon-Costantini
lundi 8 septembre 2014

Valérie Trierweiler est détestée, pourquoi ?

17 mots pour 9 ans de vie commune en janvier 2014 et une détestation généralisée pour cette malheureuse Valérie et son futur best-seller, neuf mois plus tard.

A l’annonce de la publication de son livre,

Un torrent de « saloperies » est venu la souiller en quelques heures : “Déshonorant”, “obscène”, “pornographique” :

Parés de la dignité que leur confère une autorité intellectuelle certaine, les voilà qui s’indignent !

En fait, tous ces « intellos » dérapent et viennent de rejoindre le pitoyable Pierre Salviac qui s’était fait virer et dont ils n’avaient pas pris la défense à l’époque, pour avoir déclaré : « baisez utile, vous avez une chance de vous retrouver première dame de France ! »

Quant au Président,

Ce communiqué de 17 mots pour « répudier » sa compagne de neuf ans aura suffi. François Hollande termine les histoires d’amour comme on congédie un Valet de Chambre. Au titre du respect de la fonction, il eut fallu donc que Valérie supporte cette humiliation ? Mais qu’en a-t-il fait de la fonction en trônant sur un scooter pour visiter sa maitresse ? Qu’en a-t-il fait de la fonction en trahissant sa profession de foi de 2012 et ses électeurs ?

Mais j’en reviens à Valérie,

« Je fais savoir que j'ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler » cela n’aurait fait que 18 mots, s’il avait rajouté « Madame » Un communiqué à rapprocher d’un autre, le déplacement rentrée scolaire du même Président publié le 01 Septembre 2014… « Le Président de la République, François HOLLANDE, se rendra à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis à l’occasion de la rentrée scolaire, le mardi 02 septembre 2014 » 24 mots !

C’est sidérant ! La distance à l’évènement est quasi du même ordre. Pendant que l’une allait expier son péché à l’hôpital, d’être la compagne du président, sa majesté le mâle résumait donc l’évènement dans un style lapidaire.

Apres la lapidation de janvier, vient la lapidation publique par les « Bobos » en septembre :

Comme beaucoup, j’ai couru les antennes. J’ai pu m’apercevoir qu’une majorité d’intervenants de tous bords, se rassemblaient pour un réquisitoire collectif. Curieusement, il s’agit souvent de femmes ! Qui sont-elles ? Des chroniqueuses, des journalistes, des écrivains de toutes sortes, souvent formatées par des hommes. Elles ont toujours quelque chose à intellectualiser y compris cette fois-ci, sur le mode de la mauvaise foi, s’agissant du livre de Valérie Trierweiler.

Qu’est-ce qui les inspire dans un ouvrage qu’elles n’ont peut-être pas lu ?

Leur venin semble trahir une sorte de jalousie maladive pour les femmes qui en ont… (pas du venin, autre chose) Qu’est-ce qui justifie les qualificatifs les plus ignominieux pour écraser la dignité de cette femme ? Principalement la protection de la fonction présidentielle ! Quelle belle hypocrisie ! C’est une anomalie… bizarre, bizarre… Ce ne serait tout de même pas parce qu’elles tiendraient un morceau de velours du pouvoir discrétionnaire… des hommes ? Alors, même à être en désaccord avec Valérie Trierweiler, pourquoi cette escalade dans les « insultes » quand les mêmes se taisent sur certains crimes de guerre à Gaza ?

En arrière-plan, de quoi s’agit-il ? Tout simplement de la domination masculine sur la femme et le monde.

A la rigueur, poser la question de savoir si la dignité de la femme doit s’effacer devant l’exercice du pouvoir exécutif, peut-être… Ce qui d’ailleurs risquerait d’imposer à la meute, un exercice d’équilibriste dangereux. Mais certains, pour exister, n’en sont pas à une hypocrisie près.

En fait, c’est plus simplement de la femme face au pouvoir des hommes dont il s’agit ! Et ce combat-là, c’est bien naturellement celui des femmes. Certaines combattent debout comme Valérie, d’autres en restant assises sur leur capital.

Le pouvoir des hommes existe bel et bien et il se perpétue par la dégradation de la femme avec la complicité coupable d’autres femmes aussi ! Le pouvoir du mâle est enraciné au plus profond de l’ADN des hommes et hélas, de celui de certaines femmes ! C’est un genre inéluctablement transmis de génération en génération. Il a embrasé le monde. Révoltant sous des formes extrêmes dans certains pays, il est rampant et malicieux dans nos sociétés dites avancées…

Ce pouvoir masculin est exercé à tous les échelons de l’organisation de nos sociétés. A l’évidence, il est la marque distinctive de l’identité masculine.

Il est facile d’en débusquer les attributs,

Tous les hommes, même les plus faibles, aspirent à les porter. Quels sont-ils ? La force physique, évidemment, et son corollaire, l’art d’impressionner le plus faible, le pouvoir de promouvoir, le pouvoir de propriété, le pouvoir de l’argent et bien sûr l’ultime domination, le pouvoir du sexe. Tous ces attributs conjugués à la fonction du pouvoir masculin en général et présidentiel en particulier permettent au mâle de s’approprier tout ce dont il a besoin pour se maintenir… au pouvoir, y compris la femme ! François Hollande est loin d’être le seul concerné…

En vérité cette logique, les mâles la veulent inaliénable et ils s’emploient à la maintenir inaliénable avec la complicité des femmes qui en tirent un avantage Est-ce donc bien honorable de tancer cette malheureuse Valérie et de le faire au nom de l’application de cette logique à la fonction suprême ?

Quid de ce passage dans la charte de la laïcité : «  Oui, la laïcité, c’est aussi cela : l’égalité entre filles et garçons. On a trop longtemps négligé, et on oublie aujourd’hui encore trop souvent que l’égalité entre les femmes et les hommes est une conquête, certes tardive mais essentielle, du combat laïc et républicain pour l’égalité entre les citoyens. »

John F. Kennedy a jadis déclaré : « Les choses ne se produisent pas d’elles-mêmes. Il faut agir pour qu’elles se produisent. »

Et dans cette histoire, c’est bien l’attitude des hommes publics et de leur groupies qui produit l’aliénation de la femme et c’est simple :

D’abord, il y a réduction de la femme à sa dimension physique et ensuite, toutes les insuffisances supposées de son cerveau qui devraient aller avec ! Et franchement, Valérie Trierweiler elle digère mal comme toutes les femmes de la planète en grande majorité, ce genre de théorie !

Et bien tant que règnera au plus haut niveau de l’Etat, ce comportement méprisant que les hommes pensent pouvoir, dans l’impunité, infliger aux femmes, il faudra des femmes pour dénoncer ces hommes-là, surtout s’ils nous gouvernent ! Et ce sont bien ces femmes qui comme Valérie Trierweiler ont le culot de tremper leur plume dans le poison craché imprudemment par les mâles eux-mêmes, qui contribuent à lutter pour nos filles. Et elle le fait bien mieux que celles qui la jalousent d’un succès commercial qui leur a échappé autrefois dans des ouvrages bâclés et moins bien écrits ! N’est pas Première Dame et journaliste qui veut…

La fatwa présidentielle de répudiation en janvier 2014 aura sans doute déclenché la machine à gifler de 320 pages. Et s’il est presque facile de comprendre les réactions masculines à l’offense faite à sa Majesté le mâle, l’hystérie grossière de cette meute de louves auxquelles les hommes ont parfois fait une place avantageuse, est plus difficile à accepter. Même s’il s’agit de prendre fait et cause pour un homme ordinaire devenu Président normal.

Mais à quelque chose malheur est bon puisque Valérie aura eu plus d’efficacité que les frondeurs, l’U.M.P. et le F.N. réunis pour faire ciller François Hollande…

Enfin j’ai trois questions pour tous les détracteurs de Valérie Trierweiler :

Non ce qui est obscène et déshonorant, c’est l’attitude majoritaire de celles et ceux qui sont à la botte du système. Tout ce qui affaiblit le régime peut menacer leurs privilèges. Toutes et tous claironnent leur censure avec la complicité de certains médias. Ils ont tellement peur d’une crise de régime qu’ils réagissent de concert contre toute atteinte aux 13 % résiduels de popularité de François Hollande. Et pour la popularité du Président, Valérie Trierweiler dérange !


Lire l'article complet, et les commentaires