Abdallah d’Arabie saoudite et Fidel Castro : traitements médiatiques antagonistes

par Observatoire du NéoConservatisme
mardi 13 décembre 2016

Dans notre article précédent, nous avons vu que l’Arabie Saoudite est le premier sponsor du salafisme wahhabite à l’origine de l’endoctrinement des jihadistes qui terrorisent la Libye, la Syrie, l’Irak et maintenant l’Europe. Pour rappel : l’Arabie saoudite est un pays pratiquant régulièrement la peine de mort, en augmentation de 200% en 2015. Selon The Death Penalty Worldwide, il y a eu en Arabie Saoudite 26 ou 27 exécutions en 2010, au moins 82 en 2011, au moins 76 au 2012, au moins 79 en 2013, au moins 90 en 2014, et au moins 153 exécutions en 2015. En 2016, il y a eu au moins 134 exécutions. Les motifs étaient : l’homicide, la sorcellerie, l’adultère, l’homosexualité et le renoncement à l’islam.

 

Janvier 2015, François Hollande présente ses condoléances à la famille régnante à Ryad. 

 

 

 

Le bilan de l’Arabie saoudite dans le domaine des droits humains est un des pires de la planète.

Décembre 2016, Ségolène Royal s’exprime aux funérailles de Fidel Castro

 

Rappel : Les droits de l’homme dans les deux pays (Cuba et Arabie Saoudite)

Pour se convaincre qu’en matière des droits de l’homme, il n’existe pas de « symétrie » entre Cuba et Arabie Saoudite, il suffit de comparer les rapports d’Amnesty International :

Pour Cuba, le rapport 2015/2016 d’Amnesty International nous donne les titres des différents paragraphes suivants : Liberté d’expression et d’association – Arrestations et détentions arbitraires – Prisonniers d’opinion – Surveillance internationale.

Pour l’Arabie Saoudite, le rapport 2015/2016 d’Amnesty International nous donne les titres des différents paragraphes suivants : Conflit armé au Yémen – Liberté d’expression, d’association et de réunion – Défenseurs des droits humains – Lutte contre le terrorisme et sécurité – Arrestations et détentions arbitraires – Torture et autres mauvais traitements – Discrimination – minorité chiite – Droits des femmes – Droits des migrants – Châtiments cruels, inhumains ou dégradants – Peine de mort.

Amnesty International est une ONG dont le siège se trouve à Londres. Elle reçoit des subventions du Royaume – Uni, du Department for International Development, de la Commission européenne et du Département d’État des États-Unis. Il est peu probable qu’elle ait été indulgente avec Cuba qui n’est pas, contrairement à l’Arabie saoudite, partenaire économique et militaire du bloc occidental.

On notera qu’une tentative de bilan nuancé du régime de Castro a été effectuée par l’AlterJT.

 

« Ce qui a été omis à la mort de Fidel Castro »

Interviewé par l’Humanité Dimanche, le linguiste Noam Chomsky a confié ses impressions sur cette attitude du « deux poids deux mesures ». En résumé il nous dit : « Aux États-Unis, l’ambiance générale a été résumée par le premier titre du « New York Times », lequel indiquait en substance : « Le dictateur cubain est mort ». Par curiosité, j’ai jeté un œil aux archives de ce journal pour voir combien de fois ils avaient qualifié le roi d’Arabie saoudite de « dictateur ». Sans surprise, il n’y avait aucune occurrence…  »

«  Il y a également un silence absolu sur le rôle joué par les États-Unis à Cuba, la manière dont Washington a œuvré pour nuire aux velléités d’indépendance de l’île et à son développement, dès la révolution survenue en janvier 1959. L’administration Eisenhower a tenté de renverser Castro, puis, sous celle de Kennedy, il y a eu l’invasion manquée de la baie des Cochons, suivie d’une campagne terroriste majeure. »

« Des centaines, voire des milliers de personnes ont été assassinées avec la complicité de l’administration américaine et une guerre économique d’une sauvagerie extrême a été déclarée contre le régime de Fidel Castro. Cette opération, baptisée opération « Mangouste », a culminé en octobre 1962 et devait aboutir à un soulèvement à Cuba auquel Washington aurait apporté son appui ».

Le leader de la révolution cubaine, Fidel Castro, a soutenu des luttes indépendantistes sur le continent africain. De l’Algérie à l’Afrique du Sud, en passant par l’Angola, cet engagement lui vaut jusqu’à ce jour la reconnaissance de nombreux pays. En ce sens sa participation à la lutte anti-impérialiste en a fait l’homme à abattre pour les puissances coloniales. Et les néoconservateurs sont parmi les premiers à tirer à boulets rouges sur Cuba et ses dirigeants. Comme les autres pays de l’Amérique latine, qui sont encore chasse gardée des États-Unis, Cuba a payé très cher la farouche volonté d’indépendance politique en opposition totale avec l’implacable hégémonie américaine prônée par l’idéologie néoconservatrice.L’histoire nous rappelle qu’en 1898 les États-Unis déclaraient déjà la guerre à Cuba et que près de 120 ans plus tard ce n’est pas tant des problèmes démocratiques que les enjeux géopolitiques qui font de Cuba une cible des puissances coloniales conservatrices.

Conclusion

Rendons-nous à l’évidence : la classe politico-médiatique dans sa grande majorité a plus de respect pour le roi fondamentaliste d’une pétromonarchie qui finance le terrorisme et pratique l’exécution publique par décapitation que pour l’ex président d’une petite ile des Caraïbes qui vie sous la contrainte d’un embargo économique, commercial et financier extrêmement violent depuis 1962.

 


L’Arabie saoudite est le plus gros acheteur d’armes made in France

 

Évidement si Cuba était le plus gros acheteur d’armes françaises comme l’est l’Arabie Saoudite, nous pouvons facilement imaginer que les rôles seraient inversés. Nous verrions alors Manuel Valls en « VRP » défendre bec et ongle un Cuba pourvoyeur d’emplois avec une indulgence envers les atteintes aux droits humains proportionnelle aux contrats d’armements.

 


Lire l'article complet, et les commentaires