Alerte : hécatombe d’humoristes en France
par Cosmic Dancer
mercredi 23 juillet 2008
Attaqués de toutes parts, les meilleurs humoristes français subissent depuis quelques années une ostracisation croissante. Principalement ceux qui, tels des La Fayette des Temps modernes, font de leur corps martyr un rempart contre une pensée liberticide qui ne les trouve pas toujours très drôles.


La France, célèbre dans le monde entier pour la finesse de ses humoristes contemporains que jalousent les Kazakhs n’ayant que Borat et les Américains que Woody Allen et Aron Kader à leur opposer, la France relève enfin fièrement la tête de la grisaille putride où l’entraîne la censure des libertomanes. Vous savez, ceux qui seraient prêts à agonir d’insultes anonymes le premier soupçon de pensée déviante. Suivez mon regard. (Enfin, tout dépend de vos lectures, mais certaines valent mieux que d’autres. Que dis-je. Certaines devraient être proscrites. Ainsi, il est tout à fait malsain de lire tout à la fois Finkelkraut et Soral, par exemple, surtout si vous cachez une Bible sous votre matelas. Comme d’écouter Bach et Mozart, en gros.)
Oui, la France crée aussi. Sur ce formidable outil citoyen que sont les forums, véritable agora sur laquelle chantent toutes les libertés enfin retrouvées, elle conceptualise dès l’aurore. L’on voit ainsi fleurir une invention par jour, il suffit de se promener : de "judéomane" et "judéolâtre", le lexique n’est guère long qui conduit cette semaine jusqu’à l’amoureux "sinéphile". Non, pas l’amoureux du septième art, celui-ci s’écrit avec un "c". Ni non plus le passionné de race canine, qu’on appelle cinophile. Le défenseur du droit de la France à rire. Que dis-je, l’ordonnateur du devoir de la France à rire.
On ne vous a rien dit ? Alors je transmets l’information.
Dans cette France aujourd’hui l’on tente de bâillonner l’irrésistible besoin de rire qui serait le propre de l’homme. On se souvient avec émotion de la manière dont Bigard, à l’aise dans son slip, décomplexé, a été violemment conspué lors de son Vatican Tour. On n’ignore pas non plus au prix de quelles contorsions révolutionnaires Dieudonné, héroïque, emplit chaque soir la jauge de la Main d’Or, son théâtre privé. Et combien il est périlleux pour un Christian Clavier, pire encore pour un Guy Bedos, de s’exprimer en public.
C’est qu’on ne nous la fait pas à nous, citoyens vigilants.
La bataille qui se livre aujourd’hui, c’est la lutte finale de l’humour. Sinéphiles contre Charliphiles. David contre Goliath. Néo contre Smith. L’infiniment petit contre l’infiniment grand. Un combat homérique dont le Citoyen sort grandi, armé chacun de sa juste Cause.
Dans le brouhaha de cette farce sinistre et désastreuse, où Claude Askolovitch et BHL auraient pu s’abstenir de commenter aussi gravement, et Philippe Val, en tant que rédacteur en chef, lire une chronique de son journal avant qu’elle ne soit publiée, deux voix heureuses se font entendre. Celle d’Elisabeth Lévy en son salon du Causeur et celle de Philippe Cohen sur Marianne2 .
Remarquez, les forumeurs perspicaces ont déjà promptement noté qu’ils ont des noms à peine français. Mais ce n’est sûrement pas Pierre Desproges qui les sortira de la salle.