A quoi joue Mir Hossein Moussavi ?

par Allain Jules
jeudi 18 juin 2009

Elle (la presse occidentale) voulait nous annoncer qu’il était le grand gagnant de l’élection présidentielle iranienne dont tout l’Occident en chœur crie à la fraude….sans preuve. Etonnant. On entend dire depuis aujourd’hui qu’il y aurait de légers soupçons de fraude mais, aucune preuve tangible. Lorsqu’on pose la question aux forces du désordre de l’opposant Mir Hossein Moussavi, elles attestent qu’elles les ont en leur possession, ces preuves irréfragables. Lesquelles donc ? Je reste dubitatif. Crier, marcher, sauter, manifester est semble-t-il la panacée, la preuve irréfutable qui indique qu’on a raison ?

« Le faible gagne s’il ne perd pas. Le fort perd s’il ne gagne pas » dit l’adage. Alors, en Iran, c’est qui le plus fort ? Lorsqu’on voit la lâcheté de Mir Hossein Moussavi qui envoie à la mort des hommes et des femmes, tentant d’imposer une Magna Carta ridicule au peuple iranien, il y a de sérieux doutes sur ses motivations réelles. Ce qu’on interprète en Occident comme étant du courage, c’est de l’esbroufe. Quand on voit des pancartes en anglais « where is my vote ? » en lieu et place du farsi, on comprend aisément qu’il ne s’adresse qu’à l’étranger, pensant que la mauvaise réputation du président élu pèserait sur la balance.

L’on couvre d’oripeaux flatteurs ce Moussavi qui a pourtant dirigé ce pays comme premier-ministre. Est-ce pour mieux chloroformer la conscience et la volonté de résistance des peuples en adoubant quelqu’un qu’on pourra manipuler à loisirs pour qu’il s’oppose aux mollahs ? Tout ça n’est pas sérieux. Tous les aboyeurs occidentaux n’ont qu’un seul problème : Ahmadinejad. C’est l’homme à abattre et, le reste leur importe peu. J’en veux pour preuve, la sortie d’un dirigeant occidental qui a pris la poudre d’escampette hier à Libreville après avoir été hué et qui a dit son plaisir de voir les iraniens s’opposer à Mahmoud Ahmadinejad, le héraut perse et... mondial. Pas de doute possible, n’en déplaise aux esprits chagrins, il restera président iranien jusqu’en 2013. Que c’est long. Néanmoins, derrière les protestations, ceux qui crient le plus, se réjouissent en silence. le prétexte est tout trouvé. Maintenant, lisais-je dans une revue martiale hypocrite et va-t-en-guerre, il est grand temps d’attaquer l’Iran. Tiens, juste pour un homme qui ne représente rien de surcroît ? C’est là, le grand paradoxe, l’hypocrisie occidentale, un poker menteur insipide servi depuis des années avec un manichéisme crasse.

Certains se croient en plein film hollywoodien, se permettant de faire des déclarations tonitruantes, des projections hasardeuses. L’Iran n’est pas le Var où, pour des historiettes familiales, on vire une haute autorité. A l’image du Gabon hier, quelqu’un dira à juste titre après avoir pris la poudre d’escampette, que, « Omar m’a tuer ». Ce serait justifié. Passons. Que représente la vie d’un iranien en Occident ? Rien à nos yeux. La seule déclaration sensée après l’élection iranienne est finalement encore et toujours celle du président américain qui a déclaré que ce sont les iraniens qui choisissent leur président. Pour les autres, sans aucune preuve, ils estiment que Moussavi a gagné. Pourquoi donc ? Parce que la mobilisation était en sa faveur disent-ils en chœur de Paris à Tel Aviv en passant par Téhéran où, il y a effectivement eu une grande mobilisation en sa faveur, lui, qui est avec Mahmoud Ahmadinejad, simplement bonnet blanc et blanc bonnet pour les seuls initiés. De quelles réformes parlent ces gens alors que tout est entre les mains du Guide Suprême ? Ni l’armée ni la Justice ne sont aux mains du président iranien. Alors, what else ?

Le commun des mortels est encore une fois dupé, trahi. La même escroquerie, le prolongement de Durban II se joue aujourd’hui sur la scène iranienne. Prenons donc des paris. On verra bien de qui, le surfait Mir Hossein Moussavi ou le sous-estimé Mahmoud Ahmadinejad gagnera ce bras de fer. On constate simplement depuis que, le premier nommé n’est même plus suivi par ses partisans les plus radicaux, qui n’ont pas suivi son mot d’ordre avant-hier mais qu’il exige néanmmoins la poursuite des manifestations alors que les partisans du président sortant se mobilisent à leur tour. Avant-hier soir à La RAI UNO, une journaliste disait sa joie de voir aussi les provinces iraniennes s’embraser. De quoi faire du journalisme stalinien et être victime d’une déformation pavlovienne qui empêche de réfléchir soi-même face à ce mensonge abyssal qui nous assaille sur l’Iran.

Ce qui se joue en Iran n’est surtout pas une révolution. Peut-être l’envie de réformes est indéniable. En revanche, le vrai coup d’état n’est pas celui de Mahmoud Ahmadinejad qui aurait truqué les élections, mais bien plus celui des classes aisées et moyennes pro-Moussavi qui vivent à l’américaine, rêve de retrouver ces libertés passées sous le régime du Shah Reza Pahlavi, sacrifié par les Occidentaux qui ont favorisé jadis les mollahs et aujourd’hui jouent aux vierges effarouchées. Là, est la vérité. Les mêmes qui hier fustigeaient le Shah pour de sombres affaires, notamment celui sur sa mesure de nationaliser le pétrole iranien après avoir hérité du trône en faveur de son père déporté par les britanniques en Afrique du Sud où il moura en 1944. L’Iran est le premier pays au monde à avoir nationalisé ses matières premières. Ceci resta en travers de la gorge des faiseurs de rois occidentaux.

Allain Jules


Lire l'article complet, et les commentaires