367 burqas en France... mais combien de religieuses qui se mortifient ?

par Florentin Gastard
vendredi 25 décembre 2009

 
La France de 1905 avait fait un immense pas en avant en assurant la séparation des affaires religieuses et politiques, poursuivant ainsi le coup porté par les Lumières et la Révolution de 1789 à l’obscurantisme et au traditionalisme de l’Eglise catholique. Mais il semble que la lutte contre l’intégrisme ne soit pas allée assez loin : en stigmatisant constamment les 367 "femmes à la burqa" qui se promèneraient dans la banlieue parisienne, le président de la République affiche sa volonté de voir les droits de l’homme respectés dans notre pays. Cela est positif, d’une certaine manière.
 
Toutefois, comme on sait, cette condamnation unilatérale de la frange extrémiste de l’Islam prend place dans le cadre d’un débat sur l’identité nationale, qui fait la part belle à la xénophobie et à l’islamophobie d’une partie de la population française. Mais l’identité française ne peut en aucun cas se limiter à la lutte contre le fondamentalisme islamique, qui concerne une minorité des 3 millions de musulmans français, soit environ 0.01% d’entre eux. L’identité française, en matière de religion, c’est avant tout la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, qui ne reconnaît la primauté d’aucun culte sur l’autre.
 
Or, dans la France de 2009, force est de constater que cette loi fondamentale de la République est battue en brèche par le comportement scandaleux du président, du gouvernement et de l’Union pour un Mouvement Populaire. En insistant sur les racines "judéo-chrétiennes" de la France, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, laissait voir au peuple l’étrange conception qu’il a de la laïcité, tout comme Xavier Bertrand, président de l’UMP, qui ne voyait rien à reprocher aux églises et aux clochers, mais qui considérait que les minarets n’étaient "pas forcément utiles" en France. Cependant, si la France ne doit financer ou favoriser aucun culte, elle a aussi le devoir de ne pas empêcher les croyants de pratiquer leur religion, y compris la religion musulmane, la seconde de notre pays.
 
Si les 367 burqas nous choquent, les crucifix voyants que portent en public des dizaines de milliers de catholiques convaincus, ces réjouissances publiques à l’approche de la fête catholique de Noël, quand le ramadan fait à peine l’objet d’un ou deux reportages journalistiques, ces évocations nostalgiques, et au conservatisme insupportable, des crèches et des santons, tout cela nous afflige profondément et est totalement contradictoire avec l’idée de laïcité de la loi de 1905.
 
Surtout, quand le président de la République se plait à pourfendre ces quelques burqas, en tant qu’elles sont signes de claustration et preuves d’une hypothétique soumission des femmes musulmanes, il omet volontairement les milliers de religieuses enfermées, encore aujourd’hui, dans des couvents, avec ou sans leur consentement et un peu partout en France, qui pratiquent la mortification corporelle au nom de la rémission de leur péchés.
 
Quoi ? Ces femmes agenouillées, obéissantes, qui ploient sous le joug d’un dogme obscurantiste, ne sont pas mises en cause dans le débat sur l’identité nationale ? Ces femmes, qui sortent parfois et qui promènent dans l’espace public leurs disciplines, leurs bibles et leurs malheurs, -oui ! dans l’espace public !-, et qui indignent la France athée et progressiste, ces femmes ne sont pas condamnées par le gouvernement et par le président de la République.
 
Nous sommes tout à fait d’accord pour condamner les burqas des musulmanes, mais nous exigeons que les choses n’en restent pas là : les religieuses, les croix et les crucifix doivent également être interdits dans l’espace public. Il n’est pas question de favoriser la religion catholique. Toutes les croyances se valent dans leur opposiition à la véritable identité française : toutes s’opposent à l’alliance de la raison, de la science et de l’intelligence, qui permet seule le vivre ensemble dans notre pays.
 
Pour plus d’informations :
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