A propos de la culpabilité de Bachar El Assad

par Julien Rochedy
jeudi 29 août 2013

On ne sait encore pas grand-chose sur les véritables coupables du massacre au gaz dans la banlieue de Damas, et quand on ne sait pas grand-chose, on fait comme la police, on s’interroge sur les mobiles, on s’interroge sur les motifs. Ce ne sont pas des preuves suffisantes, mais ça permet d’éclairer un peu. 

Qui avait le plus d’intérêt à ce gazage affreux ? Bachar ou les rebelles ?

Je dis que si c’est Bachar El Assad qui a effectivement gazé sa population le 21 août, alors oui, il mérite de tomber. Moins du fait de sa barbarie, d’ailleurs, que de sa stupidité ahurissante.

Imaginez un chef d’Etat en train de gagner la guerre sur le terrain, qui essaye depuis deux ans de faire comprendre à l’opinion mondiale qu’il ne s’agit pas d’une guerre civile dans son pays, mais d’une attaque en règle par des mercenaires islamistes venus souvent de la terre entière et qui sont financés par des puissances étrangères. Imaginez ce chef d’Etat, conseillé par des grandes puissances comme la Russie sur sa stratégie, et qui sait pertinemment que l’essentiel du conflit est d’ordre médiatique et symbolique et qu’il n’a absolument pas intérêt à donner le bâton pour se faire diaboliser, ce que souhaitent avec une envie non feinte tous ses ennemis…

Eh bien imaginez ce chef d’Etat, au dernier moment, envoyer des missiles remplis de gaz à quelques kilomètres du centre de sa capitale, sous le regard de toutes les caméras du monde, pour tuer des hommes et risquer, d’ailleurs, de massacrer non seulement des civils qui sont peut-être ses soutiens, mais aussi ses propres militaires.

Rien à dire, si Bachar a fait une chose pareille, c’est qu’il est vraiment dénué de tous bon sens, qu’il est le plus gros des imbéciles notoires et qu’il mérite donc effectivement de tomber…

Mais avouez que ce n’est pas trop sérieux…

En revanche, de l’autre côté, imaginez des types sans foi (façon de dire…) ni loi, qui se sont déjà illustrés dans de cordiaux massacres (internet regorge de ces vidéos pas franchement conseillées avant le petit déjeuner), qui sont en train de perdre la guerre (donc qui n’ont plus rien à perdre) et qui se disent que la dernière chance pour eux de l’emporter est de mobiliser avec eux les puissances occidentales…

Je dis donc que je ne sais pas qui a utilisé ce monstrueux gaz ce 21 août. Je ne sais pas, comme tout le monde. Mais ce que je sais, c’est que d’après l’analyse des motifs, c’est tout net. 

 


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