À MM les archéologues Pierre Nouvel et Vincent Guichard : qui sont les fous ? Moi ou vous ? Copie au Ministre (Bibracte, Gergovie etc...)

par Emile Mourey
mardi 13 novembre 2018

Vraiment, en vérité, vous vous faites une drôle d'idée de nos ancêtres les Gaulois. Mais le plus grave est que vous abusez le public et les enfants des écoles en les persuadant que la capitale des Éduens se dressait sur le mont pelé qu'est votre mont Beuvray... un mont Beuvray perdu au milieu des forêts de hêtres, à l'écart des grandes voies de communication de l'époque. Ce lieu déshérité, sans ressources agricoles, vous le présentez comme la capitale d'un peuple éduen dont les auteurs anciens disent pourtant qu'il rayonna sur toute l'Europe, jusqu'à faire tomber la ville de Rome. À ce peuple dont César dit qu'il avait la prééminence en Gaule, vous lui inventez une population de 10 000 habitants, s'abreuvant immodérément à des amphores de vin importées d'Italie. Sur ce site dont vous fuyez l'hiver, vous imaginez un Jules César accroupi et transi, écrivant sa "guerre des Gaules" près d'un misérable feu de bois ; mais aussi un Vercingétorix haranguant les représentants venus en foule des autres cités.

Vos prédécesseurs ont même réussi à faire venir sur le lieu de "votre capitale" un président de la République pour qu'il y fasse un grand discours glorifiant l'histoire des Celtes, appelant à l'union tous les peuples européens. Aveuglés que vous êtes, vous ne vous posez même pas de questions : pourquoi aucun ministre de la Culture n'a gravi la pente depuis cette officialisation, seul celui de Burkina Faso. 

Je reprends l'affaire depuis le début.

Ce n'est qu'à partir de Napoléon III qu'on se soucie vraiment de retrouver nos origines gauloises mais c'est le personnage de Vercingétorix et le sujet d'Alésia qui intéressent l'empereur. Pour terminer l'ouvrage qu'il écrit sur un César qu'il admire, il lui faut localiser la capitale éduenne de Bibracte. Le problème, c'est qu'il y avait ceux qui la voyaient toujours à Autun et ceux, dont Bulliot, qui l'imaginaient au mont Beuvray. La découverte de vestiges archéologiques conforta Bulliot dans cette hypothèse. Son neveu Déchelette poursuivit les fouilles tout en parcourant l'Europe pour vendre ses tissus.

Je cite (1) : De passage à Berlin en 1899, Déchelette y avait remarqué un fragment de céramique peinte comme il en avait vu au Mont-Beuvray. Sur recommandation, il se rendit au musée national de Prague, où il en découvrit des vitrines entières provenant de l’oppidum tout proche de Stradonice. Il y avait là non seulement des céramiques, mais également du matériel de métal, d’émail et de verre en tout point comparable à celui de Bibracte. Par ailleurs, la même parenté semblait pouvoir être établie entre les faciès monétaires de Bourgogne et de Bohème. À cette occasion, Déchelette entama une relation suivie avec le conservateur du musée de Prague, qui venait d’éditer une étude de l’oppidum de Stradonice et de ses origines.

...selon lui, les deux oppida (boîen de Stradonice et celte de Bibracte) devaient être considérés comme les témoins d’une ancienne unité culturelle, assimilable à l’une des premières civilisations européennes : celle des Celtes historiques ou, en termes archéologiques, la culture de La Tène.

Hélas ! Un autre raisonnement est possible... à savoir que les vestiges en question retrouvés au mont Beuvray aient été apportés par les Boïens vaincus lors de la bataille des Helvètes, lesquels Boïens auraient été installés par César... au mont Beuvray... qui ne serait donc pas le site de Bibracte mais celui de Gorgobina.

César écrit : qu'à la demande des Eduens, il avait autorisé les Boïens à s'établir sur leur territoire (ou sur leurs frontières), parce qu'ils étaient particulièrement réputés pour leur valeur militaire. Les Eduens leur donnèrent des terres, et par la suite, ils les placèrent sur le même pied d'égalité qu'eux dans le cadre de leurs lois. (DBG I,28)

Et encore : César opère un regroupement général de son armée…Informé de ces mouvements, Vercingétorix ramène à nouveau son armée chez les Bituriges et de là, il marche sur Gorgobina, oppidum des Boïens ; César les avait établis ici après la défaite des Helvètes ; il les avait rattachés aux Eduens. (DBG VII,9)

Et, en effet, n'ai-je pas attiré votre attention sur un anneau en sapropélite d'origine boïenne retrouvé au mont Beuvray, qui ne se retrouve pas à Mont-Saint-Vincent/Bibracte ? N'ai-je pas attiré votre attention sur les chapitaux sculptés celtes de Mont-Saint-Vincent qui ne se retrouvent pas au mont Beuvray ? (2)

Autrement-dit (je m'adresse à M. Nouvel et à Vincent Guichard) je ne nie pas votre travail d'archéologues sur le terrain, mais je dis que le site que vous avez contribué à mettre au jour n'est pas l'oppidum celte de Bibracte mais l'oppidum boïen de Gorgobina, primitivement arverne.

Il s'ensuit que vous égarez, non seulement votre public et les enfants des écoles, mais aussi toute la communauté scientifique, notamment les archéologues qui, de toute l'Europe, viennent sur votre site pour y faire des fouilles... inutiles et coûteuses.

Emile Mourey le 12 novembre 2018

(1) https://journals.openedition.org/anabases/495#tocto1n3

(2) La découverte qui tue. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bibracte-la-decouverte-qui-tue-101713

 

Rappel :

13/4/1999, FR3 Bourgogne. Ma thèse fait légèrement sourire au mont Beuvray, simple agitation, juge-t-on ici, d'un amateur peu averti. Dans la communauté scientifique, déclare Vincent Guichard, ça fait belle-lurette que plus personne ne doute. Ça fait au moins 130 ans que plus personne ne doute de la localisation de Bibracte, capitale des Eduens, mentionnée par César à multiples reprises, sur le mont Beuvray. C'est absolument clair.

18/04/1999, le Progrès de Lyon. Il (Christian Goudineau) les écarte (mes arguments) avec le bouclier de la science et l’armure de l’institution, sans se donner la peine de les réfuter. Jean-Philippe Mestre, grand reporter.
 
19/04/1999, JO, page 2337. A une question qui lui est posée, Mme Trautmann, ministre de la Culture, déclare que la question de l’éventuelle mise en cause du bien-fondé de la localisation au mont Beuvray des vestiges de l’oppidum n’est pas un sujet de débat pour l’immense majorité des archéologues.

27/10/2000.M. Michel DUFFOUR, secrétaire d’Etat à la Culture : ... Il ne paraît pas utile que le ministère de la culture et de la communication entretienne une polémique avec une personne, qui comme beaucoup de passionnés de son espèce, se place dans la posture de l’homme seul face au poids de la « science officielle .
 
 2/7/2001, JO, page 3835. A la question qui est de nouveau posée par le député Marc-Philippe Daubresse, Mme Tasca, ministre de la Culture, répond que les recherches archéologiques sur le mont Beuvray... ne s’occupent pas de la localisation mais plutôt de l’environnement...On peut noter, ajoute-t-elle, que M. Goudineau, professeur au Collège de France, juge certaine la localisation de Bibracte au Mont Beuvray.

2002. On me fait passer pour un farfelu : La preuve par la pioche. Régulièrement, la presse aime relancer le débat sur la localisation des sites d’Alésia de Gergovie ou de Bibracte : "science officielle" contre "gens du terrain" soucieux de donner tort à leur inventeur, Napoléon III. La polémique tient du combat d’arrière garde : au XIXe siècle, tout érudit local se devait de prouver que "son" site collait le mieux au récit de la Guerre des Gaules. Du désir à la réalité, il y a un fossé. Ou plutôt... des fossés, relevés par les archéologues. Aux savantes interprétations, ces derniers opposent mille faits objectifs : plans, armes, pièces d’équipement et projectiles d’artillerie datés de l’époque césarienne, inscriptions... Inexplicables hors du contexte de la Guerre des Gaules, ces objets sont évidemment absents des autres sites (ce qui est un pur mensonge en ce qui concerne le Mont-Saint-Vincent dont je dis et prouve qu'il est le site de la véritable Bibracte). Ils sont pourtant de ceux qui font toute la différence entre le "possible" et le "plausible". (extrait du catalogue de l’exposition de Bibracte "sur les traces de César par Vincent Guichard. 

18/02/2003. Dominique VINCIGUERRA, Ministère de la Culture, chef de cabinet ...Je note tout d’abord que dans l’abandon (lire : abondant) courrier que vous avez adressé depuis plus de dix ans aux autorités gouvernementales successives, vous n’avez pas produit le moindre élément d’une documentation susceptible d’inciter un ou des archéologues à entreprendre des recherches de terrain pour vérifier (confirmer ou infirmer) ce qui ne peut que demeurer hypothèse...

17/5/2007. Wikipédia : Il n'y a pas de problème. Il faut différencier d'une part les avis scientifiques qui sont unanimes depuis très longtemps... et les amateurs plus ou moins éclairé ou illuminés qui se piquent de délocaliser n'importe quel site parce qu'ils pensent lire César en Latin.... Le principal publiciste qui s'obstine à déplacer Bibracte aujourd'hui encore se proclame historien mais n'a aucune reconnaissance et aucun titre universitaire ou autr... et se pique par ailleurs de placer la naissance du christiannisme en Bourgogne... et l'Atlantide en Auvergne... Le caractère extrêmement confidentiel de ces rêveries (pour rester gentil). Le mont Beuvray est un des oppidum les mieux connus aujourd'hui - même s'il reste beaucoup à fouiller... il s'agit clairement d'une capitale...il suffit de penser qu'on y trouve des choses aussi exceptionnelle que le bassin... signé : Luscianusbeneditus 17 mai 2007 à 21:13 (CEST).

On garde encore le paragraphe sur E. Mourey et ses élucubrations, il n'a jamais publié scientifiquement (et pour cause), cela ne mérite même pas une ligne, en l'absence de source sérieuse et d'une argumentation je couperai ce passage qui propage un TI sans aucune justification.Luscianusbeneditus (d) 18 septembre 2009 à 23:10 (CEST)

Concernant Gergovie : J'ai supprimé les liens renvoyant aux sites mentionnant les écrits de E. Mourey : n'étant publiés qu'à compte d'auteur ils relèvent du travail inédit (ils sont par ailleurs totalement irrecevables du point de vue scientifique). Luscianusbeneditus 7 juin 2007 à 21:19.(CEST)

11/6/2013. JO page 6077. Au député Christophe Siruge qui l'interroge de nouveau sur la question de l'éventuelle mise en cause du bien-fondé de la localisation au mont Beuvray des vestiges de l'oppidum de Bibracte, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, répond, en langue de bois, que les recherches archéologiques mises en oeuvre depuis 1984 sur le site du Mont Beuvray visent notamment à constituer des corpus de données susceptibles d'alimenter les questionnements des chercheurs européens autour des problématiques liées à la formation et au développement des premières formes d'urbanisation en Gaule, à l'organisation et à l'exploitation des territoires, à l'économie et aux échanges autour et à partir des oppida. Dans cette perspective, les questionnements relatifs à la stricte identification de Bibracte au site du Mont Beuvray s'avèrent d'un intérêt accessoire.
 
DANS CETTE PERSPECTIVE, LES QUESTIONNEMENTS RELATIFS À LA STRICTE IDENTIFICATION DE BIBRACTE AU MONT BEUVRAY S'AVÈRENT D'UN INTÉRÊT ACCESSOIRE.

Terrible aveu de ce qui est devenu un mensonge d'État qu'on ne veut toujours pas reconnaître.

23/1/2018. Pierre Nouvel. Je suis archéologue et je regarde avec curiosité vos productions littéraires depuis plus de vingt ans. Puisque l'archéologie ne peut se produire que sur le terrain, je ne saurai utiliser les textes pour remplacer cette matière suffisamment abondante. Si on voulait utiliser un parallèle, ce serait comme si l'on voulait décrire la mécanique céleste en considérant l’œuvre d’Ératosthène comme la source unique de nos connaissances. La discussion sur l'importance, la nature et la datation des découvertes faites à Bibracte (ou à Corent) ne peut donc prendre place sur la toile, mais uniquement face au vestiges, devant nos chantiers de fouille.

  


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