AgoraVox en danger... ?

par Antoine
mercredi 18 avril 2007

Fan de la première heure de ce nouveau concept, je trouvais le principe du média citoyen très novateur et promis, sous sa forme réglementée d’AgoraVox, à un avenir des plus brillants. Force est de constater que les rédacteurs comme les commentateurs évoluent...

Patrick Le Lay, désormais ex-PDG de TF1, expliquait récemment que d’ici une dizaine d’années le monde de l’information et de la télévision changerait profondement de visage. La multiplication des chaînes que nous vivons actuellement, de plus en plus thématiques, serait suivie d’une "internetisation" de la télé. TF1 ne serait plus une chaîne de télévision mais une entreprise (www.TF1.fr) basée sur internet. Le consommateur pourrait ainsi profiter de produits TF1 à tout moment en ce connectant sur le net. La profilération des chaînes diverses et variées serait inévitable. De nouveaux médias verraient le jour. A mi-chemin entre YouTube et AgoraVox, nous imaginons facilement le développement d’un média citoyen audiovisuel puissant !

Visionnaire ? Utopique ? Nous verrons...

Avant cela, AgoraVox est actuellement le champ d’une véritable révolution de l’information grâce à l’outil web. Ce "média citoyen" que Jacques Attali, visionnaire s’il en est, évoque dans "Une brève histoire de l’avenir", semble pouvoir incarner le contrepoids nécessaire d’une information de plus en plus instrumentalisée.

En effet, le principe est novateur. Chacun dans son domaine de compétence et d’intéret apporte une vision objective de tels ou tels sujets. Qui mieux qu’un juge peut juger objectivement de l’état de la justice en France ? Qui mieux qu’un sportif peut expliquer la solitude du remplaçant dans un sport collectif, quel que soit le prestige de la compétition dans laquelle il est engagé ? etc.

Ainsi constituée, l’équipe journalistique de ce nouveau média n’a pas d’équivalent, par sa qualité, sa diversité et son expérience, dans quelque rédaction que ce soit. Si de plus, le concept se répand, nous pouvons imaginer une stimulation collective pour la qualité des publications, une sorte de libéralisme journalistique qui aurait pour juge de paix l’apport informatif à la collectivité. L’élément régulateur de notre marché de la connaissance étant l’équipe d’AgoraVox...

Visionnaire ? Utopique ?

Même si le contexte électoral pousse à faire valoir ses convictions, AgoraVox n’est-il pas en train de perdre la plus value de son concept ? Le journaliste citoyen doit s’exprimer en apportant quelque chose au débat, il doit être compétent et objectif. Ceci est le fondement du concept AgoraVox. Sans quoi nous aurons comme conséquence de transformer cette mine d’informations en un forum où finalement les opinions personnelles prévaudraient sur les expériences, les enquêtes personnelles.

J’illustrerai ceci par "l’anti-sarkozisme" surprenant des articles et réactions d’AgoraVox. Je ne suis en aucun cas un militant convaincu plaidant la cause de son poulain. Je souhaiterai juste à travers cet exemple poser cette question : Quel doit être le rôle de la rédaction d’AgoraVox dans la sélection des articles ? Quel niveau d’exigence doit être accordé à la publication d’un article ?

L’évolution de ce média n’est possible que s’il apporte une véritable plus-value par rapport à la masse de blogs et d’informations disponibles sur la Toile. Je suis convaincu que le nivellement doit se faire par le haut. La publication doit récompenser un article de qualité. La prise de position délibérative devrait être proscrite sous peine de perdre en crédibilité. Si de brillants HEC viennent nous expliquer l’explosion de la bulle spéculative immobilière aux USA pourquoi ne pas imaginer que des spécialistes de la politique (M. Aphatie est déjà rédacteur), libre de toute hiérarchie, voire couvert d’anonymat, ne viendrait pas pimenter le débat des nombreuses informations...

Ne perdons pas de vue la direction dans laquelle nous souhaiterions amener AgoraVox, nous journalistes citoyens, et vous directeurs de rédaction citoyenne... haut, très haut !


Lire l'article complet, et les commentaires