Adieu, veaux, vaches, cochons et platanes…..

par CHALOT
mardi 19 janvier 2016

 En Seine et Marne, département encore rural, il n’y a presque plus de vaches…. C’est l’agriculture intensive qui est seule en lice

Les campagnes se désertifient ou s’urbanisent…..

Des villages entiers perdent leur école, leur épicerie et finissent pas mourir ou presque.

D’autres s’urbanisent de deviennent de très petites villes résidentielles pour personnes travaillant dans la grande ville proche. Les nouveaux habitants demandent l’ouverture d’une crèche, ce qui est difficile mais positif en soi ou l’interdiction de la sonnerie de l’église.

Tout en étant anti clérical, je suis pour le maintien en service des carillons et cloches.

 Je considère qu’un clocher qui sonne les heures ne constitue pas une nuisance sonore.

Pour que la circulation soit plus aisée et pour réduire les accidents, des conseils généraux ont décidé de couper les arbres qui longeaient nombre de nos routes.

Comme si ces pauvres arbres étaient responsables des accidents.

Des routes entières ont connu des destruction massives d’arbres alignés….Parfois de nouvelles plantations éloignées du bord ont vu le jour…..On y a planté des petits arbustes qui ne deviendront majestueux que dans vingt ans !

Parfois les mesures de protection du patrimoine ont du bon comme la préservation de cette portion de route magnifique bordée d’arbres « dangereux » :

« Par décret en date du 26 décembre 1994, est classée parmi les monuments historiques la partie de la route départementale 215 située entre la route nationale 36 et la route départementale 126, ancienne voie d'accès monumental au château de Vaux-le-Vicomte, à Maincy (Seine-et-Marne), non cadastrée et appartenant au département de Seine-et-Marne depuis une date antérieure au 1er janvier 1956. »

Ouf !

Georges Pompidou , président de la République a écrit cette lettre en juillet 1970 à son premier ministre Chaban pour lui demander de préserver les platanes qui bordaient nos routes

« Mon cher Premier Ministre,

J'ai eu, par le plus grand des hasards, communication d'une circulaire du Ministre de l'Equipement -Direction des routes et de la circulation routière- dont je vous fais parvenir photocopie. Cette circulaire, présentée comme un projet, a en fait déjà été communiquée à de nombreux fonctionnaires chargés de son application, puisque c'est par l'un d'eux que j'en ai appris l'existence.

Elle appelle de ma part deux réflexions :

- La première, c'est qu'alors que le Conseil des Ministres est parfois saisi de questions mineures telles que l'augmentation d'une indemnité versée à quelques fonctionnaires, des décisions importantes sont prises par les services centraux d'un ministère en dehors de tout contrôle gouvernemental ;

- la seconde, c'est que, bien que j'ai plusieurs fois exprimé en Conseil des Ministres ma volonté de sauvegarder "partout" les arbres, cette circulaire témoigne de la plus profonde indifférence à l'égard des souhaits du Président de la République.

Il en ressort, en effet, que l'abattage des arbres le long des routes deviendra systématique sous prétexte de sécurité. Il est à noter par contre que l'on n'envisage qu'avec beaucoup de prudence et à titre de simple étude, le déplacement des poteaux électriques ou télégraphiques.

C'est que là, il y a des administrations pour se défendre. Les arbres, eux, n'ont, semble-t-il, d'autres défenseurs que moi-même et il apparaît que cela ne compte pas. La France n'est pas faite uniquement pour permettre aux Français de circuler en voiture, et, quelle que soit l'importance des problèmes de sécurité routière, cela ne doit pas aboutir à défigurer son paysage.

D'ailleurs, une diminution durable des accidents de la circulation ne pourra résulter que de l'éducation des conducteurs, de l'instauration des règles simples et adaptées à la configuration de la route, alors que complication est recherchée comme à plaisir dans la signalisation sous toutes ses formes. Elle résultera également des règles moins lâches en matière d'alcoolémie, et je regrette à cet égard que le gouvernement se soit écarté de la position initialement retenue.

La sauvegarde des arbres plantés au bord des routes -et je pense en particulier aux magnifiques routes du Midi bordées de platanes- est essentielle pour la beauté de notre pays, pour la protection de la nature, pour la sauvegarde d'un milieu humain.

Je vous demande donc de faire rapporter la circulaire des Ponts et Chaussées et de donner des instructions précises au Ministre de l'Equipement pour que, sous divers prétextes (vieillissement des arbres, demandes de municipalités circonvenues et fermées à tout souci d'esthétique, problèmes financiers que posent l'entretien des arbres et l'abattage des branches mortes), on ne poursuive pas dans la pratique ce qui n'aurait été abandonné que dans le principe et pour me donner satisfaction d'apparence.

La vie moderne dans son cadre de béton, de bitume et de néon créera de plus en plus chez tous un besoin d'évasion, de nature et de beauté. L'autoroute sera utilisée pour les transports qui n'ont d'autre objet que la rapidité. La route, elle, doit redevenir pour l'automobiliste de la fin du vingtième siècle ce qu'était le chemin pour le piéton ou le cavalier.

Un itinéraire que l'on emprunte sans se hâter, en en profitant pour voir la France. Que l'on se garde donc de détruire systématiquement ce qui en fait la beauté !

Georges Pompidou »

 

Ce courrier a donné un coup d’arrêt provisoire au massacre organisé de notre paysage.

Malheureusement, quelques années plus tard, les routes non classées ont été pour un grand nombre d’entre-elles, élargies et dépouillées des arbres qui les protégeaient.

C’est ainsi que va notre monde qui succombe au libéralisme et à notre soif d’aller toujours plus vite.

Jean-François Chalot

 


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