7 mai : tous à poil au jardin !

par Fergus
vendredi 6 mai 2022

Sarcler, biner, bêcher, planter, greffer, tailler, désherber, ratisser, arroser : toutes ces tâches sont familières aux jardiniers, qu’il s’agisse de professionnels ou d’amateurs. Mais bien peu parmi eux sont des adeptes du naturisme. Le 7 mai sera peut-être l’occasion de voir leurs rangs s’élargir : en différents lieux de la planète l’on célèbrera la Journée mondiale du jardinage nu...

Le World Naked Gardening Day (WNGD), devenu dans les pays francophones la Journée mondiale du jardinage nu, est né en 2005 à l’initiative d’un certain Mark Storey. Rien de surprenant : cet agrégé de philosophie américain est un fondu de naturisme qui aime, semble-t-il, confier ses joufflues à la caresse du soleil et son bigoudi à celle de la brise. Storey aime également prodiguer des conseils en la matière. C’est la raison pour laquelle il dirige – allez savoir dans quelle tenue ! – Nude & Natural, le magazine de référence de la pratique naturiste aux États-Unis. Cofondateur du WNGD, le dénommé Jacob Gabriel est, quant à lui, un spécialiste de la permaculture. Lui aussi est convaincu qu’il est bon pour les humains de se mettre à poil aussi souvent qu’ils le peuvent, fût-ce pour activer dans leur lopin la croissance des grisettes de Provence ou se féliciter de la plénitude des grosses blondes paresseuses.

Le WNGD se revendique totalement apolitique. Il s’est fixé pour objectif de promouvoir le plus largement possible « la liberté vestimentaire par le jardinage ». Initialement fixée en septembre, la Journée mondiale du jardinage nu a lieu depuis 2015 chaque premier samedi de mai. Après avoir essaimé d’abord en Amérique du Nord, le mouvement a progressivement gagné d’autres continents, principalement dans les pays anglo-saxons. Hélas ! force est de reconnaître qu’il tarde à prendre racine, si l’on peut dire, dans l’Hexagone. Qu’à cela ne tienne : le 7 mai, de Montretout (Hauts-de-Seine) à Corps-Nuds (Ille-et-Vilaine) et d’Anus (Yonne) à Chatte (Isère) en passant par Sainte-Verge (Deux-Sèvres), nombreux seront celles et ceux qui auront à cœur de célébrer à leur manière cette Journée mondiale du jardinage nu. Non contents de tomber le haut ce jour-là, tous tomberont également le bas : au diable les slips, et haut les sécateurs !

Ah ! le sécateur. Il nous rappelle fort à propos que jardiner, c’est utiliser des outils qui peuvent être dangereux pour soi-même, et pas seulement les sécateurs : cisailles, ébrancheurs, taille-haies et a fortiori tronçonneuses sont à manier prudemment, tout particulièrement lorsqu’on est dans son costume de naissance. Il convient également de se méfier des branches d’arbustes espiègles au cinglement imprévisible. Se méfier surtout des rosiers et autres végétaux à épines qu’il ne faut approcher qu’avec d’infinies précautions quand on est à poil si l’on ne veut pas se faire égratigner les roberts, la zigounette ou les joyeuses. Sans oublier les plantes urticantes dont le contact est fortement déconseillé aux endroits les plus sensibles de l’anatomie. Et que dire de toutes ces bestioles qui, tels les moustiques, les guêpes ou les frelons risquent de fondre sur les infortunés jardiniers naturistes en piqué en cette Journée mondiale du jardinage nu ? Sans compter les fourmis et les chenilles processionnaires dont le contact fortuit avec les génitoires peut se révéler fort désagréable.

Mais comme le disent avec sagesse les philosophes de comptoir, « le pire n’est jamais sûr » ! Si donc vous êtes tenté(e) de sauter le pas pour cultiver votre jardin in naturalibus le 7 mai, allez-y donc franchement, doudounes, popaul et miches à l’air. Bottes aux pieds et chapeau sur la tête pour tout vêtement, vous ne serez pas plus ridicule que Billy The Kid dans le même accoutrement, la serfouette remplaçant le colt. Et tant pis si, dans sa tombe du cimetière Saint-Éloi d’Hazebrouck, le prêtre-député Jules-Auguste Lemire – l’homme à qui l’on doit depuis 1896 le développement des jardins ouvriers* sur notre territoire national – agite en vain ses osselets pour protester contre ce sacrilège aux allures d’attentat à la pudeur.

Quel sacrilège d’ailleurs, monsieur l’abbé Lemire ? Adam et Ève n’étaient-ils pas nus dans le jardin d’Eden ? Il est vrai qu’eux ne risquaient pas de tomber sous le coup de l’article 222-32 du Code pénal qui punit celles et ceux qui sont reconnus coupables d’« exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible au regard du public ». On ne se méfie jamais assez des chats-fourrés, ni de leurs homologues féminines que la bienséance nous interdit de nommer ici !

En 1952, les « jardins ouvriers » deviennent, par voie législative, des « jardins familiaux », désormais placés sous la responsabilité d’associations (cf. Le spectaculaire succès des jardins familiaux).

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