À l’occasion des Européennes, le PS saura-t-il montrer un nouveau visage ?

par Nicolas Cadène
jeudi 19 février 2009

Les listes socialistes pour les élections européennes seront votées par les militants le 12 mars prochain. Mais ces derniers ne pourront ni modifier leur ordre (et donc les candidats en position éligible ou non) ni leurs noms. Ils ne pourront qu’avaliser des listes négociées entre la direction nationale, les différents courants et les "barons locaux"... Martine Aubry a assuré que les conditions de renouvellement, de non-cumul et de diversité seront respectées. Ce serait là l’occasion de profondément changer la classe politique socialiste au Parlement européen et de mieux "coller" à la société. Le PS sera-t-il à la hauteur des attentes ?

En juin, les élections européennes seront le prochain test important pour le Parti socialiste. Au-delà même des résultats, la façon d’aborder ces élections sera un signe extrêmement révélateur de notre nouvelle manière faire de la politique. Alors que l’UMP fait du mandat européen un placard doré pour politiques en disgrâce, nous devons au contraire y démontrer nos ambitions nouvelles : être en phase avec la société et répondre aux inquiétudes de nos concitoyens. Avec le Manifesto du PSE (Parti socialiste européen), nous sommes les seuls (avec les European Greens) à avoir un programme européen unique, rédigé par les militants de tous les États membres.

Incontestablement, l’Europe traverse une crise d’identité et la présidence française de l’Union européenne n’aura fait qu’amplifier ce mouvement de replis nationaux. Si Nicolas Sarkozy a su faire beaucoup parler de lui, il aura finalement peu parlé de projet commun, d’unification politique, de démocratisation. La crise internationale et le bilan du Président débouchent sur une situation politique favorable pour la gauche européenne à condition qu’elle sache présenter un nouveau visage.

Qu’en est-il aujourd’hui ? On constate que les eurodéputés français apparaissent souvent aux électeurs inactifs et peu présents. Ce constat est généralement injuste tant les membres du PSE sont de tous les combats. Mais cette perception peut s’expliquer par le fait qu’en Europe nos élus sont parmi ceux qui cumulent le plus...

Notre première secrétaire, Martine Aubry, a fixé comme critères internes de désignation : « le renouvellement, la diversité et le non-cumul des mandats ». Est-ce l’ébauche de ce renouvellement nécessaire ? Nous le souhaitons et nous invitons notre Parti à ce que cette impulsion se trouve enfin concrétisée.

Le problème fondamental de la gauche d’aujourd’hui est celui du renouvellement générationnel. Il est la clé pour aborder tous les autres critères définis par Martine Aubry. C’est le levier qui résoudra, de fait, la question de la « diversité ». Aborder le problème du manque de représentativité des minorités au sein des assemblées parlementaires en voulant « fabriquer de la diversité », dusse-t-elle être artificielle comme aujourd’hui au sein gouvernement, n’est pas sain. Cette conception de la République n’est pas la nôtre. Elle ouvre la voie à la politique du comptage avec tous les effets pervers que cela entraîne. Nous sommes pour une diversité qui soit issue du terrain et du militantisme, non du fait du prince et des effets de cour. Il est d’ailleurs intéressant de découvrir à l’occasion de cette échéance européenne qu’en cas de disgrâce, la punition préférée du nouveau « monarque » est le mandat européen... Cela en dit long sur la vision européenne de la droite française !

Les générations auxquelles nous appartenons sont des générations qui ont grandi dans la diversité. Le concept même de génération « black-blanc-beur » n’a plus de sens tant le métissage est partie intégrante de notre culture. Faire la place à cette génération dans les instances politiques, c’est automatiquement accepter cette France du réel.

Faire de la place aux jeunes n’est pas tomber dans une forme de « jeunisme » qui serait au moins aussi absurde que le spectacle actuel d’une Assemblée monocolore. Nous devons mieux coller à notre société en mettant en avant des compétences plus ancrées dans notre vie sociale, et surtout en mettant en place ce que tous les socialistes appellent de leur vœux : le non-cumul des mandats !

Si nous avons conscience des rapports de force électoraux et parfois de la nécessité de présenter un « baron local » pour gagner parce que le non-cumul n’est pas encore inscrit dans la loi, en interne, refusons la « politique des rentiers », tout comme nous condamnons le « capitalisme de rente » !

Pour toutes ces raisons, animés d’un très fort sentiment européen, nous souhaitons interpeller les militants, les dirigeants du Parti socialiste mais aussi l’ensemble des responsables politiques français à travers le soutien à des candidatures différentes, transparentes, inédites.

Premiers signataires : Nicolas Cadène (CN et CF 30), Bastien Brunis (Paris), Kamel Chibli (CN et CF 09), M’jid El Guerrab (CF 15), Sébastien Gros (91), Akli Mellouli (CN et CF 94), Benjamin Mathéaud (SF 30), Mustapha Mousalli (CF 18), Anthony Pitalier (CF 24), Aziz Ridouan (49), Zacharia Saha (95)

Pour signer l’appel, cliquez ici.


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