A 50 jours des présidentielles : sur la situation électorale et politique en France
par PRCF
lundi 6 mars 2017
A quelques semaines du 1er tour des présidentielles, la situation sociopolitique est dangereuse, et potentiellement explosive. Mais elle est également très ouverte si les vrais communistes s’adressent ensemble, indépendamment de la direction du PCF-PGE, à la classe ouvrière, à la jeunesse et aux progressistes de notre pays.
1°) La situation politique est à haut risque :
en effet, face à la montée des « affaires » et aux incessantes manipulations médiatiques de l’oligarchie politico-financière, le vote FN continue de grimper et l’hypothèse d’une victoire de M. Le Pen n’est plus exclue, d’autant que 50 % des électeurs disent n’avoir pas encore fait leur choix. La possible implosion en plein vol de la candidature Fillon, le cupide Tartuffe thatchérien qui veut dépouiller les travailleurs au profit des super-nantis, a certes l’avantage de révéler crûment la cupidité et l’égoïsme de classe qui se cachent derrière le programme pseudo-vertueux des « LR ». Mais en même temps, la déconfiture méritée de Fillon nourrit l’intense ressentiment antidémocratique et antirépublicain d’un électorat néo-versaillais que peuvent séduire les discours fascisants de M. Le Pen contre les fonctionnaires, contre la justice, sans oublier l’appui aveugle qu’apportent à la fois le FN et les LR aux exactions racistes de certains policiers.
Même s’il est heureux qu’Air-France, EDF, la CGT-SEITA et les hospitaliers engagent l’action sans attendre les présidentielles, il est dommageable que face à la droitisation forcenée de la vie politique nationale, les confédérations syndicales qui ont mené la lutte contre la Loi Travail restent aujourd’hui l’arme au pied, du moins au niveau national, interprofessionnel et inter-confédéral : alors que les Fillon et autres Macron multiplient les menaces contre les acquis des travailleurs du public et du privé, contre les chômeurs et contre les retraités, c’est sans attendre les « ordonnances » antisociales d’une brutalité inouïe qui peuvent frapper dès juin 2017 qu’il faut construire la convergence des luttes pour l’emploi, le « produire en France », les salaires, la protection sociale, les services publics, le logement, les libertés syndicales qu’étranglent les quelque 2000 procès intentés à de courageux militants CGT et SUD.
En tant que marxistes, les communistes se doivent d’éclairer l’arrière-plan de classe et géopolitique de cette présidentielle française atypique. Dans le monde entier, des USA aux Pays-Bas, les oligarchies capitalistes veulent prendre les peuples en étau entre des forces ouvertement réactionnaires (Trump aux USA, Le Pen et Fillon chez nous) et des forces euro-atlantiques grossièrement néolibérales et pseudo-« progressistes » (Clinton ou Obama aux USA, Macron-Hamon chez nous, etc.). Le but de cette tenaille politique internationale et nationale est de forclore l’émergence d’alternatives populaires, patriotiques, antifascistes et écologiques permettant aux travailleurs d’engager sur des bases larges la rupture révolutionnaire avec le capitalisme. Les militants franchement communistes, les syndicalistes de classe et les vrais patriotes progressistes se doivent donc de briser cet étau mortel qui conduit par diverses voie la France, l’Europe et le monde vers la régression, la fascisation et la mondialisation des guerres. Et pour cela, plus que jamais, le PRCF appelle les travailleurs et le peuple français à lutter sous les deux drapeaux conjoints de la Révolution française et de la Révolution d’Octobre pour le progrès social, l’indépendance nationale, la démocratie, la paix et le socialisme : de même qu’à l’échelle internationale, il est plus qu’urgent d’associer, contre l’impérialisme et ses créatures barbares, les luttes révolutionnaires pour le socialisme au combat pour le droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes !
2°) la situation politique est également très ouverte si les vrais communistes font l’effort urgent de s’adresser ensemble à la classe ouvrière, à la jeunesse populaire et au monde du travail :
Non l’heure n’est pas à bouder la candidature Mélenchon en court-circuitant cette présidentielle à haut risque, en « attendant les législatives » et en faisant comme si ces dernières n’allaient pas être marquées au fer rouge par les positionnement présidentiels antérieurs. Il faut se saisir de la candidature Mélenchon, sans l’idéaliser, sans se fondre en elle, avec esprit critique sur tous les sujets qui le méritent (ampleur des nationalisations, netteté et rapidité de l’euro-rupture progressiste, défense résolue d’EDF nationalisé…), mais sans mépriser cet outil politique, sans mégoter ni ergoter sans fin, sans attendre passivement, voire en comptant les points, que cette candidature soumise à rude épreuve soit dévitalisée par l’effort conjugué des appareils euro-formatés du PS et du PCF-PGE. C’est pourquoi d’ailleurs le 18 mars, les militants du PRCF seront à Paris pour agir et dialoguer fraternellement avec les « insoumis », communistes et non communistes, venus de toute la France. En outre, les militants du PRCF appelleront aussi à :
- prendre appui sur l’appel de Mélenchon à rompre sur-le-champ avec l’OTAN et à engager sans retard l’action populaire sur ce thème !
- affirmer et réaffirmer, même si certains naïfs penseront que c’est là un appel prématuré, que le peuple français ne fera pas la guerre au peuple russe qui « a joué le rôle principal dans notre Libération », comme l’a reconnu de Gaulle à Moscou en 1966 ;
montrer le lien entre l’euro-austérité salariale et les politiques de guerre impérialistes au Mali, en Syrie, en Libye, etc., ainsi qu’avec la nouvelle course aux armements de l’OTAN voulue à la fois par Obama, Trump et Clinton !- rebondir sur la formule de J.-L. M. : « l’UE, on la change ou on la quitte ! » en expliquant que l’UE, qui se déclare d’ailleurs le « partenaire stratégique de l’OTAN », est irréformable. Ne pas en sortir sans retard, ce serait risquer d’ « y rester » rapidement !
- briser l’opération « Macr’/Hamon » et déclarer dès maintenant tous ensemble que, tout en « mettant le paquet » pour arracher prioritairement les ouvriers au vote Le Pen au 1er comme au second tour des présidentielles et des législatives, nous n’accepterons pas au second tour de rabattre sur un ex-ministre de Hollande sous prétexte de faire « barrage antifasciste »… Alors que ce sont les politiques euro-dictatoriales du PS et des LR qui n’ont cessé, ne cessent et ne cesseront de porter le vote frontiste jusqu’à l’incandescence !
Quels que soient nos positionnements respectifs de communistes à propos de Mélenchon, il serait indigne de véritables communistes de « rester hors du coup » et d’abandonner la classe ouvrière au repli ou au FN. Au contraire, adressons-nous ensemble aux travailleurs devant les usines, les grandes surfaces, les services publics, Pôle emploi, dans les quartiers HLM, etc. Déjà le PRCF montre l’exemple en diffusant ses affiches, ses autocollants et ses 110 000 tracts-programmes aux travailleurs (Paris et RP, Marseille, Toulouse, Albi, Lens, Lille, Douai, Boulogne, Tulle, Bordeaux, Grenoble, Carros, Menton, Montpellier, Apt, Tonnerre, Lyon, Brest, St-Brieuc, St-Pierre des Corps, Condom, Tarbes, St-Claude, Strasbourg, etc.). Pourquoi ne pas aller ensemble aux usines, camarades communistes membres ou non-membres du PCF, sur la base d’un programme communiste commun de FR.exit Antifasciste et anti-impérialiste, Populaire, progressiste, Patriotique et Ecologique (Fr.APPE !), de nationalisations démocratiques et de coopération internationale ? Non pour ajourner notre objectif final affiché, le socialisme pour la France, au nom d’on ne sait quelle « étape de démocratie avancée » ressortie des greniers pour servir d’épouvantail « réformiste », mais pour donner à la marche révolutionnaire au socialisme, c’est-à-dire au pouvoir des travailleurs et à la socialisation des moyens de production et d’échange, une solide assise pratique, populaire et potentiellement majoritaire dans notre pays !
Enfin ne laissons pas « tranquilles » les Macron et autre Hamon sur les questions « sociétales » :
- oui, le socialisme – qui a existé et qui existe encore partiellement dans le sillage des révolutions russe, chinoise, vietnamienne, cubaine, etc. – permettait et permettra encore plus à l’avenir de donner à chacun un travail digne et épanouissant.
- Non la « macro-ubérisation », c’est-à-dire l’ultra-précarité pour tous, n’est pas l’avenir de la société.
- Non, l’uniformisation totalitaire du monde, avec le Business-Globish « transatlantique » effaçant les langues et les cultures nationales, non l’anticommunisme obsédant dans les médias et à l’école, non la concurrence effrénée de tous contre tous, non l’« auto-entrepreneuriat » généralisé privant les jeunes du droit de faire vivre décemment leur famille (cf la grève des VTC !), non le dévoiement de la science par les fossoyeurs impérialistes de la paix, des Lumières et de l’environnement, ne sont pas l’avenir humain et solidaire auquel aspirent la jeunesse et le monde du travail !
En ce 100ème anniversaire de la grande Révolution prolétarienne d’Octobre 1917, face à la marche à la guerre impérialiste, à l’anticommunisme d’État, au racisme hideux, à l’intégrisme assassin, à la fascisation de l’État, face à Le Pen/Trump, à Fillon-Thatcher, à Macron-Uber, redisons ENSEMBLE avec Georges Dimitrov, l’ultime secrétaire de l’Internationale communiste, que « les contre-révolutions sont des parenthèses de l’histoire, l’avenir appartient aux révolutionnaires ». C’est-à-dire aux militants franchement communistes, aux syndicalistes de classe et aux citoyens et citoyennes franchement progressistes si, sans plus tarder, ils s’adressent d’une seule voix à la CLASSE OUVRIÈRE.