A l’ouest, rien de nouveau

par maggie
jeudi 11 septembre 2008

A l’occasion du septième anniversaire des attentats du 11-Septembre 2001, il convient de faire les points sur ces événements et sur la manière dont ils ont bouleversé les relations internationales.
 
Lorsque les tours du World Trade Center se sont effondrées, les élites politiques et médiatiques françaises ont aisément exprimé toute leur solidarité envers les victimes de ce drame. Selon l’expression de Jean-Marie Colombani dans Le Monde : « Nous sommes tous Américains ». Officieusement, cette formule est pourtant attribuée à Kouchner, récupérée avant publication par l’éditorialiste désireux de se faire mousser. Acrimed nous livre les détails de cette affaire. Au final, cet édito compassionnel sera qualifié d’historique et servira probablement de référence aux manuels de nos écoliers dans quelques dizaines d’années. Parmi les rares voix discordantes, Arlette Laguiller attribuera ces attentats au déséquilibre politique et financier qui déchire le monde. En ces heures de recueillement, la relativisation de cette catastrophe en avait outré plus d’un. Raillée même par Les Guignols de l’info (réputés pour leurs tendances « gauchistes »), l’éternelle candidate à la présidentielle n’avait certainement pas tort d’analyser les attentats non comme une attaque inique, mais comme la résultante d’une politique américaine belliqueuse à l’appétit gargantuesque.
 
Rappelons tout de même qu’en matière de terrorisme d’Etat les Etats-Unis sont en situation de quasi-monopole. Sur le modeste territoire du Vietnam, la puissance symbole des démocraties modernes a largué plus de bombes que les puissances de l’Axe et les Alliés réunis durant la Seconde Guerre mondiale. La dispersion de l’agent orange (création de la firme « humaniste » Monsanto), puissant herbicide destiné à rendre la terre stérile et réduire la population à la famine, revêt un caractère génocidaire certain. Plus de 5 millions d’Asiatiques laisseront leur vie dans ce conflit provoqué par une attaque imaginaire (incidents du golfe de Tonkin). Il suffit donc qu’un marin américain travaille du chapeau pour sceller le sort de tout un pays. La guerre du Vietnam, on le sait aujourd’hui était une pure agression, tout cela parce qu’un hurluberlu avait cru entendre une balle émise depuis un bâtiment nord-vietnamien. Le principe de justice voudrait que l’on s’amende lors d’une attaque aussi arbitraire. Eh bien non ! Le Vietnam, bien au contraire, a été contraint de payer des réparations à son bourreau. Atroce humiliation que celle de payer pour être une victime. Autant rétribuer les violeurs plutôt que les condamner.
 
Au Nicaragua, durant l’administration Reagan, la CIA a financé et épaulé les mouvements anti-sandinistes. Vingt-cinq mille personnes périront dans ces actes terroristes pilotés par les Etats-Unis, soit plus de huit fois le bilan de pertes humaines de WTC. En 1961, le calamiteux débarquement de la baie des Cochons, qui consistait principalement à envoyer les opposants de Castro se faire charcuter à quelques mètres des plages cubaines, était également une brillante idée de la CIA. On pourrait faire l’inventaire des différentes inventions pour liquider l’insoumis dictateur communiste. Certains de ces remarquables cerveaux ont même imaginé un cigare explosif ou empoisonné à refourguer à notre fumeur barbu.
 
Peut-on s’étonner à l’énumération de ces différentes manœuvres (il ne s’agit ici que d’une très courte et incomplète évocation) que certains citoyens n’adhèrent pas forcément aux formules telles que « nous sommes tous Américains ». On peut éprouver un respect pour les victimes du WTC dont le seul tort a été de travailler dans le mauvais bâtiment. Néanmoins, on se sent aussi affligé pour l’ouvrier nicaraguayen mort dans le bombardement de son usine ou la fillette vietnamienne brûlée au napalm. L’affliction souvent outrancière pour les victimes du 11-Septembre tient de l’ethnocentrisme, mais surtout de l’allégeance aux puissants.
 
Un intellectuel réputé tel que Noam Chomsky est souvent calomnié par nos éditorialisto-chroniquo-radio-télévisio-journalistes. Le bonhomme, professeur au MIT (une des meilleures universités du monde), passe entre la plume de Val et de ses compères pour un odieux anti-américain, antisémite de surcroît. Sachant Chomsky élevé dans la culture hébraïque, on serait tenté de ricaner. L’intellectuel, il est vrai, n’apprécie que moyennement la politique de l’Etat d’Israël, qu’il considère comme une sorte de succursale américaine.
 
Quant à parler d’antiaméricanisme, souhaiter ne plus voir son pays se ruiner en armement et s’avilir en agressant des Etats désarmés, ce serait plutôt une preuve de patriotisme. Et n’oublions pas qu’en matière de confiscations des matières premières et de soutien aux conflits armés, la Chine a beaucoup progressé contrairement à ses camarades occidentaux. Désormais, l’Occident vit surtout de la spéculation intellectuelle. Il se maintient grâce aux concepts (marques, brevets) et délègue les exécutions à ses vassaux asiatiques. L’Occidental actuel se révèle la plupart du temps incapable de pétrir son pain, de faire quelques points de couture, voire de monter correctement un meuble (même avec la notice). Il suffit d’observer nos « aventuriers » de Koh-Lanta, inaptes au point de ne pas savoir faire du feu et accueillant comme une divinité celui qui leur octroiera une torche. Spectacle à la fois lamentable et hilarant d’observer cette poignée d’Européens pleurnicher et se décharner parce que trop dénaturés pour pouvoir se nourrir et s’abriter correctement. Je ne les en blâme pas, j’en fais aussi partie. Les Etats-Unis comme l’Europe gagneraient plus en développant les talents industriels et les formations des artisans, qu’en jouant sur l’illusion de leur puissance. La Chine prendra sans doute bientôt sa revanche à la révolte des Boxers. L’histoire nous apprend que les empires ne se maintiennent pas éternellement. Cortés a conquis le Mexique avec une faible quantité d’hommes. Il suffit souvent de quelques éléments pathogènes et rusés pour renverser toute une civilisation. Ce que nos intellectuels de la fibre de BHL ou Finkelkraut, se refusent à admettre, c’est que l’Occident a mérité ces quelques revers, mais qu’il ne saurait être pris en pitié s’il s’obstinait dans cette voie cynique.
 
Le point de vue des médias dominants sur le déroulement et les thèses du 11-Septembre se révèle tout aussi déplorable. Quand l’humoriste Jean-Marie Bigard exprime son scepticisme sur l’effondrement des tours dans une émission de variété, certains vont jusqu’à l’accuser de faire du révisionnisme. Doit-on tout de même rappeler que le présumé commanditaire de ces attentats n’a jamais été interpellé, ni jugé ni condamné (même par contumace) ? L’affaire n’étant pas totalement éclaircie, cet homme a tout de même le droit d’exprimer son opinion, même contraire à celle de l’intelligentsia. L’Histoire fourmille d’exemples où les thèses officielles trouvent de quoi douter. Le rocambolesque assassinat de Raspoutine, attribué au prince Youssoupoff, laisse à penser que les services secrets britanniques, planqués à quelques mètres, auraient pu donner un coup de main discret au tireur maladroit. Pourquoi les Britanniques ? Parce que le plus célèbre des moines usait de son influence auprès de la Tsarine pour que la Russie se retire du conflit de la Première Guerre mondiale. Abandonnée par ses alliées russes, la Grande-Bretagne aurait vu disparaître le front de l’Est et les troupes germaniques et austro-hongroises se concentrer sur l’Ouest et menacer les insulaires. Mais sept ans après les attentats, les tabous demeurent. Ceux qui s’interrogent sont toujours traités de conspirationistes, voire d’islamo-fascistes. Tout passionné d’histoire sait qu’une part d’occulte détermine le cours des événements. Rien de paranoïaque que d’avoir conscience que les négociations secrètes et les assassinats sont une composante de la vie des puissants. Croire le contraire serait faire preuve d’une affolante niaiserie. Mais, pour l’heure, on préfère tourner en ridicule les nombreux citoyens qui s’interrogent plutôt que les courtisans certains de leur supériorité intellectuelle. Qu’importe l’invective.
 
Dans trente ans, nos petits-enfants nous lanceront sûrement : « Comment à cette époque les gens était-ils aussi bêtes pour gober tout ça ? » Nous pourrons alors leur raconter ce charmant conte d’Anderson : les habits neufs de l’empereur. L’empereur se fait commander un habit qui n’apparaît pas aux yeux des sots et des incapables. En guise de tailleurs aux pouvoirs magiques, il s’agit bien sûr de deux escrocs, qui se contentent d’empocher l’argent et les fils d’or tout en feignant de coudre. Aucun ministre ni dignitaire, par peur du ridicule n’ose avouer que l’empereur ne porte rien sur le dos. Seul un enfant, pendant la parade du souverain ose proclamer que son monarque est nu car il n’a pas encore assez d’orgueil pour ne pas opter pour l’idée qui lui semble la plus juste.
 
 

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