Ah si j’étais riche !

par Phil Antrope
lundi 25 avril 2016

Derrière l’actualité d’une loi travail contestée se trouve la réalité d’un monde du travail à l’agonie. Partout, nous voyons des plans sociaux, des cas de licenciements abusifs, des suicides, des burn-out, … “Les entreprises n’ont plus d’argent, c’est la conjecture qui veut ça”, il faut que les gens travaillent plus pour un salaire moindre, il faut être flexible, des emplois jetables, des salariés jetables, des vies jetables.

Mais un autre son de cloche nous parvient, de ceux qui font tinter les oreilles, laissant une irrépressible envie de violence pour que ça s’arrête enfin : les salaires de PDG, grands patrons, dirigeants divers et variés. On parle de 5.24 millions d’euros chez Renault (en 2015), 3.9 millions pour Loréal, 3.4 millions pour LVMH, et un petit 645.000€ du côté de Air France-KLM (en 2014).

Ils sont loin, les 14 000€ d’un smicard (je n’aurais pas le culot de parler des chômeurs). Ainsi donc payer le patron d’Air France revient à embaucher 46 personnes au SMIC. Raccourci facile, arrondissons à 40. Permettre à 40 salariés, 40 personnes, 40 familles, de manger et de se loger, contre l’avidité d’un homme. Avec le salaire du PDG de Renault, c’est environ 350 personnes.

 

Les PDG étant souvent salariés, il est bon de ne pas oublier la répartition des bénéfices dans les entreprises :

 

Loin de moi l’idée d’un salaire égal pour tous ! Que certains soient payés plus que d’autres selon différents critères semble normal ou du moins justifiable. Mais que les différences soient aussi importantes est une aberration. Comment justifier les salaires mirobolants quand on fait des plans sociaux à tour de bras pour virer les petites gens ? Comment se regarder dans un miroir lorsqu’on laisse des familles entières dans la faim, le froid, la misère ? Peut-être que les vacances au soleil, les voitures avec chauffeur et les bacchanales régulières permettent d’oublier… L’abbé Malthus a dit “Un homme qui est né dans un monde déjà occupé (…) n'a aucun droit de réclamer la moindre nourriture et, en réalité, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n'y a point de couvert disponible pour lui”. C’est faux. N’oublions pas que, en 2008, 2 % (les plus riches) de l'humanité détient 50 % du patrimoine des ménages quand 50 % (les plus pauvres donc) de l'humanité détient 1 % du patrimoine des ménages.

Le but n’est pas de faire pleurer dans les chaumières mais bien de faire prendre conscience que nos vies ne sont pas déterminées et déjà terminées. C’est à chacun de se battre pour obtenir sa part du gâteau. Et pour mener un combat efficace, il est de mise de se regrouper par catégorie de population, je vous laisse deviner qui seront les plus nombreux.

Les politiques actuels divisent pour mieux régner, entre clivage gauche/droite, stigmatisation des immigrés et enfants d’immigrés, déclarations fumeuses sur les religions, … C’est pour eux et pour les financiers la seule manière de nous laisser sur le côté, bien en rang et dociles.

Depuis le début, nous parlons bien sûr des grandes entreprises, pas des TPE/PME qui sont étouffées par les cotisations sociales et dont un grand nombre peine pour se maintenir à flot. Comment en sommes-nous arrivés là, dans cette situation de grande inégalité et iniquité ? Face à la complexité et l’inefficacité du code du travail, à l’impasse quant à une énième réforme de la loi travail, il serait peut-être judicieux de repartir de zéro, sur des bases saines avec des plafonds de salaires tant pour le bas que pour le haut.

 

Humainement vôtre,

Phil Antrope

 

Sources :

http://www.journaldunet.com/business/salaire/patron/classement/patrons/les-mieux-payes

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9partition_des_richesses

http://www.alternatives-economiques.fr/partage-des-benefices---la-grande-illusion_fr_art_834_42796.html

 

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