Affaire Richard Ferrand : « Oui, je suis un homme honnête ! »

par P.-A. Teslier
jeudi 1er juin 2017

 Clamait hier matin, 31 mai 2017, Ferrand dans les médias. Question : qu'est-ce le ministre Ferrand entend par "honnête homme" ?

La définition du Petit Larousse : homme "Qui agit avec droiture et loyauté, et mène une existence conforme aux règles de la morale sociale et de la probité : Un homme honnête. Qui se montre très scrupuleux dans les questions d'argent ou d'intérêts  : Un commerçant honnête." Ce que je connais de l'affaire, ne semble pas (surtout la 2ème phrase) correspondre à 100% de cette définition.

La définition de Ferrand, lui-même, pour sa défense : "j'ai eu l'accord du conseil d'administration !" Donc, ce quitus vaut force de loi pour me déclarer non coupable de malhonnêteté ?

La définition du Premier ministre, pour défendre son ministre : "seuls les électeurs diront si Richard Ferrand est ou non malhonnête." Drôle de Premier ministre cet Édouard Philippe ! Donc, le suffrage universel tiendrait lieu de justice, aurait force de loi ? Quid de tous les corrompus et les malhonnêtes qui, en France, ont été élus et réélus maintes fois. L'exemple le plus symbolique est bien le député-maire de Levallois : le fameux Balkany, toujours en place comme parlementaire et maire.

Honte au Premier ministre de notre pays pour cette prise de position !

Autre chose, la déclaration de notre Président au Conseil des ministres d'hier, 31 mai 2017 : "… la presse ne doit pas juger !".

D'accord, d'ailleurs la presse n'est citée, comme juge, dans aucun de nos Codes, en France, monsieur le Président. Elle n'a aucun pouvoir juridictionnel, vous le savez ! Je rappelle simplement que, sans la presse, aucune grande affaire de ses dernières décennies n'aurait vu le jour. C'est la presse qui a alerté sur Tiberi, sur Chirac, sur Balladur, sur Sarkozy, sur Balkany, sur Cahuzac… sur Fillon.

Alors, la presse, libre et démocratique, ne juge pas, mais elle paraît indispensable pour faire sortir les affaires politiques, car, la justice est, quoiqu'on en dise, aux ordres du pouvoir politique, en France, comme ailleurs, dans beaucoup de pays non anglo-saxons.

Attention monsieur le Président, si beaucoup (dont toute ma famille et moi-même) ont voté pour vous, au 1er comme au 2ème tour, ce n'est pas pour vous autoriser à vouloir faire peur à la presse. Laissez cela à Poutine, à Trump et même à Fillon !

Enfin, j'entends ici ou là, que Ferrand, dans son affaire, aurait contrevenu à certains articles du Code de commerce et du Code de la mutualité. La presse cite : l'article L 241-3 du Code de commerce. Cet article concerne les SARL. Aucune SARL dans le dossier Ferrand ! Elle cite aussi le L 820-4 du Code de commerce et les articles L 114-32, L 114-51 du Code de la mutualité. Ferrand n'était pas un dirigeant mandataire social (trop faible salaire : 50 000 euros annuels), donc pas dirigeant de droit. Ainsi, à mon avis, aucun des articles cités ne concerne Ferrand, sauf à prouver qu'il était dirigeant de fait. Pour 50 000 euros par an, cela serait surprenant de prendre un tel risque, pour un tel (petit) salaire.

Donc, affaire Ferrand : à suivre, avec prudence, même si l'homme, Richard Ferrand, ne s'est pas montré, selon moi, très scrupuleux dans les questions d'argent ou d'intérêts, personnels !

 

Crédit Photo : Wikipédia.


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