Adieu « Clairon », le dépôt des armes devant l’Allemagne c’est maintenant !
par La centrale à idées
mercredi 28 septembre 2016
Le nom de « l'Arme individuelle du futur » (AIF) devant succéder au fusil d'assaut FAMAS à partir de 2017 au sein de l'Armée française, est enfin connu : Il s'agit du HK416, et, il est...allemand !
Le FAMAS faisait partie intégrante de notre identité. En effet, nous autres Français pouvions facilement nous identifier et nous reconnaître à travers lui : inimitable et immédiatement reconnaissable, avec ce qu'il faut de « style » et de « personnalité » . Et s'il n'avait pas existé, il aurait fallu l'inventer, ce que nous avons fait en 1973, dans un monde qui n'offrait bien souvent le choix qu'entre l'AK-47 russe et le M16 américain. Ainsi, le « Clairon » aura sans doute été pendant quarante ans, l'un des plus beaux symboles de l'indépendance nationale française – si chère au général De Gaulle – et actuellement l'un des plus beaux étendards contre l'islamisme, du Mali jusque dans les rues de la capitale.
Quoi de plus humiliant donc, que de voir notre FAMAS national remplacé par un matériel des plus conventionnel et allemand de surcroît ! La Direction de l'armement (DGA) n'aura pas trouvé mieux à déclarer que ceci : « ce marché contribue à renforcer les solides liens entre l'Allemagne et la France dans la Défense et dans l'industrie de l'armement en particulier ». Il aurait été hélas plus juste de reconnaître cela : « […] contribue à renforcer le degré de soumission de la France aux intérêts économiques et stratégiques allemands [...] ». En effet, comme avec le passage de EADS à Airbus Group, nous assistons une fois de plus, à la délocalisation d'activités stratégiques et à une dilution notre souveraineté.
Comment peut-on confier à un pays (l'Allemagne) – avec lequel nous avons été en guerre trois fois au cours de l'Histoire et qui nous livre aujourd'hui une concurrence et une guerre économique féroce (à travers l'Euro et les Traités européens) – la conception-fabrication-livraison intégrale de notre arme individuelle ? Que se passerait-il – par conséquent – en cas de « retour de l'Histoire » ? Quel livre blanc sur la défense et la sécurité nationale peut apporter une réponse à ces questions ?
Mais au-delà de ces (nouveaux) renoncements et atteintes aux symboles, ce remplacement du FAMAS s'inscrit bel et bien dans la continuité d'une destruction programmée et systématique de notre industrie de défense. Alors que le projet était encore sur les rails en 2014, Arnaud Montebourg, alors ministre de l’Économie, avait, reconnaissons-le, posé la question juste : « Comment se fait-il que le successeur du Famas, dont le nom à lui-même raisonné dans toute l'histoire de la mécanique française soit importé de l'étranger ? ». Notre ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait alors affirmé en guise de réponse « qu'il n'existait plus en France d'entreprises françaises capables de produire ce type d'armement. » (La manufacture d'armes de Saint-Étienne, un temps reprise par Giat industries, a définitivement fermé en 2001). Où était l’État français entre 2012, année où le général Bertrand Ract-Madoux, Chef d'état-major de l'armée de terre (CEMAT) avait annoncé que l'armée française lançait un appel d'offre pour 2013, et 2015, année où le choix du « successeur » devait être validé ?
En ce début d'automne 2016, force est de constater que notre État a donc, une nouvelle fois, failli à sa mission : Le soutien inconditionnel et prioritaire de notre outil de Défense nationale, véritable pilier de notre souveraineté.