Affaire Balkany : Le tribunal interroge le maire de Levallois sur les 5 millions d’euros reçus de George Forrest

par Martin de Wallon
vendredi 14 juin 2019

Le jeudi 6 juin, le tribunal correctionnel a enregistré un nouveau témoignage très accablant, celui de l’homme d’affaire belgo-congolais George Forrest qui prétend avoir versé une commission de 5 millions de dollars à Patrick Balkany alors qu’il était encore député.

Un témoin suisse compromettant

La mirobolante somme de 5 millions d’euros : Voici la nouvelle épine à laquelle doit faire face la défense de Patrick Balkany. Le procès qui s’était ouvert depuis le lundi 13 mai dernier par la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris n’a pas fini de dévoiler ses contours. Pour rappel, la justice tente de démontrer depuis plusieurs semaines que les époux Balkany avaient dissumulé aux yeux du fisc, une partie de leur patrimoine qui s’évaluait à 13 millions d’euros, au minimum. Le maire Balkany et son épouse Isabelle repondent des chefs de « fraude fiscale » « blanchiment de fraude fiscale » « corruption passive » « blanchiment de corruption ». Ils encourent dix ans de prison.

Le jeudi 6 juin, le procès des édiles de Levallois-Perret a fait basculer les magistrats vers l’univers rude et compétitif des marchés miniers en Afrique. L’audience a débuté par le témoignage lu, de George Forrest, homme d’affaire et magnat du Katanga.

George Forrest explique avoir versé une somme de 5 millions de dollars comme commission à Patrick Balkany, en échange d’une « affaire » que ce dernier lui aurait apporté quant à un gisement d’uranium en Namibie.

Il affirme que Patrick Balkany et lui, s’étaient retrouvés en Centrafrique autour des problèmes que rencontraient Areva, après la décision catastrophique du rachat de la société canadienne Uramin vers juin 2007.

Ses dires secouent l’assistance lorsqu’ils sont confirmés par Marc Angst, résident suisse, gestionnaire de fortune spécialisé dans les montages financiers et dirigeant de la société fiduciaire Gestrust, à Genève. Le banquier cité par l’Obs s’est exprimé avec une sérénité absolue qui a fait trembler le camp Balkany à la barre : « En février 2009, un avocat de Genève me dit qu’il a des clients à me présenter : Me Claude et M. Aubry. Nous les rencontrons aussitôt. Ils nous disent qu’ils préparent un immense projet immobilier avec un riche saoudien, et qu’ils vont avoir une commission de 5 millions de dollars. (…) Me Claude et M. Aubry nous appellent un peu plus tard pour nous dire qu’ils veulent acheter une villa à Marrakech ». Marc Angst affirmera qu’à la lecture d’un article de Mediapart, il avait appris que Patrick Balkany était le véritable propriétaire du riad Marocain. Il poursuit ses aveux en déclarant que la commission de 5 millions de dollars supposée provenir du riche saoudien Mohamed Al Jaber, avait finalement été versée par George Forrest.

« Me Claude nous a expliqué qu’il y avait eu un changement », a conclu le banquier.

« Pas d’achat de mine, pas de commission ! »

Ces allégations representent un sérieux coup porté à la défense dans cette affaire. Acculé, Patrick Balkany continue à démentir et accuse à son tour le témoin Marc Angt de déclarations mensongères et de subornation de témoins.

Toujours cité dans l’Obs, Il précise à la barre qu’il n’aurait jamais fourni des coordonnées bancaires à Georges Forrest puisqu’aucune affaire n’avait été conclue entre les deux hommes. Il n’aurait d’ailleurs aucun lien important avec la Namibie qu’il n’avait visité ce pays qu’une seule fois ! Patrick Balkany aurait tout simplement été sollicité par le directeur des activités minières d’Areva afin de « passer un coup de fil », étant l’ami du président Bozizé. Cette petite médiation n’avait coûté aucune rémunération.

« Vous avez oublié un petit détail : M. Forrest a reconnu qu’il avait menti puisqu’il n’a pas acheté la fameuse mine pour laquelle il m’aurait versé une commission (…) Pas d’achat de mine, pas de commission. » a-t-il conclu en qualifiant ce nouveau rebondissement de « jolie fable ».

Il a suggéré « un lien » entre Georges Forrest et le milliardaire saoudien Mohamed Al Jabe comme le relate l’avenir.net. Selon lui, cette thèse serait plus plausible dans la mesure où une partie de cet argent avait terminé en dessous-de-table au vendeur du riad de Marrakech, qu’il dit être la propriété du Saoudien.

Qui dit vrai ? Toujours est-il que le procès prend fin ce jeudi 13 juin. Al Jaber devra de son coté répondre de « corruption active » pour avoir soldé le fameux riad à 2,75 millions d'euros au moment où il négociait un super-projet immobilier à Levallois.


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