À MM les notables et archéologues d’Autun

par Emile Mourey
jeudi 10 août 2017

C'est Vincent Chauvet, le maire d'Autun, qui l'a annoncé en fin de journée : le festival des histoires vraies, qui vient de s'achever, sera reconduit l'an prochain à Autun... (Journal de Saône et Loire, 17 juillet 2017). Et les festivités continuent. Jusqu'au 15 octobre, visite expliquée du célèbre linteau "Ève ou la folle tentation". L’exposition, conduite en partenariat avec le musée du Louvre, met à l’honneur l’une des pièces maîtresses des collections permanentes du musée Rolin, le linteau de la Tentation d’Eve. Cette œuvre, d’une exceptionnelle originalité par sa symbolique, sa forme, son esthétisme ou son destin, est connue internationalement et a été saluée par les plus grands artistes. (catalogue d'Artaujourd'hui).

Monsieur le Maire, je suis bien d'accord avec vous sur l'importance qu'il y a à mettre en valeur notre très riche patrimoine historique, mais il ne faut pas répéter les errements de vos prédécesseurs. Cette sculpture est en effet magnifique, mais affirmer tout de go, avec le soutien des experts du Louvre, qu'il s'agit d'une Ève cueillant la pomme est une absurdité qui ne peut que nous ridiculiser un peu plus aux yeux de l'étranger. Il s'agit, à l'évidence, d'une évocation du fleuve Arroux au temps où les Éduens honoraient encore leurs déesses fluviales. Vos archéologues la datent du XII ème siècle, au temps du Moyen-Âge ; certainement pas ! Le IV ème siècle serait beaucoup plus plausible. 

Position bien inconfortable pour une Vénus couchée ! Ne voyez-vous donc pas que cette femme plus ou moins endormie s'inscrit dans le courant d'un fleuve ? Sa chevelure flotte et son corps ne fait qu'effleurer le fond du cours d'eau en s'y appuyant d'un coude et d'un genou. Ces pommiers au milieu desquels cette femme serait couchée ne ressemblent en rien à des pommiers. Il s'agit de rhizomes qui prennent racine dans le fond des cours d'eau paisibles et dont les tiges s'agitent mystérieusement comme des lianes, sous la surface. Ces feuilles sont des feuilles de nénuphars ; ces bourgeons sur le point d'éclore sont des bourgeons de nénuphars. Ce bourgeon un peu rond, que la femme saisit, c'est celui d'une fleur de lotus, étonnant symbole qui remonte à l'époque des pharaons d'Égypte.  photo http://bioeco.free.fr/index.htm

À MM. les notables et archéologues de Chalon-sur-Saône et de la région chalonnaise qui ne voulez pas comprendre, de même, la fabuleuse histoire des Éduens et de son site antique de Taisey. Ainsi que de sa tour, illustre vestige, dont le pouvoir préfectoral a refusé le classement tout en autorisant une urbanisation sauvage dans son périmètre immédiat de protection. Archéologues de la DRAC qui se refusent à faire des fouilles sur le site et qui ne veulent pas comprendre que, là aussi, les Éduens honoraient les déesses des fleuves.

Les cours d'eau divinisés des Éduens de la cité de Cabillo (trois croquis parlent mieux qu'un long discours).

Notables et archéologues d'Auvergne qui, de même, ne voulez pas voir la véritable Gergovie sur la hauteur du Crest, et dans les chapiteaux de son temple antique, les nénuphars de l'ancien lac disparu. 

        

        Emile Mourey, 9 août 2017. 

 

 


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