Affaire Boulin : Le nom de l’ancien Maire de Montfort l’Amaury cité par un témoin

par Pierre PEYRARD
lundi 31 octobre 2011

Ce dimanche, trente deux années se sont écoulées après la découverte "officielle" du corps de Robert BOULIN, au petit matin à l'étang rompu en forêt de Rambouillet. A l'époque internet n'existait pas, n'enregistrait pas de données... 

Il était impossible de consulter publiquement des informations que l'on pouvait ensuite vérifier, et recouper. Mais aujourd'hui, grâce à la toile on peut découvrir certains éléments qui n'ont jamais fait l'objet d'investigations, et qui mériteraient probablement de l'être...

Partons d'un document officiel* : Le mémoire rédigé par Maître BOURDON, avocat à l'époque (le document n'est pas daté) de Fabienne BOULIN-BOURGEAT aux fins de voir ordonner l'ouverture d'une information. (Article 189 du Code de Procédure Pénale).

On y apprendra notamment ceci : 
 
« En date du 30 octobre 1979, je me trouvais dans mon salon de coiffure de Paris et l’un de nos clients habituels est arrivé pour son rendez-vous (...)

Cet homme était toujours en civil ... le téléphone du salon a sonné et la responsable du salon, Chantal BOQUET, a décroché ; l’interlocuteur souhaitait s’entretenir avec le client en question, c'est-à-dire Monsieur LECARD.

Pour moi, Monsieur LECARD était un militaire de haut rang car il disposait d’un chauffeur avec voiture (...).

C’est ainsi que j’ai entendu Monsieur LECARD parler de BOULIN (...). LECARD était très énervé et ‘engueulait’ son interlocuteur. Il le traitait d’incapable et il parlait de la découverte du corps du ministre. C’est ainsi qu’il a évoqué plusieurs noms dont j’ai retenu deux noms. Il s’agit de Monsieur LE GUEN (phonétique) et SIGRIST (phonétique).

J’avais immédiatement noté les deux noms sur la page de mon agenda de rendez- vous. J’ai alors expédié dans les années 2002-2003 les deux pages au journaliste Bernard Nicolas (...).

Je ne me souviens plus du nombre d’appels que le militaire avait reçus. Mais ceci était très inhabituel car pour Monsieur LECARD, le salon était avant tout un moment de détente et de repos (...)  ».

Il indique plus tard avoir rencontré Monsieur LE GUEN en Bretagne, alors qu’il était ivre.

Il précise :

« Il m’a fait les déclarations suivantes en me montrant une carte barrée d’un trait tricolore (sans autre précision), montré une arme qu’il avait sous son aisselle et m’a alors confié qu’il faisait parti du SAC et qu’il avait œuvré pour PASQUA et autres.

Je lui ai alors dit que j’avais entendu parler d’un LE GUEN dans le cadre de l’affaire BOULIN et il m’a alors répondu, le tout dilué dans la conversation, qu’il était intervenu dans le meurtre du ministre  ». 
 
Le témoin en question est Monsieur LIROT. Vue la gravité des propos qu'il rapporte, plusieurs questions se font jour :
 
1) A-t-il été officiellement entendu par la Police, dans ce cas où est le PV d'audition ? 
2) Dans la négative, pour quelles raisons ?
3) La Police a-t-elle cherché à identifier les témoins cités et notamment "Monsieur LECARD" ? 
 
Plus surprenant, après quelques recherches fouillées sur internet on apprend que "Monsieur LECARD" cité dans ce témoignage, pourrait être.... Jean-Louis LECARD, ancien Maire de Montfort l'Amaury, élu en 1977 soit deux années avant la disparition de Robert BOULIN.
 
Cette coïncidence est d'autant plus curieuse, que Robert BOULIN a été vu vivant pour la dernière fois par un témoin, rue de Paris à Montfort l'Amaury le 29 Octobre 1979 vers 17h et que Jean-Louis LECARD était également à l'époque en effet un haut gradé, en poste à Paris à proximité du salon de coiffure de Monsieur LIROT... Ceci constituerait donc un élément nouveau justifiant à lui seul la réouverture de l'enquête sur l'assassinat du Ministre odieusement maquillé en suicide depuis trente deux ans !
 
On apprend également que Jean-Louis LECARD a été élevé au grade de Commandeur de la Légion d'honneur (il serait intéressant de chercher à savoir qui l'a décoré...).
 
Jean-Louis LECARD est un militaire de haut rang, qui s'est distingué lors de la guerre d'Indochine par des faits d'armes au sein du bataillon Corée (le même que celui d'Alfred SIRVEN) avant d'être réaffecté en Algérie... Sa carrière prendra un tournant politique en Algérie, où il sera nommé premier secrétaire à l'Ambassade de France d'Alger. De retour en France, il deviendra par la suite chef de cabinet de Louis de Guiringaud et Jean François-Poncet, tous deux Ministres des Affaires Etrangères.
 
* document joint à l'article.

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