A la porte, Didier ! Alarme, citoyen !

par Bernard Dugué
mercredi 23 juin 2010

Après Stéphane Guillon, c’est l’autre trublion de France Inter, Didier Porte, qui vient d’annoncer son éviction du fou du roi. Les licenciements, quand il y en a un, ça passe, mais c’est quand il y en a beaucoup que ça lasse et que ça pose de sacrés problèmes à notre bonne vieille démocratie. Je ne ferai aucune accusation quant à une intervention directe du président Sarkozy qui n’y est pour rien, pas plus qu’il n’a eu la peau de Nicolas Anelka qui lui aussi, peut être considéré comme un humoriste à sa manière, ayant prononcé un bon mot à l’encontre de son entraîneur dans les vestiaires. Didier Porte est donc interdit d’antenne. La décision a été prise par Philippe Val qui du reste, ne renouvelle pas non plus la chronique matinale du même Didier le jeudi matin. C’est sous les applaudissements et avec le soutien de Stéphane Bern que Didier Porte a annoncé son éviction dans le fou du roi, signalant avoir reçu la nouvelle par un recommandé envoyé par la direction de France Inter.


Comment ne pas accoler les deux naufrages, celui de la France du football et celui de l’information publique et son staff. Evidemment, je ne sais comment réagir. Même si parfois, certaines vannes de Porte ne me faisaient pas rire et que je trouvais Guillon un peu lourdingue, au moins, on entendait une différence et puis, comme dirait Voltaire, même si on ne rit pas à chaque fois avec Guillon et Porte, on doit se battre pour défendre leur liberté d’expression. Alors, inutile d’accabler Sarkozy, mais osons quand même crier haut et fort que Philippe Val et Jean-Luc Hees incarnent la honte de la France. Comment cet ancien gauchiste, directeur de Charlie Hebdo, en est-il arrivé là ? Ce sont des choses qui arrivent. Souvenons-nous comment ont viré de rares expressionnistes à une certaine époque. Hum, que cette allusion est délicate, m’évitant de franchir le point Godwin. Restons calme et zen, les vacances approchent et la colère de résoudra rien.


Le monde de la France libre ne peut être que consterné par cette ambiance de chasse à l’homme. Personne ne veut voir les réalités en face, les vrais problèmes, et assumer sa part de responsabilité. Alors, on fait payer à quelque uns le marasme généralisé. Anelka a payé pour les Bleus, Guillon et Porte payent pour l’état lamentable de la société, sa dette, sa croissance molle, ses turpitudes, ses incompétences. Avec les règles morales pratiquées en Angleterre, une bonne demi-douzaine de ministre ne seraient plus en poste, de Jouyandet et son jet à Bachelot et sa gestion calamiteuse de la grippe, en passant par l’homme qui fumait les cirages payés par l’argent public et j’en passe. Mais ces gens là préfèrent viser quelques boucs émissaires pour conjurer le marasme. Un coup d’identité nationale, un coup de burqua et deux coups de fusil pour les deux trublions de France Inter.


Bref, malaise dans la France. Difficile à sonder cet état d’esprit déliquescent qui prend ses racines depuis 20 ans et qui pousse avec aisance, alimenté par un bon terreau de droite autoritaire produit par un parti et le président actuel. Que reste-t-il à un démocrate pour agir ? Eh bien pas grand-chose, juste attendre 2012, pour licencier l’équipe au pouvoir et passer à autre chose.



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