À quand le déconfinement pour les dauphins ?

par Anissa Putois
vendredi 19 juin 2020

Deux bébés nés dans une prison et destinés à y rester confinés pour le restant de leurs jours, là est loin d'être une nouvelle réjouissante.

Le Marineland d'Antibes s'apprête à rouvrir ses portes aujourd'hui, et il compte de nouveaux prisonniers : deux delphineaux qui ont vu le jour au Marineland d'Antibes, à un mois d'intervalle, et qui sont tragiquement voués à un emprisonnement à vie. Nous encourageons toute personne tentée d'aller rendre visite à ces bébés de s'abstenir car payer son billet d'entrée contribue directement à leur captivité continue et donc à leur souffrance.

Nous jouissons maintenant d'un regain de notre liberté et d'un retour à la normale, mais pour les – maintenant onze – dauphins du Marineland, la frustration de la captivité leur est réservée jusqu'à leur mort.

Les bassins dans lesquels ces petits dauphins grandiront ne ressemblent en rien aux vastes océans dans lesquels ils devraient évoluer librement. Qu'ils soient nés en captivité ou non, les besoins de ces animaux sauvages restent les mêmes.

Dans leur habitat naturel, ces animaux sociables et intelligents parcourent jusqu'à 100 kilomètres par jour dans leurs groupes familiaux, plongent dans les profondeurs marines et jouent dans les vagues près des côtes. Le contraste avec leur existence désolante en captivité ne pourrait être plus aberrant : confinés, forcés d'exécuter des numéros, séparés de leurs familles pour être vendu à d'autres parcs marins, et devenant fous à tourner en rond, leur sonar (qu'ils utilisent pour se déplacer par écholocation dans l'océan) réverbérant sur les parois de leur prison de béton.

Grâce à des avancées éthologiques et scientifiques, nous comprenons de plus en plus la souffrance physique et psychologique que subissent les dauphins et autres cétacés en captivité. C'est pour cela que de nombreux pays – dont la Bolivie, le Brésil, le Canada, le Chili, le Costa Rica, l'Inde, le Luxembourg, la Norvège, et la Suisse – ont fait voté des lois interdisant ou limitant de manière significative l'exploitation de mammifères marins pour le divertissement. La France elle-même avait interdit la reproduction des cétacés captifs, à l'initiative de Ségolène Royal, une mesure vitale, honteusement annulée par le Conseil d'Etat sous la pression des delphinariums, qui sentaient que les profits tirés de leurs prisonniers en couleraient.

Mais au lieu de se battre contre cette mesure, et au lieu, en ce déconfinement, de recommencer à exhiber des animaux malheureux, l'entreprise ferait bien de cesser de s'entêter à essayer de faire fonctionner un modèle auquel la majorité de la population française est opposée. En effet, 69 % de la population soutient une interdiction des delphinariums, et 86 % des Françaises et Français pensent que le gouvernement devrait encourager et accompagner la création de sanctuaires marins pour accueillir les cétacés captifs.

Les responsables du parc auraient pu faire usage de ces semaines de fermeture pour planifier et entamer une transition vers une activité permettant d'assurer un avenir meilleur à ces deux bébés dauphins, et aux autres cétacés captifs du parc. Mais il n'est pas trop tard ! En Australie, un delphinarium a décidé de s'associer à une association de protection animale pour créer un sanctuaire marin pour ses dauphins. Une réelle avancée qui nous montre qu'un avenir meilleur dans ce « monde d'après » est plus que possible.

Ce nouveau début est l'occasion de mettre fin à l'exploitation des dauphins captifs. Nous appelons le Marineland d'Antibes à mettre fin au confinement à vie de ses animaux et d'organiser leur transfert vers des sanctuaires marins côtiers, où ces deux nouveaux bébés et leurs familles pourront profiter de conditions s'approchant autant que possible de celles dont ils auraient dû jouir en liberté dans l'océan.

Avec les avancées en terme de technologie dont nous bénéficions aujourd'hui et qui permettrait de réellement éduquer le grand public et de promouvoir la conservation des espèces dans la nature sans faire de prisonniers, il est inconcevable de continuer à tenir des animaux sensibles captifs dans de petits bassins.


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