À celles et ceux qui mettent leur colère au service des maux dont ils se plaignent

par Claude Courty
vendredi 13 janvier 2023

Sans prétention scientifique, les schémas qui suivent ainsi que les données factuelles autant que chiffrées étayant le raisonnement qu’ils illustrent, sont néanmoins empruntés, en toute simplicité, à des disciplines scientifiques, tant en ce qui concerne les propriétés du polyèdre pyramidal que pour toutes références notamment démographiques, sociologiques, statistiques...

Aussi bien intentionnée qu’elle puisse être – toutes les vérités n’étant pas bonnes à dire – c’est une ahurissante tromperie, entretenue consciemment ou non par tous les pouvoirs, à commencer par le religieux et le politique, en réponse à la plainte de l'humanité entière dans toutes ses contradictions, que de promettre la disparition des inégalités sociales, alors qu’elles sont la conséquence de flux démographiques croissant depuis que l’homme existe, proportionnellement à la population de chacune des catégories sociales dont la société est composée. Et c’est le caractère incontournablement pyramidal de cette structure sociale, dû aux hasards de la naissance de chacun, dont son héritage génétique, social et culturel qui le veut ainsi, outre les aléas de son existence par la suite.

Au-delà du fait que richesse et pauvreté existent l’une par l’autre, dans leur relativité : sans riches point de pauvres et réciproquement, la plus grande honte de l’humanité qui en résulte étant la "pauvreté profonde", laquelle n'est pas invincible, précisément parce qu'elle n'est pas relative. Mais encore faut-il avoir conscience de ce en quoi elle diffère de la pauvreté “ordinaire”.

La pauvreté profonde, ou extrême, est celle des plus déshérités des humains qui survivent à proximité ou au niveau zéro de la richesse collective avec moins de 2$ quotidiennement, selon la définition de l’ONU à ce jour, bien que ces plus pauvres des pauvres se distinguent surtout par un dénuement pouvant être total, en l'absence du revenu que devrait leur procurer un travail ou des allocations compensatrices en cas de chômage ; leur situation étant généralement la conséquence d'un manque de formation ou plus simplement d'une absence d'instruction pouvant aller jusqu'à l'illétrisme, dans une société qui les refusent.

Et le nombre de ces pauvres profonds dépend de l'ampleur de la pauvreté régnant dans la pyramide sociale, telle que l'indique à tout moment l'étendue de sa base et sa distance par rapport à son sommet.

Dans l'amalgame entre pauvreté relative et pauvreté absolue commis par l'ignorance ou l'indifférence, comme par la philanthropie la plus sincère, ces "hyper-pauvres" sont incités, avec les pauvres "ordinaires", à persister dans la croyance en la mystérieuse autant que miséricordieuse abolition de leur condition, alors que les uns et les autres se multiplient – structurellement – davantage et plus rapidement que les riches. Pour 100 humains qui peuplent la pyramide sociale, 14 naissent riches alors que 86 vont grossir les rangs des pauvres, en condamnant leur descendance à leur propre sort, alors que les mieux intentionnés des nantis leur dispensent une charité (ou une solidarité) n'aboutissant qu'à les maintenir dans leur état de servitude, sans rien changer à son aggravation perpétuelle.

Plutôt que de s'en défendre, ceux qui vivent à proximité ou au niveau zéro de la richesse commune persistent à croire en leurs chances d'y échapper, tout en se multipliant depuis que l'homme existe, avec la croissance ininterrompue de l'indissociable binôme économie/population, celle-ci déterminant celle-là et non l’inverse.

C'est ainsi que non seulement les humains sont parvenus à consommer en six mois plus du double de ce que leur habitat peut leur offrir pour satisfaire leurs besoins d'une année entière (Cf. "Notre empreinte écologique" - Éditions écosociété), mais que la grande majorité des démographes, sociologues, économistes et autres experts en sciences dites humaines, ignorant, négligeant, voire niant la "troisième dimension" d'une condition humaine faite de l'interdépendance hiérarchisée – donc verticale et plus précisément pyramidale – de ses membres, confortent les inégalités sociales régnant entre eux tous ; à l'instar de la sociologie (Cf. Pierre Bourdieu et sa notion de "champ" qui les met en scène). Au point que cette société apparaisse comme un système dont les maîtres sont submergés par le nombre de leurs esclaves, que remplaceront bientôt des robots qui n'auront plus besoin d'être secourus, dirigés, surveillés, ni même alimentés autrement qu'en énergie électrique.

Bien au-delà du risque alimentaire sur lesquel s'est focalisé Malthus – à tort, comme il l'a reconnu – l’ingouvernabilité croissante de l’humanité qui en résulte n’est-telle pas démontrée chaque jour par des faits dont le dernier de ceux qui y contribuent est informé à jet continu ? Toujours est-il que cette ingouvernabilité apparaît comme le premier des dangers, pour l’humanité elle-même comme pour son habitat et toutes les espèces qui le peuplent avec elle, et que l’explosion de la pyramide sociale mondiale devient la catastrophe la plus à craindre, si les caprices de la nature lui en laissent le temps ?

Or, si tout espoir de redressement par l'économie est exclu, par simple insuffisance prévisible des ressources notamment énergétiques (Cf. J.M. Jancovici pour ce qui est de leurs limites) d'une planète sur laquelle se situe probablement encore pour longtemps le destin de l'humanité, une solution existe consistant, plutôt que dans une archaïque lutte des classes, dans la rémanence des revendications sociales les plus anciennes, complétée ou non d'une lutte entre générations promettant d'être tout aussi vaine, à :

1° Répartir entre tous les pays du monde des moyens de production qui sont la première richesse de l’humanité entière, exploités pour le compte de tous par les pays les plus avancés, parce que créés par eux, précisément en raison de leur richesse.

2° Réduire et maîtriser d’urgence, la démographie humaine, là où elle en a le plus besoin, par une politique intensive de dénatalité expliquée et consentie.

3° Instaurer une garantie de ressources – au moins égale au minimum vital – sous forme d’un revenu universel minimum et inconditionnel – R.U.M.I. (Cf. pyramidologie sociale), au bénéfice de tous les humains, comme l’indique son qualificatif d’universel.

Le tout pour un coût probablement inférieur à tout ce qui est dépensé à fonds perdus, en secours sans lendemain.

Le nombre des riches occupants du sommet de la pyramide sociale mondiale étaient en 2011 de 259 millions environ (3,7%), alors que la population mondiale était estimée à 7 milliards d’humains, et que celle des pays riches – OCDE – en représentait 18 %, soit 1,18 milliard, riches et pauvres confondus (car il y a aussi des pauvres dans les pays riches).

Pour le seul continent africain, sa population était estimée à la même époque à 1,1 milliard. Or, De 100 millions en 1900, cette population africaine est passée à environ 275 millions dans les années 1950-1960, puis à 640 millions en 1990 et à 1,4 milliard en 2022 soit 18 % de la population mondiale. Et depuis 1950, les projections de l'ONU à 30 ou 50 ans – qui se sont révélées relativement correctes – la population de l'Afrique subsaharienne uniquement pourrait être à la fin du siècle de 3 milliards d’habitants. Et selon la projection démographique intermédiaire de l’ONU, tenant compte des scénari moyens d’évolution prévue, principalement de la mortalité, de la fécondité et de la structure par âge, dans les années 2050 la population de l'Afrique se situerait aux environs de 2,5 milliards puis – projection beaucoup plus incertaine – vers 4,4 milliards en 2100.

Aura-t-il fallu 2 millénaires après le triomphe du monothéisme incarné par le Christ, pour que l’homme réalise à quel point sont catastrophiques les conséquences de l’obscurantisme sur lequel son espèce a prospéré – civilisation occidentale en tête ? Ou l'imprévision démographie de son envoyé l'a-t-elle trahi ; ce qui serait pour le moins surprenant de la part d'un fils de Dieu ? À moins que ce soient ses représentants par la suite, à qui il reste l'exégèse, ne serait qu'en ce qui concernne le dogme (sur)nataliste qu'ils ont instauré et défendent depuis contre la raison, avec la complicité d'un pouvoir scientifique en mal de conscience, s'agissant de la prolifération humaine et de son vieillissement, tels qu’ils sont promis à augmenter encore... si la nature leur en laisse le temps.

Croissance de la population humaine mondiale :

Augmentation de l’espérance de vie humaine en 2 000 ans :


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