35 heures : beaucoup de bruit pour rien

par MUSAVULI
mercredi 31 octobre 2012

En laissant échapper une petite phrase dans le flot des commentaires sur le net, le Premier ministre était loin d’imaginer le « buzz » que lui réserverait la droite au tournant. La France serait donc entre les mains d’une équipe d’amateurs et la compétence serait plutôt en profusion juste en face. On croit rêver. Sauf qu’au sujet des 35 heures, il vaut mieux que chacun commence par balayer devant sa porte.

Il y a six mois, l’actuelle opposition était aux commandes du pays. Elle venait de passer dix ans au pouvoir en enchaînant le dernier mandat de Jacques Chirac à celui de Nicolas Sarkozy. Les 35 heures étaient là, et la droite ne les a pas supprimées. Elle les a même « confortées » avec la loi TEPA. En effet, suivant le slogan qui nous a tellement marqués, il fallait « travailler plus pour gagner plus ».

Et, effectivement, dès la 36ème heure de travail hebdomadaire, non seulement le salarié percevait une rémunération majorée telle que prévu par la loi, mais en plus, il ne payait ni charge sociale ni charge fiscale sur le revenu du travail supplémentaire. C’est le meilleur souvenir que les salariés modestes, effectuant quelques heures sup, ont pu garder de la droite.

La gauche, revenue sur ces exonérations sociales et ces défiscalisations, a fait perdre quelques trentaines d’euros aux salariés, qui pouvaient légitimement lui préférer l’époque de la droite.

Mais en entendant l’ancien Premier ministre François Fillon prôner le passage aux 39 heures, payées 39, on reste incrédule. Il a passé plus de temps au gouvernement qu’aucun autre membre de l’exécutif à s’occuper de la question du travail et des affaires sociales. Ministre sous Chirac, il a passé cinq ans comme Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Il a même passé plus de temps au gouvernement que Martine Aubry, surnommée « la dame des 35 heures ».

Pourquoi Monsieur Fillon n’a-t-il pas supprimé les 35 heures ? Il en est de même pour son concurrent dans la course à la Présidence de l’UMP, Jean-François Copé. Il a, lui aussi, été non seulement ministre, mais surtout à la tête de l’UMP d’où il aurait pu « souffler » à ses camarades de « supprimer les 35 heures ».

Il n’a rien fait.

Ce qui nous amène à aborder la question des 35 heures au-delà des considérations d’ordre politique. On a raconté des tas de choses sur les 35 heures, mais il y a au moins trois vérités qu’il faut avoir à l’esprit.

La première est que, contrairement à l’impression que donnent les adversaires des 35 heures, il n’est pas interdit de travailler au-delà de 35 heures par semaine. La durée maximale du travail est fixée à 48 heures. Un employeur peut donc parfaitement garder son salarié au travail jusqu’à 48 heures hebdomadaires (sous quelques réserves, bien entendu).

Naturellement, on peut travailler moins de 35 heures. La droite a même proposé que les partenaires sociaux, en entreprise, s’accordent sur la « réduction » du temps de travail, pour s’inspirer du « modèle allemand ».

La deuxième difficulté est qu’il n’y a pas 39 heures de travail en France. Avec 5 millions de chômeurs et une généralisation du travail précaire (des CDD à n’en point finir, des missions d’intérim çà et là, du temps partiel imposé,…) il faut bien se rendre à l’évidence : il n’y a pas assez de travail pour envisager le passage aux 39 heures, sérieusement.

Enfin, et c’est la troisième remarque, les 35 heures coûtent effectivement trop cher aux caisses de l’Etat. Une question qui n’a pas à être posée tellement les caisses de l’Etat seraient renflouées dès que les « chômeurs » actuels retrouveront le chemin du travail.

Boniface MUSAVULI


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