Agriculture, le sauvetage n’est pas pour maintenant
par Valentin Lagorio
jeudi 7 octobre 2021
Agriculture, le sauvetage n’est pas pour maintenant.
En plein sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand, voici que le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie souhaite mettre en place une contractualisation obligatoire dans la filière bovine.
Déjà que la filière bovine est opaque, nos dirigeants veulent faire la même bêtise qui a été faite dans la filière laitière. C’est-à-dire que les coopératives, les industriels, définissent les prix de vente, les éleveurs se retrouvant encore davantage muselés et ligotés par le cartel qui régente tout sans discussions, ni négociations possibles.
Les éleveurs laitiers payent le lourd tribut de cette politique de la contractualisation obligatoire. La contractualisation doit rester volontaire.
Qu’est-ce qui garantit aux éleveurs une meilleure rémunération ? Rien ! Si la contractualisation assurait un salaire, chaque éleveur y recourrait. Ce n’est pas le cas.
Pas même la loi EGALIM, deuxième version, assurera une rémunération correcte (coûts de production et salaire). Rappelez vous, loi EGALIM d’octobre 2018, sortie des États-généraux de l’alimentation annoncés en grande pompe à Rungis à l’automne 2017 qui devait permettre un meilleur niveau de vie pour nos producteurs…
Trois quarts des éleveurs français ne s’en sortent toujours pas, alors nos dirigeants peuvent faire une loi EGALIM 2, 3 4, etc, cette loi française ne pourra pas fonctionner au sein d’une Europe technocratique et libérale qui interdit tout avantage et toute préférence nationale.
Tant que nous y sommes, prenons le cas des éleveurs de porcs, ce n’est pas rose non plus. Au cadran de Plérin (22), base d’indication, le prix du kilo de porc est descendu à 1euro24. Or, un éleveur doit gagner 1euro54 par kilo.
Pourquoi une telle baisse ? C’est symptomatique de notre vieux système libéral à l’agonie mais que beaucoup continuent d’entretenir, bon gré mal gré. A force d’exporter nos productions, les ayatollahs du tout à l’export ne pensent pas aux éventuels problèmes qui peuvent surgir comme la fermeture d’un marché étranger.
C’est ce qui se passe avec la Chine qui développe sa production porcine pour être autosuffisante. La Chine est maître de ses choix, donc souveraine, et cherche à être autonome, comme la Russie avant elle, en production porcine.
Je ne le répéterai jamais assez, si nous voulons rémunérer nos producteurs et défendre notre agriculture, il faut remettre en question notre avenir dans l'UE, repenser tout le système, promouvoir la régulation et les prix planchers plutôt que le tout à l’export et les prix volatiles.
La balle est dans le camp de tous, à nous de consommer français au maximum, à nos têtes pensantes (pour le moment, elles sont bancales car elle entraînent la France vers la faillite totale) d’être audacieuses.
A nous tous, de croire en la France, en la paysannerie française !
Valentin Lagorio,
Secrétaire-général-adjoint à l’UPF.