Affaire du lycée de l’enfer de Toulouse (Gallieni) : quelles réflexions en tirer ?

par Coeur de la Beauce
jeudi 18 janvier 2018

Depuis plusieurs jours, soixante-dix enseignants du lycée professionnel Gallieni de Toulouse sont en grève, pour dénoncer le climat invivable de l'établissement. La routine depuis plus de trente ans dans ce genre de structure, en l'occurence une usine de 1200 élèves, destinée à occuper des momes dont les CFA et les autres filières n'ont pas voulu.

Il est loin le temps où dès quatorze ans celui qui ne pouvait étudier intégrait une usine pour gagner son pain quotidien. Bouleversements économiques et sociaux obligent, il faut au moins un bac+2 pour espérer trouver un emploi sérieux en France. Hélas, il n'est pas encore possible de distribuer 120 points de QI dès la naissance à chaque enfant ou d'expliquer aux cas sociaux d'éviter d'en faire pour ne pas aggraver la situation sociale du pays.

D'où la situation actuelle. Les sources nous rapportent les violences et agressions quotidiennes au sein du bahut Gallieni. Insultes, vols, trafics, bagarres générales, début d'incendie volontaire à la cafétéria, armes blanches qui circulent... tous les ingrédients des structures "ghettos" sont présentes. La nouveauté, époque oblige, est la présence d'élèves munis d'un bracelet électronique (!). Pas d'indications de la police, une enseignante qui demandait des explications s'est vue retournée l'argument suivant : "mieux vaut que vous ne sachiez pas pourquoi il a été condamné...", pas terrible dans le cadre de la lutte contre le stress au travail.

Autre innovation, la présence d'élèves "fichés S", dont on ignore le suivi. Des policiers en civil sont-ils dissimulés parmi le personnel pour les surveiller ? Il faut l'espérer. Si un malheur survient vu ce type de public, on ne pourra pas clamer que c'est la faute au manque de surveillants, les AED, de jeunes adultes qui n'ont aucun pouvoir sur les élèves et qui sont juste là pour réguler.

Donc les enseignants et les parents en ont marre, et l'ont fait savoir. Une pétition circule pour réclamer des moyens supplémentaires (5000 signatures sur le net). Mais hélas, comme d'habitude, les doléances mises en avant étonnent par leur naiveté et leur manque de courage...

Demander des postes de surveillants en plus, pourquoi pas. Sauf que ceux-ci ne sont pas des agents de sécurité ou des gardiens de prison. Réclamer de la "mixité sociale" dans le recrutement des élèves, c'est aussi déplacé que stupide. Comment un "fils de bonne famille" choisirait de préparer un CAP carrosserie quand il a le potantiel pour faire des études longues ? Pourquoi choisir un lycée pro quand on a l'opportunité de préparer un bac pro mécanique en CFA avec embauche à la clé ?

Car les vrais problèmes sont là. Les jeunes érudits ne vont pas vers les métiers manuels. Les entreprises, contrairement aux pays germaniques et anglo-saxons, forment peu d'apprentis et n'attachent pas d'importance à la formation des jeunes. Question d'habitudes culturelles et de mentalités latines.

D'où le surpeuplement des lycées pro qui recueillent tout le gratin de jeunes souvent désocialisés dont on ne veut pas ailleurs. Défavorisés culturellement, gavés de rap, souvent réceptifs à l'islamisme radical (d'ailleurs les terroristes sont en général des bac-4), livrés à eux-mêmes par des parents non intégrés et/ou en précarité sociale, l'élève lambda du lycée Gallieni est davantage un squatteur de hall d'immeuble qu'un usager de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Pas de surprise.

Alors concrètement, que faire ? Déjà réduire la taille de la structure : 1200 ouailles, c'est énorme. En Eure-et-Loir, à Dreux, les deux lycées pro. du plateau comptent 250 élèves chacun : à public comparable, il n'y a pas les problèmes du ghetto toulousain. Revoir les CAP, qui aujourd'hui concernent essentiellement les ex-élèves de SEGPA (enseignement adapté), certificats sans valeur professionnelle (exemple : peinture en carrosserie) qui relèvent de l'occupationnel et non de l'insertion : pour ces publics en rupture scolaire, l'apprentissage devrait être la norme.

Enfin rétablir autorité et respect d'autrui, et ne pas hésiter à recruter du personnel de sécurité. Aux Etats-unis, il y a parait-il des portillons détecteurs d'armes blanches à l'entrée de certains lycées, pourquoi pas au pays des droits de l'homme, qui est d'abord celui de la tranquilité ?

Il est regrettable que les tabous et les blocages culturels liés à un humanisme de bas étage, associés aux privatisations et obligations de serrer les budgets publics contribuent à massacrer notre jeunesse la plus fragile, alors qu'il faudrait investir pour prévenir délinquance et marginalisation sociale. Tout est question de volonté politique, et surtout de choix de société...

sources : http://www.europe1.fr/societe/toulouse-les-profs-du-lycee-gallieni-lancent-un-appel-au-secours-3546782

https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/toulouse-professeurs-greve-au-lycee-gallieni-ne-s-estiment-pas-entendus-1402789.htmp

 


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